John Watson émergea doucement. Les premières secondes furent douces. Puis il se souvint de la veille, de ''lui''. Et le choc fut tel qu'il ploya des épaules par réflexe, comme pour se ratatiner sur lui même et ne devenir qu'un simple petit corps meurtri et bouleversé.
Passé la douleur, il regarda autour de lui, voyant qu'il était manifestement seul. Holmes était parti, le laissant allongé sur le canapé, une douce couverture de laine rouge sur les épaules.
En cherchant un peu, il fini par trouver un morceau de papier, sur la table basse près de son lit improvisé. Reconnaissant l'écriture de Sherlock, il la lu, intrigué.
Cher John,
Gregson Lestrade (ou peu importe son prénom) a besoin de moi (comme toujours). Mme Hudson a laissé un peu de canard froid dans le frigo.
Je ne sais pas quand je rentrerai.
SH- C'est Gregory, Sherlock. Grégory. murmura le docteur pour lui même avec un faible sourire.
Mais l'idée que le détective soit parti sans le réveiller le mis mal à l'aise. D'ailleurs, tout ce qu'il s'était passé la veille le mettait mal à l'aise. Quelle idée il avait eut de s'endormir dans les bras de Holmes !!
Une rougeur incontrôlable flamboya sur des joues et il secoua la tête. Il fallait qu'il le retrouve. Après tout, ils étaient sur une affaire particulièrement tordue et le danger était trop grand pour qu'il puisse laisser Sherlock enquêter seul sans s'inquiéter pour lui. De ce fait, il envoya un texto à Lestrade pour lui demander où est ce qu'il avait envoyé son ami.
Passa une demie heure environ. Refusant de s'abandonner à ses idées noires et aux souvenirs douloureux, l'ex soldat décida d'ouvrir le frigo en quête du fameux canard de Mme Hudson. Et il referma la porte du feigidaire quelques secondes après l'avoir ouvert, violemment. Puis il la rouvrit, et la referma encore. Il attendit quelques secondes, avant de rejeter un coup d'oeil dedans, ce qui lui arracha une grimace. En évidence sur le plateau du milieu, posé dans un assiette, une dizaine d'oeils humains gisaient, de toutes les couleurs. Avec les quelques nerfs qui allaient avec. John soupira. Puis explosa d'un rire las et fatigué. Puis décidant que, finalement, il n'avait pas faim, il referma le frigo.
A cet instant, son portable vibra. Il le saisi rapidement et lu.
Meurtre différent. Deux victimes. Deux ADN. Je viens vous chercher.
LestradeEt Sherlock était parti sans lui, sans le réveiller... Par réflexe, John se rendit dans sa chambre, prendre son revolver si précieux, qui lui avait déjà sauvé la mise à une ou deux reprises. Il le glissa contre sa ceinture, dissimulé sous son tee-shirt, et enfila sa veste, avant de descendre. Mme Hudson chantait en passant l'aspirateur, les yeux fermés et froncés, comme les stars qu'elle aimait tant.
Une fois dehors, l'attente fut courte. Au bout de cinq minutes seulement, Lestrade arriva.
- Je dois vous avouer que cela m'a surpris, lorsque Sherlock est arrivé sans vous, dit Gregory sur le trajet, les yeux rivés sur la route. Il m'a dit que vous étiez malade. Ça va mieux ?
Watson remercia mentalement Holmes pour son inhabituel tact.
- Beaucoup mieux, merci, ce n'était qu'un rhume passager, le genre qui vous fatigue. J'ai dormi un peu. Qui est...mort cette fois ?
Lestrade ne paru pas se rendre compte du changement de conversation, ou bien ne le souligna pas.
- Deux amants.
L'entente de ces mots firent frissonner Watson.
- Étranglé pour l'un et tué au pistolet pour l'autre. Deux bouts d'ongles ont étés retrouvés par Sherlock sur les lieux. Lorsque nous saurons à qui ils appartiennent, peut-être que cela nous donnera un indice pour cesser enfin cette boucherie. Déjà quatre morts... Quel taré.
Lestrade soupira. John était paralysé. Deux amants. Ces mots tournaient en boucle dans sa tête, inondant toute rationalité. Était-ce un avertissement vis-à-vis de ce qu'il ressentait ? Mais si même Sherlock ne s'en était pas rendu compte, comment un fou qu'il n'avait jamais vu aurait-il pu deviner ?? Impossible. Pourtant, le doute le rongeait. Et il ne parvint pas à taire cette alarme stridente qui le privait de sa lucidité.
C'est presque sous la forme d'un zombie que le pauvre docteur arriva sur les lieux. Lorsque l'homme aux yeux orages, Sherlock Holmes, croisa son regard, John y vit un mélange d'inquiétude et de désapprobation. Mais il balaya tout ça d'un revers de la main et entra.
À quelques mètres de l'entrée, gisait dans une mare de sang un homme, magnifique, aux cheveux blonds poisseux de rouge et aux yeux verts figés de terreur. Il avait, comme l'avait affirmé Lestrade, été tué d'un seule balle. En plein dans le poumon droit. Et à en croire la blessure, la balle était ressortie. L'homme était mort d'une hémorragie en quelques minutes, avant même que l'asphyxie l'emporte. John, munie d'un gant, lui ferma les yeux, respectueux, sous le regard insistant de son ami.
- La balle s'est fichée pile dans le poumons droit. En plein milieu. C'est tout sauf de la chance, c'est de la technique, murmura John. Nous avons affaire....à un as du pistolet....doté d'une précision redoutable....
''Il'' correspondait beaucoup trop. Sherlock, passant près de lui, frôla son épaule, seul signe de soutien qu'il pouvait se permettre sans le trahir dans son atroce malaise.
Quelques mètres plus loin, dans une très grande pièce au papier peint bleu ciel parsemé de lignes blanches tremblantes, l'amant du premier était étendu. Ses yeux étaient fermés, et ses membres étaient pliés dans des angles étranges, signe d'une lutte très douloureuse pour lui. Les deux genoux brisés. Le bras droite réduit en miette, et plusieurs hématomes à différents endroits. Visiblement, deux côtés cassées, dont une perforation du poumon gauche. Mais la mort avait été causée par strangulation, comme en témoignait le triste état du cou de la victime. De grandes marques violacées sur toute sa longueur. Watson ne détourna pas le regard. Il examina un instant le cadavre puis donna son avis à Sherlock, qui acquiesça. Celui-ci sembla réfléchir longtemps.
- Notre tueur ne pouvais pas étrangler les deux. C'est une méthode qui prend du temps, l'autre aurait eut le temps de s'échapper ou de crier.
Watson n'écouta que d'une oreille la version des faits de son ami.
- Les deux amants étaient dans leur chambre, si l'on en croit la proximité du deuxième cadavre avec la pièce. Quelqu'un a sonné, et le blond est allé ouvrir, avant de se faire tuer par un pistolet muni d'un silencieux.
- Comment savez-vous que...commença Lestrade.
Sherlock le foudroya du regard.
- Taisez-vous, le coupa-t-il. Reprenons...le premier étant mort, il s'écroule par terre. Le bruit et l'absence de conversation firent tiquer le deuxième, qui se leva pour aller voir et tomba né à né avec le tueur. Affrontement. Le tueur lui brise plusieurs os. Il l'étrangle. Il dépose les ADN. Il s'en va.
Un long silence suivit l'explication.
- Bien, maintenant, si vous voulez bien nous excuser, nous allons rentrer, finit-il par s'exclamer. Lestrade, prévenez-nous dès que vous avez les résultats ADN !!
- Comme toujours. Bon rétablissement, docteur Watson !!
Une fois dans le taxi, Sherlock explosa presque de joie, manquant de faire sursauter le chauffeur.
- Oui !! C'est le moment, John !! S'exclama-t-il.
- Bon sang, Sherlock, calme toi et explique toi, maugréa le docteur, les yeux perdus dans le vide.
- Les tueurs en série commettent toujours une erreur !!! Ils finissent par s'essouffler ou bien perdent le fil, peu importe. Le nôtre panique. Il n'avait pas prévu qu'il y en aurait deux !!
- Pas prévu...
- C'est évident !! Il savait que sa victime était brune. Et voilà qu'un blond ouvre la porte !! Son premier réflexe, est de s'en débarrasser à l'aide du pistolet de secours qu'il garde toujours sur lui, probablement !! Nous touchons au but, John !!
Son ami ne réagit pas, trop occupé à penser.
Un homme, grand, véritable professionnel du tir, en pleine possession de ses moyens, intelligent...petit à petit, ''Il'' apparu devant ses yeux, tel un fantôme revenue de l'enfer pour le hanter.
- Mikaël...murmura John en tendant une main devant lui, comme pour saisir ce mirage douloureux.
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J.O.H.N.
FanfictionJohn Watson était habitué à voir son colocataire dans des positions des plus absurdes lorsqu'il s'ennuyait. Il prenait d'assaut le fauteuil, le canapé, les tables et les meubles, tirait avec son revolver - arme de John n'avait jamais réussi à lui en...