Watson revint à lui mais n'ouvrit pas les yeux avant quelques secondes. Autour de lui, le calme et le silence étaient total. C'en était presque gênant. Puis le docteur eut un sursaut de terreur.
Où était-il ? Il bougea violemment les mains, s'attendant à les trouver attachées et douloureuses. Mais il n'en fut rien. Il les ramena contre sa poitrine. Ses poignets étaient bandés et soignés. De même pour son épaule.
Il se releva en position assise, doucement, s'adaptant à la douleur que ses blessures lui infligeaient.
La pièce dans laquelle il se trouvait était plutôt petite, munie de deux lits - vides - en plus du sien, de machines médicales et de murs blancs. Étant lui-même médecin, il compris sans mal qu'il était dans un hôpital.
Il ferma les yeux. Au delà de ses blessures physiques, son esprit lui rejouait sans cesse la scène qu'il voulait à tout prix oublier.
Mikaël qui tombe sous ses coups de feu. Chaque détonation qui brise un peu plus Watson. Le sang et le bruit du corps sans vie de son ancien amant tombant sur le sol, au milieu des flammes qui devorèrent son cadavre quelques minutes plus tard. La fumée et la douleur qui empêche John de respirer, et les larmes, et la culpabilité. Et Sherlock, en vie, qui le prend dans ses bras et le serre contre lui.
Les yeux tentant de retenir les larmes qui, de nouveau, menaçaient de couler, John se raisonna. Si il n'avait pas tiré, Mikaël l'aurait fait, sans remords, et aurait tué Sherlock, avant de le tuer lui. C'était de la défense. De la simple défense....Une inévitable et atroce nécessité.
D'un geste rageur, il essuya toute trace de larmes sur son visage et repris un air normal.
Soudain, la porte s'ouvrit et John se tourna vers la personne qui la refermait derrière lui.
- Sherlock, fit-il d'une voix étranglée.
L'intéressé se tourna vers lui.
- Comment tu te sens ? Demanda le détective en s'asseyant sur le bord du lit, les yeux fuyants.
Watson ne répondit pas. Il se contenta de se jeter dans les bras de son ami.
- Merci d'être venu me chercher, là bas, murmura-t-il.
Sherlock l'entoura de ses bras et enfoui son visage dans son cou. Le silence s'installa.
John ne releva pas le fait que le détective pleurait. Il en avait très envie aussi.
- Je suis tellement désolé, fit Sherlock sans bouger. J'aurais dû comprendre... et prévoir...et ne pas m'éloigner. C'était si évident...
Watson serra le détective un peu plus fort.
- Tu vas bien ? Demanda-t-il.
Il obligea Holmes à se décoller de lui pour l'inspecter. Sherlock était bandé un peu partout, pour soulager et protéger ses brûlures, mais il semblait aller bien.
Watson plongea ses yeux dans ceux de Sherlock. Même si les larmes avaient laissées leur trace, et que l'inquiétude se lisait dans son regard, Sherlock sourit.
Les deux hommes s'enfermèrent alors dans une bulle qui n'appartenait qu'à leur imagination.
Le monde extérieur disparut rapidement, et Watson se mit à détailler la moindre parcelle du visage de Sherlock.
Celui-ci commença le premier à se pencher en avant, puis John suivit le mouvement et ils s'approchèrent lentement l'un de l'autre, attirés irrémédiablement.
Watson ferma les yeux lorsque les lèvres du détective se posèrent doucement sur les siennes. Leurs mains se lièrent, leurs doigts s'accrochèrent les uns aux autres. C'était le baiser le plus doux et le plus tendre que Watson n'ai jamais reçu.
Ils se séparèrent sans s'éloigner et Sherlock posa son front contre celui de John.
Ils savourèrent ce moment de longues minutes, collés l'un à l'autre, soulagés d'être en vie.
Puis la porte s'ouvrit et les deux hommes se séparèrent rapidement, soudain gênés.
Mycroft pénétra dans la chambre, le visage grave et sombre, à la suite de Gregory.
L'inspecteur se dirigea vers le docteur après avoir salué Sherlock rapidement.
Le politicien, quant à lui, prit son frère à part sans un regard pour le blessé.
Sherlock sortit de la chambre avec regret. Mycroft se planta devant lui et le foudroya du regard.
- Je t'avais prévenu !! Tonna-t-il, impressionnant dans sa superbe.
- Je sais. Et je m'en suis sorti. John aussi, déclara calmement Sherlock.
- Tu as mis ton ami en danger, et tu as mis...Lestrade en danger, aussi, continua le politicien.
Les deux frères se fixèrent longtemps.
- Tu l'aimes, hein ? Finit par dire Sherlock.
- Et alors ? Toi et ton docteur, vous vous aimez aussi, rétorqua Mycroft. Quoi qu'il en soit, Gregory n'a pas à être mêlé à tes enquêtes !!
- Je suis désolé.
- Tu as agis de manière irréfléchi, et tu...
Mycroft ne continua pas. Il ne voulait absolument pas dire qu'il s'était inquiété pour lui.
- Vas t'en ... Et laisse Gregory en dehors de tes problèmes.
Sherlock sourit. Voir son frère s'inquiéter autant pour quelqu'un d'autre était tellement étrange !! Il acquiesça puis s'apprêta à rentrer dans la chambre. Mycroft l'arrêta.
- Content que tu sois vivant, fit-il précipitamment, comme si le dire lui brûlait la langue. Et dit à Gregory de me rejoindre au Club Diogène, ce soir, à 20h.
- C'est noté.
Sur un dernier mini sourire complice, Mycroft s'en alla.
***
John regardait tout, sauf Lestrade. Lorsque le policier était entré, les machines présentes dans la salle étaient devenues soudain très intéressantes.
Gregory aussi semblait gêné. Il se devait de poser des questions, en tant que policier. Mais en tant qu'ami, c'était autre chose.
Un silence assourdissant s'installait à mesure que le temps passait.
- Allez-y, qu'on en finisse, murmura l'ex soldat d'une voix suppliante.
- D'accord, dit le policier. Est-ce qu'il vous...
Lestrade se tut. Il ferma les yeux un instant. Puis soupira. Il ne dit plus rien pendant quelques minutes, sous les yeux interrogateurs de John. Il semblait en profonde réflexion.
- Ça sert à rien, finit-il par dire, résigné. Je vais vous laisser vous reposer. Je peux pas vous interroger.
John lui lança un regard de remerciement, puis l'inspecteur s'en alla. Au moment où il allait poser ses doigts sur la poignée, Sherlock entra. Il salua le policier.
- Mycroft vous attend à 20h au Club Diogène, dit-il en le dépassant. Bonne nuit, inspecteur... même si je doute que vous dormiez beaucoup...
Lestrade rougit furieusement puis sortit de la pièce d'un pas rapide sous le fou rire du docteur alité.
Sherlock ferma la porte derrière lui et resta sans bouger un moment. John, de nouveau gêné, ne dit rien. Puis le détective se décida à bouger et s'accroupit devant lui. Un sourire illumina son visage.
- Tu pourras sortir dans une quinzaine de jours, dit-il. Ensuite, on rentrera à Backer Street.
John Watson accueilli avec délice le baiser que Sherlock lui offrit en se relevant. Un feu d'artifice explosa dans la poitrine de l'ex soldat, pour la deuxième fois de la journée.
Mais alors que le bonheur lui tendait les bras, Mikaël revint dans son esprit.
Il l'avait tué. De sang froid. Et cela, jamais il ne l'oublierai.
Sherlock ne fit pas de remarque lorsqu'il sentit sur leurs lèvres scellés le goût salé des larmes.
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J.O.H.N.
FanfictionJohn Watson était habitué à voir son colocataire dans des positions des plus absurdes lorsqu'il s'ennuyait. Il prenait d'assaut le fauteuil, le canapé, les tables et les meubles, tirait avec son revolver - arme de John n'avait jamais réussi à lui en...