Chapitre 18

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Ma mère pose les dernières valises dans le coffre d'un air satisfait. Depuis que je lui ai annoncé mon retour, elle a repris des couleurs. Pour résumé, elle semble revivre. Mon père est à côté de la voiture. Il tente de rester neutre, mais je vois bien que mon départ le bouleverse. Je vais le voir, mais il garde les yeux rivés sur ses pieds.

-Papa... Tu sais, je reviendrai de temps en temps pour te voir, hein !

-Oui... C'est juste que...j'ai l'impression de te perdre une deuxième fois.

-Mais...

-Je pensais que ça se passait mieux entre nous, je ne comprends pas pourquoi tu pars. Mais bon, c'est ton choix. Je te souhaite le meilleur, ma fille.

Au bord des larmes, j'enlace mon père de toutes mes forces.

-Je t'aime, papa.

J'entends qu'il pleure aussi, cependant il ne dit rien.

-Allez, tu vas être en retard.

J'entre dans la voiture en lançant un dernier regard à mon père. Il me salue avec la main, je fais de même. Mon cœur se sert quand ma mère démarre la voiture. Je n'ai prévenu personne. Ni Jason, ni Tyler. De toutes façons, aucun des deux n'a pris de mes nouvelles. Je ne manquerai à personne. J'ai de nouveau un pincement au cœur en pensant à Alexander. Il était mon nouvel ami de Chicago, ça me fait également mal de le quitter, mais peut-être pourrons-nous nous revoir ? Je n'en sais rien. Je vais retrouver ma vie d'avant. Avec...mes connaissances. Je n'ai aucun ami là-bas. Je ne sais même pas pourquoi je pars.
Je me tape sur la tête en essayant de me raisonner. Je pars...parce que les personnes ici m'ont blessé. Je ne veux pas nuire à leur quotidien et qu'elles nuisent au mien. A L.A., je n'embête personne. Je reviendrai à ma petite vie ennuyeuse et tout sera comme avant. Une larme roule sur ma joue quand la voiture quitte la ville. Tyler... Je l'aimais. Je l'aime putain ! Mais je ne peux me résoudre à rester proche de lui. Il m'a trop fait pleurer, je ne peux plus le supporter. Je suis faible. Avant, je jugeais ces gens, mais désormais je les comprends. Tout le monde devrait comprendre ça et réfléchir un peu avant de juger ! Juger la douleur des autres !

Ma mère tourne la tête vers moi. La joue collée contre la vitre, je regarde le paysage défilé à une vitesse beaucoup trop rapide.

-Tu...Tu peux peut-être attendre quelques jours avant de rentrer.

-Non, je lâche, je veux partir maintenant.

Surprise, ma mère ouvre de grands yeux et reporte son attention sur la route.

-Tu m'avais parlé d'un petit copain, l'autre fois...

-C'était une erreur. Nous ne sommes plus ensemble.

-Et tu vas garder contact avec lui ?

-Je n'en vois pas l'utilité.

J'ai conscience de me comporter comme une gamine, mais je n'y peux rien. C'est le seul moyen de ne pas plier sous le poids de la douleur.

-Écoute, je vois l'état dans lequel tu es, et je sais que tu vas regretter de partir. Ça peut paraître surprenant, mais j'ai été jeune moi aussi !

-Tu n'as pas arrêté d'insister pour que je rentre !

-Parce que je ne voyais pas ce que tu avais de plus ici ! Parce que j'étais trop égoïste et égocentrique pour me rendre compte que ton bonheur était ici !

-Il n'y est plus.

-Réfléchis.

Ma mère tourne et s'arrête dans une petite rue.

T1 - Avant LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant