Chapitre 6

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De retour à l'orphelinat le soir même, Valéria résuma ses deux entrevues aux Elliot et à Julie.

— Je dois, pour ces enfants, faire remonter ces informations. Les publier?Pourquoi pas, mais les Keypour pourraient toujours démentir. Notre seule chance serait de s'adresser directement au roi.

— Mais comment? S'interrogea Suzanne.  Demander une audience nous serait quasiment impossible ou alors dans plusieurs mois.

Valéria sourit.

— Je vous ai parlé de mon séjour au château récemment. Si j'ai réussi à m'enfuir sans m'être faite voir par des gardes alors l'inverse peut se faire aussi. Je peux pénétrer dans le château sans y être vue. Il faut juste que je retrouve la route et que vous m'aidiez à grimper sur le mur.

— Jack connaît Angéor dans ses moindres recoins, allons le voir, proposa Henri.

Une heure plus tard, le" chemin de l'évasion " de Valéria fut trouvé.

Valéria se leva avant l'aurore, comme prévu. Elle se vêtit de la même robe lors de ces visites chez les frères Keypour et fut coiffée et maquillée avec soin par Julie et Suzanne.

Jack la conduisit à l'aube et l'aida à franchir le mur à l'aide d'une échelle.

Seule, Valéria sentit une douleur lui serrer le cœur. Tant d'émotions elle avait vécu dans ce château, entre les dernières humiliations de sa tante et son tout premier baiser. Le reverrait-elle, cet homme qui lui faisait battre son cœur? Si oui, que lui dirait-elle? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête et elle tenta de les ignorer en les rangeant dans un coin de la tête pour mieux se concentrer sur sa quête. Elle traversa la prairie, contemplant au loin la forêt. Arrivée enfin devant la ferme, elle ne put s'empêcher de s'y arrêter, se souvenant de son premier baiser. Elle resserra son châle, le froid l'ayant rattrapé maintenant qu'elle ne marchait plus.

Auguste ne dormait plus depuis la fuite de Valéria. Il ne s'était pas remis de sa déception sur son identité ni sur les révélations qui avaient suivies. Travis avait poursuivi son enquête sur la domestique des Puybot. Elisabeth Puybot l'avait informé de la fuite de la servante avec un invité. Dans une lettre, la jeune Valéria avait écrit avoir préféré le rôle de maîtresse que celui de servante.

Auguste ne parvenait pas à chasser cette image de Valéria qui ne collait pas avec ce qu'il avait ressenti pour elle. Il l'avait prise pour une jeune femme de l'aristocratie mais elle n'était qu'une servante. Il la pensait "pure" alors qu'elle s'était échappé avec le premier venu qui lui avait fait une belle offre.

Il était en colère contre lui de n'avoir pu percer la vraie Valéria et d'avoir exposer son cœur à d'inutiles souffrances. Les trois jours finis, il n'avait pas pu choisir sa fiancée, tellement la colère et la déception le rongeaient. Et aujourd'hui, il n'arrivait toujours pas à enlever la jeune femme de son esprit, ni de son cœur.

Seul Orcus, son étalon arrivait à soulager sa douleur. Auguste le chevauchait tous les matins, dès l'aube, pour chasser son mal-être.

En passant près de la ferme, Auguste remarqua la présence d'une jeune femme, exactement au même endroit où se trouvait Valéria lors de leur baiser. Cette femme lui ressemblait mais son style était différent, plus raffiné. Il se rapprocha un peu plus d'elle et la reconnut. Il ressentit comme un choc violent lui ébranler son cœur.

Comment osait-elle revenir ici, dans sa demeure avec son amant?

Il descendit de sa monture et la rejoignit d'un pas ferme et rapide. Elle l'avait reconnu et lui adressa un sourire comme si elle était heureuse de le revoir. Quelle bonne comédienne pensait-il.

Saga La Nabriguie. La liberté d'aimer. (Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant