Chapitre 7

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Valéria se réveilla dans cette pièce si familière et pourtant si douloureuse : sa chambre. Pourquoi sa tante l'avait-elle kidnappée? Durant son séjour à l'orphelinat d'Angéor, Valéria s'était sentie revivre. Elle avait changée. Elle ne se plierait plus aux exigences de sa tante, sa liberté n'avait pas de prix. Elle l'avait enfin compris...

Elle se leva de son lit, prête à affronter sa tante et à partir, la tête haute. En posant sa main sur la poignet de la porte, Valéria constata, sans surprise, que la porte était fermée à clé. Elle se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit et respira l'air frais. Elle se remémora sa journée d'hier avec un pincement au cœur en songeant à son rendez-vous manqué avec le roi ; à Jack, en espérant qu'il aille bien, à Suzanne, à Julie et à tous les habitants de l'orphelinat.

Si elle n'arriverait pas à raisonner sa tante, autant fuir de nouveau et faire le nécessaire auprès du roi pour sortir du joug de sa tante... enfin si le roi était de nouveau disposé à la recevoir.

Valéria se pencha sur le rebord de la fenêtre et réfléchit sur une éventuelle évasion. Sa chambre était située au deuxième étage...rien d'impossible : il lui suffirait d'accrocher fermement les draps à la rembarde de la fenêtre et de se laisser glisser avec confiance. Enfin, facile à penser mais à faire... Valéria n'utiliserait cette stratégie que comme dernier recours. D'abord, elle affronterait sa tante, ensuite, elle aviserait.

Elle n'eut pas le temps de réfléchir davantage qu'elle entendit des bruits de pas. Valéria referma vite la fenêtre et se remit au lit. Elle regarda Elisabeth rentrer et refermer la porte derrière elle.

— Tiens donc, notre petite effrontée s'est enfin réveillée!

— Tante Elisabeth, je...

— Tais-toi jeune insolente! Je ne veux plus t'entendre, tu me fais honte. Estime toi heureuse que je m'occupe de ton avenir. D'ici ce soir, tu seras mariée à Léonard Delficq. Au moins, lui, il arrivera à te mater.Il ne devrait plus tarder maintenant.

— Non, je refuse!

— Mais ma chère, tu n'as pas ton mot à dire. En tant que tutrice, j'ai le devoir de te trouver un époux. Tu as assez souillée le nom des Puybot avec tes sottises sur les enfants adoptés et cette histoire de mine. Enfin, j'arrive à temps pour sauver notre honneur.

— Mais... comment avez-vous su que c'était moi?

Elisabeth se mit à rire et lui répondit avec le plus de dédain possible.

— As-tu oublié mes relations avec Henri Keypour? Ton cousin, mon fils, possède des actions dans la manufacture. Pauvre enfant... Réfléchis bien quand tu changes de nom. Imagine donc la honte de Georges quand il a apprit qu'une certaine De Baïan menaçait l'équilibre de l'entreprise. Mais bon, c'est du passé. Sur ce, je te laisse. Je dois me préparer pour accueillir ton futur mari. Il viendra te rejoindre après le repas, et une fois qu'il t'aura prise, ma foi,avec ta réputation compromise, il ne te restera plus qu'à accepter ce mariage!


Elisabeth repartit en prenant soin de bien refermer la porte à clé. Valéria entendait encore son rire résonner dans sa tête. Le scénario qui se déroulait sous ses yeux était bien plus pire que celui qu'elle s'était imaginé. Au moins, maintenant, elle n'avait plus peur de sortir par la fenêtre. Elle attendrait donc l'arrivée de "son fiancé" pour s'enfuir. Il ne manquerait plus qu'elle tombe sur lui en pleine fuite! Quelques heures plus tard, une calèche arriva enfin. Valéria ne put réprimer non pas son dégoût mais sa peur en voyant Léonard Delficq sortir du véhicule. Sur tous les amis de sa tante, c'était lui qui la mettait le plus mal à l'aise. Il n'était pas désagréable à regarder, au contraire. Il était grand, fin, des cheveux blonds  coupés courts ainsi que sa barbe et sa moustache bien taillées. Mais son regard révélait sa vrai personnalité : un être dépourvu de sensibilité. Le peu de fois où Valéria eut l'occasion de le rencontrer, il la regardait avec convoitise, comme s'il avait des projets pour elle mais des projets qui n'avaient rien de flatteur. Elle le sentait dominant et intransigeant. Elle savait qu'une fois Léonard dans sa chambre, elle n'aurait plus aucune chance de s'enfuir.

Saga La Nabriguie. La liberté d'aimer. (Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant