La journée se termina dans un silence insistant. Sherlock Holmes était frustré de l'attention que John portait à ce Mikaël, il refusait tout bonnement de parler, enfermé dans son palais mental pour essayer de comprendre, de mettre ses idées en ordre et Watson n'émergeait pas de sa sorte de transe dépressive.
L'atmosphère était si lourde que lorsque Mme Hudson apporta le thé, elle n'osa pas parler et s'en fut rapidement. Elle n'eut même pas le droit à son habituel sourire de remerciement de la part du docteur.
John Watson finit par cligner des yeux, comme soudain sortit d'un long sommeil, et souffla un coup. Il décida de se lever et de marcher un peu pour dérouiller ses jambes ankylosées à force d'être resté assit. Toujours sans un regard pour son compagnon. Celui-ci le fixait pourtant, et de manière insistante.
N'y tenant plus, Sherlock finit par attraper son ami par les épaules et l'obligea à le regarder.
- John, cesse de marcher, cesse de ruminer, de penser, de ressasser les souvenirs, de faire marcher ta cervelle, de croire...Cesse, cesse, CESSE !!!
L'ex militaire le fixa d'un air choqué. Les longs doigts de Holmes le serrait maintenant tellement qu'il eut mal. Il se dégagea d'un geste vif.
- Bon sang, Sherlock , qu'est ce qui te prends ?? rugit-il.
- C'est plutôt à moi de te poser cette question. Voilà des jours que tu ne vas pas bien, que tu déprime, que tu ne bouge pas de ton putain de fauteuil, et que tu refuse de me parler.
- Et c'est toi qui dit ça ? Toi qui peut rester des jours enfermé dans ta tête à penser ? Sans parler ?
Holmes grinça des dents. Sa fine silhouette menaçante était tendue au maximum, à quelques centimètres de John, qui ne se démontait pourtant pas. Il en avait vu d'autre. Mais le détective n'était pas d'humeur à se battre. Pas maintenant. Pas contre lui. Il se détendit un peu, juste un peu, laissant son corps d'araignée s'affaisser légèrement sur lui-même, laissant la différence de taille diminuer. Un peu.
- Je veux juste que tu me parles.
Cette fois, la voix de Sherlock se fit presque - je dis bien presque - suppliante. Il plongea ses yeux dans ceux de son ami.
Leur proximité leur sautant soudain aux yeux - leurs visage n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre - ils n'osèrent plus bouger. Ni dans un sens, ni dans l'autre. N'importe qui entrant dans la pièce à ce moment là aurait cru qu'ils allaient s'embrasser.
Leur yeux ne se quittaient pas, et leurs lèvres, comme si il s'agissait de faibles aimants, commencèrent à s'approcher, irrémédiablement. Doucement. Tout doucement. Mais à aucun moment, elles ne cessèrent d'avancer.
Ils étaient plongés tout deux dans une sorte de tourbillon de sentiment, parfois contradictoire, dans une bulle réconfortante qui n'appartenait qu'à eux.
Leurs doigts de touchèrent, s'entremêlèrent timidement. Sherlock finit par prendre les devant et enferma la main de Watson dans la sienne. Ils ne s'embrassaient pas. Mais encore quelques millimètres...
Le portable posé sur la table sonna. Ils sursautèrent. Ils s'éloignèrent. Mais John aurait juré avoir senti un frôlement éphémère sur ses lèvres.
Sherlock, comme si de rien n'était, le prit. Et au moment où il le prit, le portable cessa de sonner. Puis il vibra.
Ai besoin de vous, les analyses sont là. Quelque chose d'étrange. Venez au labo. Je vous attend.
Lestrade
Agacé, rouge pivoine et légèrement honteux de s'être laissé submergé par ses émotions qu'il arrivait habituellement à contrôler, Sherlock ne prit même pas la peine de lui répondre.
- Lestrade, expliqua-t-il à Watson.
Celui-ci hocha la tête.
- Vas-y, dit-il. Je vais...aller me reposer.
Et sans un mot, sans même un regard, Sherlock s'en alla.
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J.O.H.N.
FanfictionJohn Watson était habitué à voir son colocataire dans des positions des plus absurdes lorsqu'il s'ennuyait. Il prenait d'assaut le fauteuil, le canapé, les tables et les meubles, tirait avec son revolver - arme de John n'avait jamais réussi à lui en...