Chapitre 3

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Valéria était certaine d'une chose : le moment était venu pour elle de quitter cette famille qui l'humiliait en permanence et de voler de ses propres ailes. La colère lui donnait la force qui lui avait manqué jusqu'à alors. Elle venait de trouver un homme qui lui plaisait mais son statut auprès de sa tante l'empêchait d'aller plus loin. Pourquoi ne resterait-elle pas dans la capitale comme elle l'avait envisagé? Elle pourrait se trouver un travail, loin du joug de sa tante. Sûre de sa décision, elle partirait le soir même après avoir préparé sa cousine pour le bal. Alicia aussi, avait droit au bonheur, loin de l'influence néfaste de sa mère. Ce soir, personne ne prêterait attention à son départ.

Plus motivée que jamais, elle prépara avec minutie sa fuite. Sa valise ne sera prête qu'au dernier moment et elle laisserait une lettre à sa tante. Autant être honnête avec elle et lui dire ses quatre vérités. De plus, elle lui offrait la liberté de ne plus avoir sa nièce à charge. Une fois libre dans la capitale, elle changerait son nom, synonyme de souffrance, pour reprendre le nom de jeune fille de sa mère, originaire de Canéon : De Baïan, qu'elle simplierait en Baïan.

Elle pourrait enfin ne plus avoir honte de qui elle est et pourra trouver l'amour, même si dans son cœur, cela était déjà fait. Peut-être aura t-elle l'occasion de croiser de nouveau le chemin de cet homme... et à ce moment là, tout sera différent.

Elle épargnerait chaque sou, travaillerait d'arrache-pieds pour pouvoir s'offrir, petit à petit, une vie meilleure. Enfin, c'est ce qu'elle espérait mais quoiqu'elle trouve comme travail et comme logement, ce sera toujours mieux que chez sa tante. Elle pourrait enfin être elle même. Fini le chantage de se plier au rôle de la malade et de rester cloîtrer, sous peine de voir les souvenirs de sa mère confisqués. Valéria aspirait enfin à la liberté et à la reconnaissance.


Valéria regarda, émue, sa cousine qui resplendissait dans sa robe en mousseline bleue. Sa tenue était discrète mais raffinée. Le peu de maquillage mis, lui apporta un peu de couleur à son teint pâle. Si Alicia n'avait pas de succès au bal, Valéria s'inquiéterait de l'acuité visuelle des nobles de La Bravis!

Dès que sa tante entra dans la chambre, Valéria s'éclipsa vite, ne supportant la voix aiguë de sa tante quand celle-ci se mettait à s'extasier sur la beauté prometteuse de sa fille.


Une heure plus tard, Valéria se retrouva seule, face à son destin. Tous les invités étaient dans la salle commune, attendant l'heure du repas. Valéria posa sa main sur son cœur palpitant, sans trop savoir si c'était l'excitation ou la peur de l'inconnu qui en était responsable. Elle respira profondément puis sortit sa valise et la remplit des affaires de sa mère. Elle rédigea ensuite la lettre pour sa tante qu'elle déposa sur son lit.

Son plan marchait à merveille : les domestiques faisaient la fête dans la cuisine, pariant sur quelle jeune fille le roi jetterait son dévolu.

Valéria ne croisa que quelques valets, qui, intrigués de voir une jeune fille partir du château à cette heure si tardive, se posaient la question de la conduite à tenir.

Une fois dehors, un laquais vint proposer son aide.

— Puis-je vous aider mademoiselle?

— Je me rends en ville et j'aimerai connaître la direction à prendre.

— Il est dangereux; mademoiselle, de sortir seule à une heure si tardive.Je vais appeler le majordome, attendez-moi ici s'il vous plaît.

Valéria n'avait pas songé aux valets, ni aux laquais qui auraient pu la ralentir, sans parler de faire venir le majordome!

Saga La Nabriguie. La liberté d'aimer. (Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant