J.O.H.N.

Chapitre six

Suite à ces mots régna dans la pièce un silence de mort que rien ne semblait pouvoir troubler. Seul le vent percutant quelques bâches opaques laissées là par des SDF parvenait à leurs oreilles. Les deux frères, leurs regards profondément encrés l'un dans l'autre, ne bronchaient pas. Mycroft ne se démonta pas sou la menace invisible du plus jeune. Watson, endurci par la guerre, ne bougeait pas non plus. Finalement, Sherlock fit retentir une voix grinçante. 

- Pourquoi ? 

- Celui que vous traquez est dangereux, c'est du ressort du gouvernement, pas de deux hommes jouant au détectives pour cesser de s'ennuyer. 

Ignorant la pique lancée, Sherlock soupira et passa une main dans ses cheveux. 

- Donc tu sais qui c'est...

- Dites le nous !! Demanda John. 

Mycroft fronça les sourcils tandis que Sherlock secouait frénétiquement la tête. 

- Non !! Tait-toi, ne dis rien !! cria-t-il. Je découvrirai.

Une lueur de défi brillait dans ses yeux. John Watson soupira et leva les yeux au ciel. 

- J'en doute fort, puisque je t'interdis de prolonger plus longtemps cette enquête, gronda l'aîné des Holmes. 

- J'ai couru après d'innombrables tueurs en séries, tous plus dangereux les uns que les autres, ton argument ne tient pas la route, rétorqua Sherlock. Mais vu ton niveau d'agitation et tes iris dilatés, j'imagine que c'est un gros morceau, cette fois. Parfait !!

Le détective frappa dans ses mains comme un enfant. 

- Sherlock, combien de fois devrait-je te dire que t'exalter pendant des enquête criminelles, ce qui inclus la mort de gens, est profondément irrespectueux ? murmura Watson en lui donnant un coup dans les côtes. 

- Tait-toi un peu, tu sais très bien que je ne suis pas respectueux, et ce n'est définitivement pas toi qui me fera changer. 

John, blessé et surpris, se tut, et saisit au passage un léger sourire de la part de Mycroft, qu'il gratifia du regard le plus meurtrier qui puisse exister sur cette Terre. 

- Quoi qu'il en soit, reprit le détective, tu ne pourras pas m'empêcher de résoudre cette enquête. 

- Bien sûr que si. Mais te menacer n'est pas dans mes habitudes. 

En contradiction, son ton se fit plus que menaçant. Sherlock haussa un sourcil.

- Reste en dehors de ça, Sherlock. Je t'en prie. 

Cette fois, sa voix résonna plus doucement. Le regard de l'ex-médecin militaire passa de l'homme au parapluie au détective consultant. Sherlock sembla hésiter un instant. Un faible instant. Cependant, il ne plia pas. 

- Je suis désolé, Mycroft, mais tu ne m'empêchera certainement pas de résoudre cette affaire. 

Le Gouvernement Britannique personnifié laissa ses épaules s'affaisser pendant quelques secondes puis se releva avec dignité. 

- Je t'aurais prévenu, murmura-t-il. 

Les deux frères se dévisagèrent encore quelques minutes, dans un long silence pour l'un résigné et pour l'autre déterminé, puis le détective avec son compagnon quittèrent la salle d'un pas rapide, laissant derrière eux un Mycroft Holmes grinçant.