Chapitre 22

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Les larmes me montent malgré moi. Tyler prend ma main tout en me fixant.

-Tyler, tu... Qu'est-ce que...

-Ne t'épuise pas, tu vas te fatiguer.

Il baisse les yeux. J'ai envie de lui passer la main dans les cheveux, les attraper et l'embrasser. L'appelle de ses lèvres est insoutenable. Putain, il m'avait tellement manqué. Je l'aime toujours. Je ne suis pas certaine que ça change un jour.

-Elena, il faut... que je te dise des choses... Ça risque de... briser notre lien. De te briser. Mais apparemment, je m'en suis déjà chargé sans le faire exprès, alors il vaut mieux que je te dise tout.

-Je ne veux pas savoir.

Malgré ma curiosité, je ne veux pas prendre le risque d'entendre quelque chose qui puisse briser ma relation avec Tyler, bien qu'elle soit déjà terminée.

-Tu n'as pas le choix.

Je soupire. Il se relève, me dominant de sa taille. Je remonte mon lit pour être à sa hauteur.

-Alors dis-moi. J'suis prête.

-Non, pas ici. Pas maintenant. J'ai pris un hôtel pour quelques jours, le temps que tu te remettes et qu'ils te laissent sortir.

-D'accord.

Une infirmière arrive. Elle a l'air blasée, et parle en se fichant de ce qu'il se passe, de ce qu'elle dit. C'est le genre de personne à qui tu demandes "Ça va ?" et qui te répond "Oui." sans demander si tu vas bien en retour.

-Excusez-moi, d'autres visiteurs aimeraient voir la patiente.

-Je vais sortir.

Il se retourne vers moi et me lance :

-À dans quelques jours.

Il me regarde de ses yeux tristes et s'en va. Un "Je t'aime" m'aurait fait du bien, mais il n'avait pas l'air en état. Est-ce ce que j'ai fait qui le met dans un état pareil ? Ou est-ce ce qu'il veut m'avouer ? Je n'en sais rien et ça me frustre.

Deux hommes entrent dans la pièce. Mon père et mon meilleur ami. Le visage de Jason m'avait manqué. Je ne l'ai pas revu depuis que je l'ai vu chez Tyler. Son visage a perdu des couleurs, mais pas autant que mon père. Ils me courent tout deux dans les bras. On se met à pleurer, et il faut qu'un infirmier leur dise de me laisser respirer pour qu'ils me lâchent.

-Ma puce, pourquoi t'as fait ça ?

Jason reste un peu en retrait. Il attend probablement que mon père sorte pour me parler. Le fait qu'ils se soient tous déplacés pour moi m'émeut énormément.

-Je me sentais seule. Je me rends compte avoir fait une connerie, mais je ne peux pas revenir en arrière.

-Non, mais tu peux aller de l'avant. Promets-moi de ne jamais refaire ça.

J'hoche la tête, honteuse. Il tourne la tête vers Jason et comprend qu'il doit sortir de cette pièce.

-Ta mère m'a proposé de dormir chez elle. Je dormirai sur le canapé.

-J'espère que ça se passera bien.

-Ne t'inquiète pas, on peut s'entendre, surtout dans ces circonstances.

Mon père m'embrasse sur le front. Jason s'approche de moi quand mon père ferme la porte.

-Salut, dit-il, gêné.

-Jason, je suis désolé pour tout ce qui s'est passé. Je ne voulais pas qu'on arrête de se parler tout à coup, c'est de ma faute, je...

-Non, me coupe-t-il, c'est moi. Je ne me suis pas rendu compte que tu allais mal. C'est en parti ma faute si tu as fait ce que t'as fait. Si tu savais comme je m'en veux.

-Viens-là.

Je lui ouvre mes bras. On s'enlace comme on peut, gênés par le lit.

-J'espère que tu comprends qu'il n'y ai rien entre nous.

Il lève un sourcil interrogateur.

-Comment ça ?

-Ben, tu sais, vu que tu m'aimes...

-Je t'aime comme ma meilleure amie, rien de plus. Je t'ai dit que j'avais rencontré quelqu'un, t'as oublié ?

Oui, j'avais complètement oublié. Mais ça n'empêche pas qu'il m'ai dit qu'il m'aimait. Enfin, il ne l'a pas "dit" mais il l'a fait comprendre.

-C'est pour ça que t'as arrêté de me parler ?

-Non, je bégaye, mais j'ai cru...

-Non, désolé. Je ne ressens pas ça pour toi. Mais je crois que ce ne sera pas possible avec la personne que j'ai rencontré...

-Pourquoi donc ?

-Trop indécise.

-Je sais ce que c'est, je dis en souriant. Tu m'as manqué. On pourra se voir quand je sortirai ?

-Pas de soucis. Les visites vont fermer, je vais y aller.

Il me fait un bisou, un câlin et un dernier coucou en fermant la porte. Mon cœur battant la chamade m'indique à quel point ils m'ont manqués et à quel point ils composent ma vie.

Une semaine plus tard :

Adossée à une barrière, j'attends Tyler depuis déjà cinq bonnes minutes. Je sais qu'il n'est jamais à l'heure, mais je suis toujours inquiète qu'il lui soit arrivé quelque chose ou qu'il me pose simplement un lapin. La pression retombe quand je le vois arriver. Il a un tee-shirt blanc, ce qui est bien surprenant de sa part. De mon côté, j'ai pu sortir mes débardeurs avec une joie non dissimulée, ainsi que mes shorts. C'est un des printemps les plus chauds que j'ai connu.

-Salut.

-Salut.

Il me fait la bise. On en est là ? Il n'y a donc aucune chance de refaire comme avant ?
Il a l'air gêné, mais pas autant que quand il est venu me voir à l'hôpital. Je suis impatiente de savoir ce qu'il va me dire, mais je le redoute tout autant. On se balade un peu dans le parc, le même parc où j'ai retrouvé Mélissa. On parle de tout et de rien. Je préfère qu'il me dise tout en marchant. Je n'aurai pas à supporter son regard. Je ne sais pas ce qu'il va me dire, mais je sens que ça ne va pas me plaire. Alors pour l'instant, je profite seulement de sa présence.

-Lena...

Merde. Ça y est, il va tout me dire. Je ne suis pas prête. Pour dire vrai, je ne le serai jamais.

-Oui.

Il se met face à moi. Je ne voulais pas qu'il le fasse, mais je pense qu'il veut m'affronter, assumer ce qu'il va me dire. C'est parti.

-Il faut que je te dise...

T1 - Avant LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant