Chapitre onze

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Assis devant sa cheminée dont le mur du dessus était rempli de photos des meurtres et des possesseurs d'ADN retrouvés sur les lieux du crime. Le tout relié de fils rouges. Il les déplaçait, s'arrêtait, réfléchissait, repartait, faisait les cents pas, poussait un cri, changeait deux photos de place, re bougeait encore les fils. Tout cela sous les yeux de Watson, dont le regard le traversait comme s'il était un fantôme, une âme en dehors de son enveloppe corporelle.

Le docteur regardait sans voir. Ses lèvres bougeaient, il marmonnai des mots, des phrases inintelligibles.

- Mikaël, répétait-il tout bas.

Sherlock finit par se stopper et se laissa tomber dans son propre fauteuil, en face de son ami.

- John, amorça-t-il. Je ne veux pas m'imposer dans ta vie, je détesterais qu'on le fasse pour moi, mais il est clair que tu vas mal, que quelque chose...ou quelqu'un te ronge.

L'ex soldat de pencha et posa sa tête entre ses mains.

- Désolé, murmura-t-il. Désolé...

- Ne t'excuse pas, mais pourrais-tu m'en parler ? Je ne suis pas la meilleure personne pour parler de psychologie...tu es bien plus doué que moi sur ce point...mais il me semble que parler...fais du bien. Ça soulage...

La voix de Holmes était douce, comme s'il craignait que ces simples mots ne brisent Watson.

- C'est rien...

- Tu me l'as déjà dit, ça, John.

- Laisse-moi.

Sherlock soupira.

- Ça peut nous aider à résoudre l'enquête ?

Silence.

- John, tu peux sauver des vies. Dis moi. Qu'est ce que tu sais ?

- Rien. Je ne sais rien.

Holmes baissa les yeux. Son colocataire était bien trop secoué pour dire quoi que ce soit.

- Qui c'est, Mikaël ? Murmura-t-il.

John n'arrêtait pas de répéter ce prénom. Et étrangement, cela faisait mal à Sherlock. Un pincement tenace au cœur, qui l'empêchait de respirer correctement. Mais il n'arrivait pas à savoir ce que c'était que cette désagréable sensation. Il ne l'avait jamais ressenti. D'après lui, ça ressemblait à de la jalousie. Mais c'était puéril, il ne pouvait pas être jaloux sans raison d'un homme qu'il ne connaissait pas !! John ne répondait pas. Il se contentait de le fixer droit dans les yeux.

- John, bon sang, répond moi, c'est qui Mikaël ?!

- Des yeux bleus. Magnifiques yeux plus bleus que la glace, mais illuminés de gentillesse ....

Sherlock reconnaissait bien la façon qu'avait Watson de romancer ses descriptions. Mais il ne sourit pas.

- Une douceur sans égale. Il était... magnifique....

- Où l'as-tu connu ?

Les doigts du docteur se crispèrent sur le fauteuil, au point que ses jointures devinrent blanches.

- Au front, murmura-t-il si bas que Sherlock dû faire appel à tout son sens de l'ouïe pour entendre.

La discussion s'arrêta là. Sherlock était intimement persuadé que ce Mikaël était le tueur, et sans doute ... Un grand ami de Watson. Et sûrement plus. Mais il se refusa de le dire à voix haute. Son cœur et sa raison le lui interdisait, comme si le dire lui brûlerai gravement la langue.


J.O.H.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant