Le lendemain de l'entrevue avec son frère, Sherlock Holmes se leva de mauvaise humeur. Trop de questions restaient sans réponses et il détestait ça. Ne pas savoir revenait à admettre la supériorité de Mycroft, qui savait tout. Et l'idée même d'être plus faible que son frère le mettait dans un état affreusement dangereux pour son entourage. De plus, le docteur était toujours en colère contre lui lorsqu'il s'était couché, la veille, et Holmes ne savait pas comment se faire pardonner d'une offense qu'il ne comprenait pas.
***
John Watson descendit pour le petit déjeuner et trouva Holmes attablé devant un café noir qui semblait beaucoup trop fort et une assiette de bacon aux œufs préparée par les soins de Mme. Hudson. L'aura de mauvaise humeur qui émanait de son colocataire fit frémir l'ex militaire. Le nez dans le Time's, probablement en quête de quelque chose d'intéressant, le détective ne leva pas les yeux et un grognement à peine audible passa la barrière de ses lèvres en guise de salutation. Mais avant que Watson ai pu ne serait-ce que penser à lui renvoyer une remarque cinglante quant à son comportement pour le moins irrespectueux, Sherlock baissa brutalement le journal et l'assassina des yeux.
- Et bien quoi ? s'emporta le médecin, piqué au vif.
- Tu es désagréable depuis quelques jours, John, affirma-t-il d'un ton glacial. Ne me reproche pas de l'être à mon tour. Tu n'en as aucun droit.
Un million d'insultes et beaucoup de répartie aussi noires que ses yeux à ce moment là traversèrent l'esprit de Watson. Mais il évacua par réflexe sa colère en écrasant son poing sur la table. Il préférait se faire mal à la main que de s'engueuler encore une fois avec son ami. Le choc ne fit pas broncher le détective, qui ne quittait pas les yeux de John. Ceux-ci se vidèrent de toute colère en quelques secondes, redevenant ceux doux et avenant du bon docteur. Sous les yeux étonnés de John, ceux de Sherlock eurent droit au même sort. Et un sourire éclaira le visage du détective.
- Eh bien voilà, s'exclama Holmes. Tu étais en colère depuis quelques jours, et je n'ai pas trouvé mieux pour te sortir de là que cette méthode. Peu cavalière, j'en conviens, mais au moins, ça à marché !! Tu as tout évacué !!
- Tu me fatigue, Sherlock, sourit Watson. Je n'étais plus fâché, idiot.
- Tant pis, ça m'a bien fait rire de te voire si facilement en colère.
- Va te faire voire.
Sur cette conversation amicale et après un échange de regards complices, les deux comparses se mirent à manger.
***
Plus tard dans la journée, alors que Sherlock était occupé à disséquer un œil ''emprunté'' sur un cadavre à la morgue, avec l'autorisation de Molly, et que Watson lisais Oscar Wilde, le portable du détective vibra. Puisque John était juste à côté, il regarda qui avait envoyé un message au sociopathe. Il sourit en voyant le nom qui s'afficha : Grégoire Lestrade.
- Sherlock, appela-t-il, amusé.
- Hum ?
- Toi qui reconnais les cendres de toutes les sortes de cigares ou cigarettes. Toi qui reconnais un poison entre milles en quelques secondes. Toi dont le cerveau restera un mystère pour la science, que tu aime tant faire respecter. Toi qui résout une affaire criminelle en moins de temps qu'il faut pour le dire...Pourquoi, grand dieu, POURQUOI, tu ne peux pas retenir un simple prénom ?
- C'est Gregson ? Il a finit l'analyse du cheveux ?
Sherlock Holmes laissa son expérience morbide en plan et s'approcha du téléphone que lui tendait son colocataire.
- C'est GREGORY, appuya Watson. Et oui, je crois.
Holmes prit l'appareil et lu le message à voix haute.
- Analyse terminée, cheveux appartient à Nora Klepton. Si voulez la voire, commissariat. Signé : G.Lestrade. Bien. Très très bien. Parfait même.
Il lâcha le portable, rattrapé de justesse par le docteur, et se dirigea vers la cheminée, au dessus de laquelle une multitude de post-it colorés reliés par des ficelles rouges retraçaient l'enquête depuis le début, et les différentes pistes empruntés. Parlant à Watson pour ne pas parler tout seul, Sherlock déroula ses théories et ses indices.
- Vois-tu, Watson, nous avons affaire à un tueur en série particulièrement drôle. Il fait parti de ceux qui veulent nous passer un message qu'on ne peut pas comprendre sans en avoir toutes les pièces, comme un puzzle complexe. Et ce sont les plus drôle, les autres faisant ce qu'ils ont à faire sans ses poser de questions autres que "comment échapper à la police", ce qui, lorsque je m'en mêle, est une question des plus vaines. Celui-ci veux bel et bien nous dire quelque chose. Alors essayons de résumer. Deux meurtres par strangulation. Victimes : une femme puis un homme. Tueur : homme. Empreintes : deux femmes. Il ne reste plus qu'à attendre les prochains meurtres. Cela ne nous servira à rien d'aller voire cette Nora Klepton, elle n'a rien à voire avec l'enquête. Elle sert à délivrer un message, c'est tout.
Il s'agitait dans tout les sens, accompagnant ses paroles par des gestes, gribouillant des choses par-ci par-là sur d'autres post-it de différentes couleurs. Et Watson regardait ce spectacle devenu normal depuis longtemps à ses yeux. Et il se rendit soudain compte qu'il ne pourrait plus s'en passer. Il ne pourrait plus se passer de l'étrangeté de son ami, de ses déductions, de ses sauts d'humeur, de son incompétence à comprendre les autres, de ses remarques et expériences déplacées, et de sa folie. Il ne pourrait plus se passer de ses boucles brunes indomptables et de ses yeux orages qui donnaient l'impression de te mettre à nu, de sa silhouette d'araignée qui cachait une force insoupçonnable et de ses mains abimées par le métier et les expériences dangereuses. Ou tout simplement, il ne pouvait plus se passer de Sherlock Holmes. Et son cœur battit beaucoup plus vite lorsque ses yeux rencontrèrent les siens, enflammés par l'intelligence et l'excitation. Et cela lui fit peur.
VOUS LISEZ
J.O.H.N.
FanfictionJohn Watson était habitué à voir son colocataire dans des positions des plus absurdes lorsqu'il s'ennuyait. Il prenait d'assaut le fauteuil, le canapé, les tables et les meubles, tirait avec son revolver - arme de John n'avait jamais réussi à lui en...