Chapitre quatorze

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Sherlock tituba légèrement, le visage soudain prit d'une pâleur cadavérique. Lestrade lui attrapa l'épaule et la serra doucement.

- Eh... Ça va ? demanda-t-il les sourcils froncés.

- John...John...murmura Sherlock.

Il se tourna vers l'inspecteur et le fixa quelques secondes, perdu et troublé. Son coeur battait trop vite, trop fort. Il ne respirait plus normalement et toutes tentatives de prendre de grandes goulées d'air empiraient son état.

- Sherlock, parlez moi, bon sang. Qu'est ce qu'il y a ? Vous me faite vraiment peur !

Soudain, le détective se leva et se mit à courir vers la sortie. Ses oreilles bourdonnaient, et il entendit à peine Lestrade hurler dans son émetteur qu'il lui fallait des renforts.

Sherlock décida que ce serait trop long de prendre un taxi et couru à en perdre haleine jusqu'à son appartement.

Il entra violemment, puis monta les marches trois par trois. Le sociopathe le plus génial du monde ouvrit la porte à la volée et se figea.

Personne. Il n'y avait personne. Pas de méchants, pas de flingues braqués sur lui, pas d'hommes armés ou de bombes posées au milieu de la pièce. Mais il n'y avait pas de John non plus.

Effaré, tremblant, le souffle court, les poumons en feu et les pupilles dilatées pour beaucoup trop de raison dont la peur, la fatigue et la détresse faisaient parties, il se laissa tomber contre le mur et glissa jusqu'au sol.

Il enfoui sa tête entre ses mains.

- Le contrôle, Sherlock, le contrôle...psalmodiai-t-il sans cesser de trembler. Ce n'est qu'une personne comme une autre...une simple enquête à résoudre...un problème basique et sans importance......

Mais c'était faux. John, ce n'était ni une personne comme une autre, ni un problème sans importance. C'était John. Et il était en danger de mort. Et le détective était cloué sur place tant la panique s'insinuait dans son esprit, tel un virus vicieux et indomptable.

Il s'écoula une demie-heure, durant lesquelles les neurones de Holmes cessèrent toute activité. Puis, comme sortant d'un long sommeil, il ouvrit es yeux, se leva et commença à arpenter la pièce en observant le moindre détail.

Pas de traces de lutte. Pas de sang.

Soudain, il y pensa. Madame Hudson !!!

Le détective descendit les escaliers aussi vite qu'il les avait monté et pénétra dans la cuisine de la vieille dame, inquiet de découvrir son corps sans vie.

Son cœur s'arrêta lorsqu'il la vit par terre, allongée. Mais il reparti bien vite lorsqu'il constata qu'elle n'était qu'endormie.

- Gaz soporifique...mais bien sûr...

Sherlock se frappa le front trois fois avant de soulever avec précaution Mme. Hudson et de l'allonger dans le canapé d'en haut, pour plus de sécurité. Il vérifia rapidement qu'elle n'était pas blessée, et s'aperçu avec soulagement qu'elle allait merveilleusement bien, excepté le fait qu'elle ai été endormie avec du gaz.

Ayant désormais retrouvé toutes ses fonctions et son contrôle, Sherlock réfléchi.

Qui ? Probablement Mikaël. John semblait être en transe constante depuis quelques jours, et il ne parlait que de ''lui''.

Un pincement tordit le cœur du sociopathe.

- C'est bien le moment, tient...railla-t-il.

Quand ? Il n'y a pas plus d'une heure, d'après l'état de la vieille logeuse et la très légère odeur dans l'air.

Comment ? Infraction. Gaz soporifique. L'affaire était joué.

Où ? Très bonne question ... Mikaël ne l'aurait pas enlevé sans lui donner d'indice. Après tout, cela faisait des jours qu'il jouait avec lui pour lui faire comprendre que c'était Watson la cible. Il avait fallu quatre meurtres.

En pensant aux meurtres, Holmes se dirigea vers la cheminée et étudia rapidement les photos. Un indice...il y avait forcément quelque chose....

-Oh... murmura-t-il, les yeux rivés vers une image.

Renfield, écrit en lettre le sang avec l'hémoglobine de la première victime.

Une usine abandonnée, à moitié bouffée par le feu et éloigné de tout. C'était tellement évident...

Quoi de mieux pour le dernier acte de cette tragédie ? Quoi de mieux pour en finir ? Quoi de mieux...pour le dernier meurtre ?

Holmes frémit de terreur. Il ne pouvait pas se permettre de perdre John.

Watson l'avait habitué à une présence, à la douceur et la gentillesse. Il l'avait sortit de la solitude et de l'ennuie mortelle. Il ne POUVAIT pas le perdre.

Physiquement, cela lui était impossible, il en perdrait la raison en plus de ce qui lui reste de cœur. 

Ce cœur que John avait su réchauffer. Il avait rallumé la flamme perdue. Et Holmes avait besoin de lui pour l'entretenir et ne pas la laisser mourir. Il ne pouvait plus vivre seul. Il ne savait plus vivre seul.

Sherlock abattis son poing contre la cheminée dans un bruit mat. Le deuxième poing y passa aussi. Une deuxième fois, une troisième, et une quatrième. Il cessa lorsqu'il retrouva sa lucidité. Ses phalanges étaient en sang, mais il s'en fichait éperdument.

Alors seulement, il prit son portable et composa le numéro de Lestrade, qu'il connaissait par cœur.

- Allô ? Sherlock ? Vous vous décidez enfin à m'expliquer ?

- Renfield.

-  Hein ?

- Bon sang, commissaire !! Vous le faite exprès ?! John est en danger, séquestré à Renfield, en compagnie d'un meurtrier !! DU meurtrier, plus précisément.

Il y eu un blanc phénoménal. Puis quelques bégaiement inintelligibles. Enfin, Gregory prit trois profondes inspirations.

- Que voulez vous que je fasse ? Dit-il d'une voix calme et sérieuse que Sherlock ne lui connaissait pas.

- Que vous vous prépariez, mais n'internevez pas. Prenez des renforts et arrêtez vous à quelques kilomètres de l'usine. De là, attendez mon signal.

- Un signal ??? Mais quel sign...

Sherlock raccrocha.

Il s'assit près d'une Mme. Hudson endormie et s'enferma dans son palais mental pour quelques heures.

C'était inutile de se jeter dans la gueule du loup sans plan. Il en allait de la vie de Watson.
Bien que la peur et l'appréhension s'insinuaient dans son esprit, il tenta de rester calme.

Le temps était compté. À partir de maintenant, Sherlock pouvait perdre l'être qui comptait le plus pour lui. C'était une course contre la mort.

J.O.H.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant