Chapitre 6

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-Bonjour.

Voilà bientôt deux semaines que je vis ma petite routine. C'est d'un ennui mortel. J'ai besoin de nouveauté, je n'ai pas envie de me laisser bouffer par le quotidien répétitif d'une vie.

-Bonjour !

Je scanne les articles du jeune homme face à moi. J'essaie d'avoir l'air la plus polie possible, mais c'est compliqué. Je n'ai aucune envie d'être gentille avec quiconque. Cependant, le garçon a l'air heureux et poli, alors je dois faire un effort. Quand je le regarde vraiment, je remarque qu'il a un charisme époustouflant. Ses cheveux bruns relevés avec du gel laissent ressortir le bleu éclatant de ses yeux, et même son sourire est parfait. Il est vêtu d'une chemise blanche parfaitement repassée, quant à son bas, je ne peux le voir a cause de la caisse.

-10, 52 € s'il vous plait, je demande en souriant.

Il me sourit à son tour et sort une carte bancaire. Il compose son code et de la satisfaction s'affiche sur son visage quand « code bon » apparaît.

-J'ai toujours peur que ça ne marche pas. C'est ridicule, je vérifie toujours l'argent qu'il me reste.

Je lui souris, ne sachant quoi répondre. Il met ses articles dans deux sacs et s'en va en me saluant. Bizarrement, ce garçon d'une politesse et d'une élégance insoutenable est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis ces deux dernières semaines.

Je rentre chez moi, épuisée. Je suis heureuse quand je constate que mon père s'est donné la peine de préparer le dîner. Nous dînons calmement, mais la tension n'est pas aussi flagrante qu'avant. A vrai dire, je n'arrive même plus à la discerner. Ça m'apaise de ne plus être en conflit avec mon père, et j'espère que c'est réciproque.

-Comment se passe ton travail ?

J'avale ma bouchée de pâtes avant de répondre.

-Bien.

-Tant mieux.

Vu la pause qu'il marque, je sais que sa phrase n'est pas finie.

-Cependant...

Gagné.

-Il serait peut-être bien que tu reprennes tes études. Je pense que c'est ce que ta mère voudrait.

Non, je ne veux pas que notre dîner prenne cette tournure. Apparemment, ma mère arrive à créer des conflits même sans être là.

-Je m'en fiche, et puis, depuis quand l'opinion de maman t'intéresse ?

Je parle un peu trop fort, mais, lui, garde son calme.

-Ça n'est pas ça, mais tu ne vas pas être caissière toute ta vie, quand même ?

-Et pourquoi pas ?

-Parce que ce n'est pas un projet d'avenir, voyons !

-Je crois que tu n'as pas de leçon à me donner, pour un plombier.

Je lâche ma fourchette.

-Retire ça. J'essai seulement de t'aider.

-N'essai pas, alors !

Je me lève si vite que ma chaise tombe à terre. Malgré ma colère, je la remets en place puis m'enfuis dans ma chambre. Au bout de trois quarts d'heures, mon père toque à ma porte.

-Elena, je peux entrer ?

-Ouais.

Il ouvre doucement la porte, pour me trouver allongée sur le lit, recroquevillée sur moi-même.

-Je suis désolé, je ne voulais pas te vexer.

-Ça va, c'est rien.

-Je veux juste être certain que tu sois heureuse, peut importe ce que tu fais.

T1 - Avant LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant