Chapitre quatre

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Le taxi déposa John devant son appartement. Le patient dont il avait dus'occuper était un ancien soldat n'ayant pas oublié les horreurs de la guerre. Ses blessures physiques lui faisaient bien moins mal que les blessures internes, celles qui lui déchiraient l'âme et le coeur, réduisant à néant l'humanité brisée du pauvre homme. Il avait hurlé jusqu'à ce qu'ils arrivent à lui administrer un calmant puissant. Les scènes détaillées que le soldat avait déblatéré l'avait glacé jusqu'aux os. Le docteur était épuisé, mentalement et physiquement.Lorsqu'il entra dans l'appartement, Holmes, assit dans son fauteuil, ne lui dit rien, ne leva pas les yeux vers lui et ne sembla même pas remarquer sa présence. Si d'ordinaire ce genre de chose ne touchait pas John, qui connaissait le mode de fonctionnement de son ami, ce soir ce fut différent. Son âme hurlante avait grandement besoin de tendresse que, il le savait bien, Holmes ne lui donnerait pas. Le coeur meurtri, il tenta de se préparer quelque chose à manger, mais finit par abandonner. Son estomac ne pouvait rien avaler.

- Oh,John, tu es là !! Finit par remarquer Sherlock. Tiens, ton patient était un ancien soldat ?

Watson se raidit.

-Comment tu as su ? Grinça-t-il.

-C'est puéril, tous ces humains qui s'accrochent à des souvenirs, soupira Holmes en l'ignorant. Il ne sont pas capables de tourner la page, et s'empoisonnent tout seuls avec des idées...

- Tues bien placé pour parler, puisque tu es prisonnier de la drogue sans pouvoir t'en défaire. Tu t'empoisonnes seul, avec une seringue et une fiole, croyant que cela peut t'aider. Tu es enfermé dans ce cercle vicieux dont tu ne sortira jamais.

Les paroles de John laissèrent Sherlock surpris alors que les dernières barrières de l'ancien médecin militaire tombèrent. Continuant sur sa lancée, ses nerfs lâchèrent après avoir tant résisté.

- Ces humains puérils, comme tu dis, ceux qui ont survécus à la guerre,ceux qui ont survécus en devant se couvrir le corps de cadavre ou de sang pour que les ennemis ne les trouves pas, ceux qui ont perdus des êtres chers, des êtres irremplaçables, ou qui ont dû tuer à n'en plus finir pour pouvoir revenir vivant, tout ceux là, Sherlock, ont plus de courage et de force que jamais tu n'en auras !!

La voix du docteur se brisa sous le regard choqué de Holmes. Il n'avait jamais vu Watson dans un tel état de colère, de tristesse et de peur. Son corps tremblait, ses dents s'entrechoquaient, ses yeux étaient pleins de larmes sans qu'aucunes d'entre elles ne tombent. Sans rien dire, Sherlock se leva pour faire face à son ami.

-J'ai plus de sang sur les mains, continua John, que les pires tueurs en séries qu'il t'ai été donné d'arrêter. J'ai tué, encore et encore, sans faire attention au nombre, sans m'arrêter, pour survivre entre les explosions et les balles. Tous ceux que je connaissaient son morts, et je n'avais pas le temps de m'en occuper. J'ai dû choisir entre des vies, savoir les quelles sauver en priorité, laisser des gens mourir dans mes bras, alors que j'avais le pouvoir de les sauver. J'ai dû affronter la mort, la peur et les combats. Mais ça, ton intelligence sur développée ne peut pas comprendre. Tu ne peux pas concevoir qu'un homme puisse être traumatisé, parce que tu ne l'as jamais été !!

La fureur qui envahissait maintenant le docteur glaçait Sherlock. Il ne fit rien quand il partit s'enfermer dans sa chambre, ni lorsqu'il entendit John s'acharner sur les meubles, les faisant tomber,renversant ses écrits et ses livres, gémissant sa peine et sa peur,hanté par les événements passés. Le détective renvoya Mme.Hudson d'un signe de la main quand elle débarqua, paniquée partant de bruit. Lorsque le silence revint dans l'appartement, Watson tentait de calmer ses démons et Sherlock se maudissait.


***


Watson ne dormit pas de la nuit, trop occupé à jurer contre le sociopathe et contre lui-même. Il n'aurait pas du s'énerver à ce point, il connaissait le caractère orgueilleux de Sherlock et son manque de tact. Mais ce soir, il n'avait pas su calmer sa colère et avait surement blessé le détective. La simple idée qu'il ai pu le faire l'énervait au plus haut point. Lorsque le soleil commença à poindre, il sortit de sa chambre, conscient que Holmes n'était pas encore levé, et se rendit à la cuisine pour se faire un café. Mais lorsqu'il pénétra dans le salon, il eut la surprise de trouver Sherlock, endormi dans le fauteuil, la tête appuyé sur la main droite, les sourcils froncés. Le docteur resta longtemps appuyé contre le mur, devant Holmes, et admira son visage. Il sentait sa colère diminuer. Dans sa gentillesse intarissable, il déposa sur ses épaules une couverture de laine bleue pour lui tenir chaud. Il ne tenait pas à devoir supporter un Holmes malade pendant une semaine. Il se fit finalement son café en essayant de ne pas faire de bruit, puis sortit dehors pour se rafraîchir les idées. Les oiseaux s'éveillaient et commençaient déjà à chanter. Leur mélodie cristalline fit sourire le bon docteur. Il respira pleinement l'air frais du matin et admira le lever du soleil, inondant la Tamise de flamboyants rayons. Lorsque la ville se fut levée et que son coeur fut calmé, il rentra chez lui. Mais une fois arrivé, il replongea dans la frustration qu'il avait eut tant de mal à quitter. Sherlock, debout, un grand sourire sur son visage, se tourna vers lui, et, sans s'excuser, sans se remettre en question, semblant ne pas se souvenir de l'avoir blessé, s'exclama : 

- Ah, John, te voilà !! Nous allons rejoindre le commissaire Lestrade, il y a eu un mort !!! 

J.O.H.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant