Chapitre trois

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Lestrade essayait depuis quelques minutes de faire comprendre à Mlle Premer qu'elle était en danger de mort et qu'elle était mieux avec eux, au sein même de Scotland Yard, que chez elle, offerte en pâture à un tueur en série.

- Je veux rentrer chez moi, se plaignit la jeune femme.

- Je crains que ce ne soit impossible, s'excusa le commissaire.

- Bien sûr que si, intervint Sherlock en faisant irruption dans la salle. Je vous demanderai de sortir, Gregson. 

Lestrade le considéra du regard.

- Pas de bêtises, Holmes, prévint-il. Et vous aurez intérêt à m'expliquer pourquoi vous avez changé d'avis. Au passage, je m'appelle Gregory, Sherlock, Pou vous qui dénuez les pires problèmes, c'est si compliqué que ça de retenir mon prénom ??

- Il n'y aura aucuns problèmes, je le surveille, assura Watson en entrant à son tour. Et je suis désolé pour lui, il ne retient que ce qu'il veut retenir...

Rassuré que le docteur, seule personne au monde que Sherlock Holmes puisse écouter sérieusement, soit près du sociopathe, Lestrade laissa la jeune femme avec les deux individus. Un faux sourire charmeur apparu sur le visage de Sherlock, au plus grand désespoir de John. Johann Premerse laissa prendre au jeu et sourit à son tour, un peu rassurée.Comme quoi, se dit Sherlock, les femmes sont bel et bien le sexe faible. Un sourire et elles chavirent, vous disent ce que vous voulez savoir, et se laissent manipuler sans protestation, les yeux aveuglés. Quel puérilité.

- Mademoiselle,commença le détective sur un ton mielleux. Je suis Sherlock Holmes,détective consultant pour Scotland Yard. Votre empreinte a été retrouvée sur le lieu du meurtre de feu Mme. Winchester.

- Vous me soupçonnez ? Paniqua la jeune femme. Je n'ai rien fait, je le jure !! Je ne connais même pas de Samantha Winchester...

Cette panique soudaine, la taille de ses prunelles et son taux de transpiration prouva aux yeux de Sherlock qu'elle n'avait rien à voire avec le meurtre. Il abandonna aussitôt son sourire, retrouvant l'expression concentrée, impérieuse et ses yeux pénétrants. John posa une main rassurante sur l'épaule de la jeune femme, qui plongea son regard larmoyant dans le sien.

- Ne vous en faites pas, assura-t-il. C'est un homme qui a tué Mme. Winchester.De plus, votre empreinte a été mise là pour qu'on la découvre,c'était intentionnelle. Nous ne vous soupçonnons de rien.

- A vrai dire,j'ai d'abord pensé que vous auriez pu commander un meurtre, mais en vous voyant, j'ai tout de suite su que ce n'était pas possible, continua Sherlock.

- Pourquoi ça ?

- Pas assez intelligente.

La jeune femme fut blessée par cette affirmation, tandis que Watson foudroyait le détective du regard. Celui-ci l'ignora superbement.

- Jamais vous n'auriez pu commettre un meurtre ou l'ordonner, donc. Et vous n'êtes pas non plus la prochaine victime. Connaissez vous un homme, grand, fort, lourd ?

- Non, personne dans mon entourage n'a le physique que vous décrivez...

- Alors vous pouvez vous en aller sans crainte, affirma Sherlock. Merci d'avoir répondu à nos questions, nous vous recontacterons peut-être, soyez joignable le plus souvent possible.

- Si vous vous sentez en danger, appelez à ce numéro, fit Watson pour plus de prudence en tendant un bout de papier. N'hésitez surtout pas.

La jeune femme le remercia et s'en alla. Lestrade entra quelques instants plus tard.

- Et donc ?Hier, vous affirmiez qu'elle était en danger de mort, et maintenant, vous la laissez repartir sans vous inquiéter ?s'exclama-t-il.

- Je ne m'inquiète jamais, rétorqua Holmes. Et cette empreinte est un message. Il ne va pas la tuer, il veut que nous comprenions quelque chose.

- Mais quoi ?

- Je ne sais pas encore, mais je le découvrirais, affirma Holmes. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas elle la prochaine victime, et elle n'a pas pu commettre le meurtre de Smantha, même de loin. Innocente jusqu'au bout des ongles, si l'on ne compte pas le fait qu'elle commet un adultère en couchant avec un homme marié.

Cette déclaration surpris tout le monde.

- Bon sang,soupira Holmes, vous ne regardez pas plus loin que le bout de votre nez, de toute façon. On pourrait vous offrir le tueur sur un plateau que vous ne le comprendriez pas.

Vexé, Lestrade s'en alla en claquant la porte.

- Vous pouvez rentrer chez vous, c'est finit pour aujourd'hui, siffla-t-il en partant.

- C'est fou ce que le tact est une chose qui t'échappe, soupira John, nullement vexé à force d'habitude.

- Le tact est une chose dont je ne m'embarrasse pas. Par ailleurs, tu en a assez de gentillesse, de tact et d'empathie pour deux, c'est bien suffisant.

Cette sorte de compliment masqué fit sourire le docteur. Son ami était incapable de féliciter quelqu'un sans le faire de manière détournée. Les deux hommes repartirent chez eux, sans autres informations que ce qu'ils avaient déjà avant de venir.


***


Une fois rentrés chez eux, les deux amis demandèrent du thé à Mme.Hudson. Sherlock le lui cria sans sympathie tandis que John rajouta doucement la formule de politesse que le détective se bornait à oublier. Mais avant qu'il ai pu boire sa boisson, le docteur reçu un message lui demandant de venir d'urgence à la clinique pour s'occuper d'un patient dont l'état inquiétait tout le monde.

-Sherlock, je dois y aller. Je rentrerai tard, probablement, nem'attend pas pour manger.

-Hum ? Très bien...

Sherlock déplia le journal et commença à lire, les yeux las, la dernière affaire romancée par le docteur, le mettant en scène lui et son intelligence hors du commun. Il trouvait que son ami faisait des récits trop romanesques et pas assez insistants sur ce qui était important. Néanmoins, il aimait beaucoup ce qu'il écrivait. Si lui,était un détective hors norme, Watson était un écrivain de qualité. Et se replonger dans ses anciennes affaires pouvait l'aider à prendre du recul sur celle qu'il essayait de résoudre en ce moment.

- Prend des citrons en rentrant, dit-il à John.

Mais ce dernier était déjà partit depuis longtemps.

J.O.H.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant