Chapitre quinze

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Watson ouvrit lentement les yeux. Les lumières artificielles bleutées lui firent mal aux yeux, et il dut attendre quelques secondes avant de pouvoir se repérer.

Il essaya de bouger, mais sa tête le lançait affreusement, comme s'il sortait d'un très long sommeil. Une corde solide et rugueuse retenait ses mains l'une contre l'autre, sans espoir de s'échapper.

Il essaya de faire comme Sherlock lui avait appris, et regarda tout autour de lui le plus calmement possible. Mais en pensant à Sherlock, il stoppa tout mouvement.

Où était-il ? Est-ce qu'il allait bien ? Savait-il qu'il était en danger ?

Son coeur se serra jusqu'à lui en faire perdre le souffle et il dut lutter contre la panique. Il respira lentement, doucement, puis repris son petit manège pour comprendre où il était.

Une pièce dont le toit était en parti détruit. Le ciel était noir, preuve qu'il faisait nuit, et la lune était ronde. Au vu des grandes marques noirs un peu partout, le bâtiment avait brûlé. La salle était spacieuse, vide, excepté quelques débris de métal, et une autre chaise, juste devant lui. Il était attaché, et des néons bleus l'éclairaient. Le sol était en béton.

Une usine. Une ancienne usine brûlées et probablement désaffecté. Cette description lui disait quelque chose, mais ses neurones protestèrent violemment lorsqu'il tenta de s'en rappeler.

Soudain, un main s'abattit doucement sur son épaule. Une terreur gelée lui fit rater un battement de cœur, et il cessa de respirer. John essaya de tourner la tête vers la personne derrière lui, mais une autre main se logea dans son cou et l'obligea à regarder droit devant lui. 

- Allons, John, murmura une voix tout près de son oreille. Tu n'es pas heureux de me voir ? Je ne t'ai pas manqué ?

Les souvenirs affluèrent dans l'esprit de Watson. C'était Mikaël. L'homme l'avait endormi alors qu'il était à Backer Street, et l'avait emmené. Il s'en souvenait, maintenant. Une sourde envie de pleurer le saisi, mais il n'en fit rien.

- Mika...gémit John lorsque la main de l'autre se fit plus forte dans son cou.

- Heureux de voir que tu te souviens de mon prénom, railla la voix froide. Et te souviens-tu également...du jour où tu m'as abandonné ?

Cette fois, la pression se fit si forte que l'air cessa d'entrer dans les poumons du docteur. Il gesticula quelques secondes pour se défaire de la poigne de Mikaël, sans grand espoir. Mais son agresseur avait apparemment d'autres projets pour lui et finit par le lâcher.

- Nous étions...comme des frères, continua-t-il. Et même plus.

Sa voix se brisa légèrement. Il passa devant John, et celui-ci retint une exclamation de douleur. Les autres fois, lorsqu'il l'avait vu dans la rue ou dans la maison, il n'avait jamais remarqué...ça. L'homme devant lui était grand, fin, mais Watson devinait une force insoupçonné. Ses yeux étaient bleus glaces, et n'étaient plus animés par la douceur d'autrefois. Il avait de courts cheveux blonds, en désordre, comme avant. Ce qui avait changé...Ce qui faisait si mal à Watson...c'était la longue cicatrice qui lui rayait la joue. Une cicatrice profondément encrée dans sa chair, et autant dans le coeur de l'ex soldat.

- Tu l'as vue ? Tu l'as vue ? C'est de ta faute, tu le sais, hein ? De ta faute. De TA faute !!

Mikaël attrapa la chaise vide et la balança si fort, qu'elle s'explosa contre une poutre déformée dans un grand bruit. John ne cilla pas.

- Je suis...tellement désolé...murmura John d'une voix blanche.

- Oh...tu es désolé...bien sûr...Mais dis moi. Pourquoi es-tu parti, alors ? Je te faisait confiance. Mieux, tu avait TOUTE ma confiance. Et...tu es parti. Seul. Alors même que J'HURLAIS TON NOM POUR QUE TU ME SORTE DE CET ENFER. J'avais...si peur...et toi...

Comme seul un fou pouvait le faire, enfouie sa tête dans ses mains et se mit à rire. Un rire gorgé de sanglot. Et John luttait pour ne pas pleurer à son tour. Les cordes le faisaient saigner tant il tentai de s'en défaire. Elles creusaient sa chair, et il sentit bientôt un léger écoulement de sang tomber le long de ses doigts jusqu'au sol.

- Mika...

Sa voix mourut lorsque Mikaël se rapprocha soudain de lui, les yeux humides. Sa colère semblait avoir disparut. Il s'agenouilla devant John, et lui sourit avidement. Ses lèvres s'approchèrent de celles du docteur, il passa ses mains sur son torse tandis que Watson tentai de s'éloigner le plus possible. leurs souffles, si proches l'un de l'autre, se mélangèrent, mais leurs lèvres restèrent à quelques millimètres l'une de l'autre. Un sourire carnassier était fiché tel un rictus malsain sur le visage de Mikaël. Celui-ci descendit progressivement ses mains, sans s'éloigner de John.

- Arrête ça...Je t'en prie...Mika, murmura Watson.

- Lorsque je t'ai supplié, tu es revenu ? demanda son agresseur d'une voix rauque.

Sa main gauche se glissa entre la chemise et la peau du docteur en la frôlant lentement.

- Arrête !!

Cette fois, la voix de John se fit beaucoup plus dure. Mais Mikaël n'en fit rien. Sa main se déposa sur le pistolet caché sous la chemise de Watson. Il l'empoigna et le sorti.

- Trouvé, murmura-t-il. Je te connais trop bien, mon cher... très cher John Watson.

Il s'éloigna progressivement de sa proie mais, durant une fraction de seconde, laissa ses lèvres retrouver celles de John qui, trop choqué, ne réagit pas.

Mikaël posa l'arme par terre, à quelques mètres de John.

Watson avait peur. Son coeur battait vite et son souffle était presque inexistant. L'enfer avait toqué à sa porte.



J.O.H.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant