Chapitre 20

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Alors que j'espérais une réponse de Jason, je vois que c'est en fait Kévin qui m'a écrit. Que veut-il ? Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas parler, et la tension est froide entre nous. Je déverrouille mon téléphone pour lire le message en entier.

Kévin :

Salut. J'ai appris que tu avais quitté Chicago. Pour tout te dire... C'est Tyler qui m'a prévenu. Je ne sais pas pourquoi. Je voulais juste m'excuser de m'être comporté comme un connard jaloux. Je voudrais te souhaiter le meilleur avec Tyler, mais il m'a dit une phrase qui m'a laissé perplexe « Écris-lui, t'auras probablement plus de chance que moi. » Que s'est-il passé ?
Si tu ne me réponds pas, c'est ton choix, mais ça pourrait te faire du bien de te confier.
Biz

Je reste abasourdie devant le message. Je suis contente qu'il m'ait contacté, mais je ne comprends pas pourquoi Tyler l'a prévenu. « T'auras probablement plus de chance que moi», qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ? Puis comment a-t-il prévenu Kévin ? Par téléphone ?
Les théories hasardeuses s'accumulent dans mon cerveau fatigué. Malgré ça, l'une d'elles retient mon attention. Si Tyler avait fouillé mon téléphone - Comme quoi je devrais vraiment mettre un code - et récupéré le numéro de Kévin, il est probable que ce soit avec lui qu'il se disputait au téléphone, après m'avoir dévoilé qu'il connaissait James. Mais pourquoi l'aurait-il appelé ? Tout s'embrouille.
J'ai coupé les ponts avec toutes mes connaissances de Chicago, sauf mon père a qui j'écris quelques fois. Mais là, je ressens une soudaine envie de m'adresser à quelqu'un que j'apprécie particulièrement, qui ne me rejètera pas.

Moi :

Alex ?

Sa réponse arrive presque immédiatement.

Alex(ander) :

Vraiment ? Tu t'es barrée comme j'sais pas quoi et tu crois pouvoir revenir comme une fleur ? Tu me dégoûtes.

Ma poitrine se sert. Ce n'est pas possible. Pas lui. Il ne peut pas me rejeter. Les larmes coulent doucement sur mes joues tandis que j'étouffe mes sanglots dans mon coussin.

-Je sors avec une amie ce soir, me lance ma mère à travers la porte, tu sauras te débrouiller ?

Normalement, j'aurais répondu « Oui maman, j'ai plus quatre ans. » Mais là, je me contente d'un simple « oui » le plus naturel possible. Quand j'entends la porte se fermer, je pleure toutes les larmes de mon corps sans retenue. Pourquoi tout le monde me rejette ? Pourquoi je fais que de la merde !
Je crie, prends ma chaise et la balance contre mon mur. Pas satisfaite, je dégage tout le bordel de mon bureau par terre en continuant de hurler. Je jette tout ce que je peux jeter, sans tenir compte des bruits d'ampoules qui se cassent ou du déchirement de certains habits. Je pète un câble. Une infime partie de mon cerveau assiste à la scène d'un air désolé, mais le reste ressent une douleur et une satisfaction extrême à briser mes derniers bien. Je ne sais faire que ça. Je brise ce que j'aime. Je me comporte comme une gamine. A quoi je sers ? Pour qui ai-je de l'importance ? Ils m'ont tous rejeté, tout comme je les ai rejetés en m'en allant. Je mérite tout ce qui m'arrive. Je m'assoie sur mon lit, ramène mes genoux contre moi et les entoure de mes bras. Je pose mon front sur mes genoux et sens mes longs cheveux tombés le long de mon corps. Cette scène me rappelle vaguement le dessin que j'ai fait il y a quelques mois. S'il y a du positif à en tirer, c'est que je suis probablement devin.
J'ai l'impression que c'est comme une malédiction. Je m'efforce de faire le bien, mais ça ne fait qu'attirer des ennuies à tout le monde. C'est une aiguille que je me plante dans le cœur sans pouvoir m'en empêcher, et personne n'est là pour m'aider à la retirer. Peut-être devrais-je laisser cette aiguille continuer sa course.
Je me lève en direction de la salle de bain. J'ouvre le placard. Plein de boîtes, de cachets de toutes les couleurs. C'est beau, on dirait un arc-en-ciel. Ça ne doit pas faire bien mal. J'enlèverai un poids à tout mes proches. Ils n'auront plus à s'inquiéter pour moi. Je sors les boites de pilules. Je les mélange, les avale. Je me dirige dans le salon et sors le scotch de ma mère. Quel bon petit mélange ! Je sens être prise de nausée et vomie sur le canapé. Je m'y accoude, ma vision se trouble. Puis j'entends la porte se déverrouiller. Ma mère entre. Elle ne comprend pas tout de suite. C'est quand elle voit la boîte de cachetons que j'ai dans la main avec la bouteille dans l'autre qu'elle réalise.

-Maman...

Je m'écroule. Un cri. Un sifflement incessant. Le noir.




——————- FIN

nan j'déconne mdrr t'as paniqué heiiin, t'inquiètes la suite arrive !

T1 - Avant LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant