Les deux sœurs n'avaient pas le cœur à admirer le grand manoir en briques, la magnifique fontaine et le jardin richement orné qui donnait accès au lac d'Hembriet. La demeure familiale des Hornand se tenait à la frontière entre Aniort et Hembriet, grande ville côtoyant la capitale.
Bruce fit venir des couturières, qui prirent les mensurations de ses deux protégées, en exigeant faire livrer d'ici la fin de la journée un maximum de robes.
Pendant ce temps, Alexandre avait fait un détour par le château pour informer Philippe des derniers rebondissements. De retour au manoir d'Hembriet, il mit Bruce au courant de son entretien avec Philippe. Ce dernier tenait à rencontrer les deux sœurs, pour les remercier mais aussi pour percer le mystère qui les entourait. D'après Alexandre, les deux sœurs semblaient venir d'un milieu plutôt aisé où elles avaient reçu une bonne éducation. Comment s'étaient-elles retrouvées fermières dans un coin reculé et pourquoi ne voulaient-elles pas donner leur nom?
Les deux amis attendaient les deux femmes, dans leurs habits du soir. Ils ne furent qu'à moitié surpris quand elles firent leur apparition : elles étaient belles, raffinées avec un port de tête parfait. Ils n'attendaient qu'une chose : que leur prince arrive à percer leur identité car ils en étaient sûrs à présents, elles étaient loin d'être de simples fermières.
Une fois dans la calèche, Cayla osa prendre la parole.
- Où allons-nous messieurs?
- Au château, lui répondit tranquillement Alexandre. Le prince nous a invité à dîner ce soir en sa compagnie.
- Oh non...
Clémence, mal à l'aise, se tordait les doigts de la main. Sans un regard aux hommes, elle reprit d'une petite voix.
- Je suis désolée mais nous ne pouvons pas.
- Pouvez-nous nous expliquer pourquoi? Le prince vous fait un privilège.
Bruce ne quittait pas du regard Clémence. Il voulait comprendre leur silence, leur peur.
- Trop tard, vous êtes obligées de vous y rendre, répliqua Alexandre, concentré sur la réaction de Cayla qui avait soudainement pâli.
Le reste du trajet se fit dans un silence pesant. Cayla et Clémence ne cessaient de montrer des signes d'anxiété.
Alexandre n'avait plus de doute à présent. Ces deux jeunes femmes leur avaient caché un point essentiel que Philippe ne tarderait pas à découvrir. Cayla, d'habitude si enjouée, ne cessait de se torturer ses lèvres, le regard dans le vide.
Elles étaient livides quand elles durent sortir de la calèche. Alexandre dut prendre par le bras Cayla tandis que Bruce entraîna avec lui Clémence.
Philippe était tranquillement assis dans son bureau, aux côtés du roi de La Bravis. Il leva ses yeux vers elles et fut heureux de rencontrer enfin les deux fameuses jeunes femmes dont lui avait parlé Alexandre.
- Mesdemoiselles, commença Philippe, lorsque j'invite des personnes dans ma demeure, j'attends un minimun de connaître leur identité. C'est pour cette raison que je vous ai d'abord convoqué ici, dans mon bureau, avant de vous présenter à mon épouse et à la reine de La Bravis.
Le silence régna dans la pièce. Clémence sentit la peur l'envahir mais réussit tout de même à prendre la parole.
- Votre Altesse, nous sommes sincèrement touchées par votre invitation mais nous regrettons car nous ne pouvons pas satisfaire votre curiosité. Nous choisissons donc de nous retirer avec votre permission. Nous étions seulement venues au château dans le but de vous informer d'une éventuelle menace en vue de votre couronnement.
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Saga La Nabriguie. La liberté d'aimer. (Terminé )
RomanceA la recherche d'une épouse, le roi Auguste De Brouet organise un bal où seules les identités seront masquées dans l'espoir que l'une des invitées tombe sur son charme tout en ignorant son titre. Séduit par Valéria, Auguste ignore tout d'elle : son...