Chapitre vingt-quatre

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Le lendemain, dans la soirée, à l'heure où le soleil teinte le ciel d'un voile rosé, Sherlock Holmes s'assit en face de John Watson. Le docteur savait de quoi il voulait parler. Il fit semblant de ne pas savoir.

Sherlock le regarda longtemps. Un regard qui lui disait de prendre son temps. Un regard aimant.

Quelques minutes passèrent. John finit par capituler. S'il n'en parlait pas maintenant, il ne le ferait pas. Sherlock devait savoir.

Il commença.

- C'était lors d'une bataille particulièrement violente, où nous n'avions presque aucune chance. Chaque soldat savait qu'il courrait à la mort, mais nous n'y pouvions rien. J'essayais de sauver le plus de gens possibles, pratiquant des soins d'urgence, recourant et, parfois, amputant. Le général de notre brigade, George Burrows, était un imbécile qui n'en avait que faire des morts. Il a commis une terrible erreur.

L'ex soldat fit une pause. Il laissa son regard se perdre au loin, se replongeant dans ses souvenirs. Sherlock le regardait, conscient de ce que cela coûtait à son amant.

Watson finit par reprendre.

- Nous nous fîmes tous décimer. Les quelques survivants, dont je faisait parti au même titre que Mikaël, furent capturés pour les informations que nous détenions. Ils en tuèrent encore, par la torture et les coups. Chaque jours, on était emmenés et interrogés. Chaque heure, nous entendions les hurlements désespérés d'un de nos camarades. Mais personne ne parla.

Cette fois, un sourire triste orna le visage de John.

- Nous étions fidèles. Nous n'avons rien dit. Lorsqu'ils emmenèrent Mikaël, ce jour là, j'étais à peine conscient. La faim et la douleur me prenaient mes forces. Et les hurlements de Mika étaient trop horribles à entendre. J'ai fermé les yeux, je me suis bouché les oreilles, j'ai pleuré, comme toujours quand il se faisait torturer.

La voix de Watson se brisa. Il laissa un sanglot s'échapper. Sherlock s'accroupit devant lui et lui prit la main.

- Mais ce jour là...

Il y eut un nouveau silence.

- Ce jour là, ses hurlements de sont arrêtés. J'ai attendu. Ils ne l'ont pas ramenés. Je ne voulait pas y croire. Croire qu'ils l'avaient tués. Que Mikaël était mort. Lorsque l'un des soldats ennemi vint chercher le prochain interrogé, aidé par la force de la rage et de la haine, je l'abattis, lui prit son arme et m'enfuit. Je ne sais pas quel miracle, j'y parvint. J'entendais l'alarme. Mais je n'entandais plus Mika. Et j'étais tellement... persuadé qu'il n'était plus... enfin...

- Ce n'est pas ta faute, murmura Sherlock.

- Il était en vie, finalement. Je l'ai abandonnée, Sherlock...puis je l'ai tué. Tout...tout est de ma faute...

Watson se laissa enlacer par le détective, et enfouie son visage dans son cou.

- Tu n'avais pas le choix. Et tu m'a protégé... John, mon cher John, je suis en vie grâce à toi. Et je t'aime.

Il savait pertinemment que la douleur de son cher Watson ne s'effacerait pas tout de suite. Mais il serait là pour l'aider, pour l'aimer et pour le protéger.

C'était une promesse imprimée dans sa chair et dans son sang.

Les deux amants unis, sous les étoiles mangées par les réverbères, s'embrassèrent. Et à ce moment, la brume s'effaça pour laisser passer la lune et sa lumière.

J.O.H.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant