Chapitre 2

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Quand je dormais, je m'évadais dans un autre monde dans lequel je pouvais vivre ma vie. Je me voyais commander une flotte d'avions entiers pour partir secourir des réfugiés. Parfois en cas de crise, même les pilotes d'avion étaient contraints d'aller sur le terrain. Ils devaient savoir manier les armes, les grenades. Je suis de la génération des enfants qui regardaient Stargate à la télévision avant d'aller se blottir bien confortablement au fond d'un lit trois fois trop grand pour une petite personne. Je me suis bâtie une vie sur des idées, des séries, des films et sur ma famille. Je suis sans doute un garçon né dans le corps d'une fille. Je n'ai jamais été film à l'eau de rose comme mes amis, ni shopping tous les week-ends. J'étais plutôt le genre à vouloir prendre des cours de tir, jouer auxjeux de guerres, regarder des films viole et gore. On ne peut pas lutter contre ce qu'on est réellement. 
À l'école, on nous apprend à vivre avec toutes les atrocités qu'il y a dans les mondes. Des enfants meurent pendant que d'autres sont gentiment en train de vivre. Mes amies pleurent parce que leurs copains les ont quitté, ou parce qu'elles n'ont pas eu la dernière paire de Louboutin qui venait de sortir. Elles sortent en boîte, elles se défoncent, et je trouve ça tellement stupide de se pourrir la vie alors qu'on pourrait la sacrifier pour les autres. Que vaux une vie perdue en se droguant face à une vie perdue en sauver des millions de vies? Dites-moi la différence je vous pris. Personne n'arrive à comprendre mon point de vue, alors je me retrouve parfois isolé avec des pensées non partagé.

J'ai essayé d'être normale. De sortir en soirée, d'avoir des petits copains, de boire. Mais ça ne m'a pas plu. Je n'ai pas aimé être ce genre de personne. Je ne dis pas que je ne profite pas de la vie, non, je vis avec tout ce que la vie peut m'offrir, mais parfois c'est trop dur d'avoir une vie normale. J'ai supplié, à de nombreuses reprises, ma mère pour qu'elle me change d'établissements, pour que je sois dans une École militaire, mais elle a toujours refusé, elle voulait que mon éducation soit différente, elle ne voulait pas que je sois avec des enfants de militaires toute la journée. Mais à quoi bon ? Quand j'ai du temps libre je traîne avec les enfants qui vivent sur la base car il faut une autorisation spéciale pour sortir. Quand je vais à l'école j'ai toujours un soldat qui m'escorte et qui reste devant mon lycée toute la journée. Je vois souvent des familles de la base déménagées, car il faut laisser les maisons aux nouveaux soldats ayant été muté, et généralement ces déménagements ont lieu quand un soldat meurt au combat. J'avais une amie étant petite qui avait sacrifié sa vie pour sauver un homme, mais étant donné qu'il n'avait pas obéi aux ordres il n'a pas eu la médaille du mérite ou autres médailles avec une importance historique. Ma grand-mère a reçu dans un écrin la "Medal of Honor" pour le courage immense qu'a eu mon grand-père lors de l'attaque de Pearl Harbor.

Les samedis, je rejoignais souvent Aurore devant chez elle pour parler de tout et n'importe quoi. Elle n'avait pas vu son père depuis trois ans et en y réfléchissant bien, je n'avais pas vu le mien depuis bientôt onze mois. Le temps passe vite, mais il est parfois lourd à soutenir. Aurore avait eu un problème à la jambe étant petite, elle avait donc une prothèse à la jambe gauche et elle avait pourtant une vie normale. Il n'y avait qu'elle qui était au courant de ma volonté à être soldat, peut-être parce qu'elle avait le même rêve. Elle voulait les mêmes choses que moi, et je ne voulais pas les mêmes choses qu'elle. 

-Ta prothèse ne te tire pas de temps à autre ? demandais-je. 

-Ça dépend. Quand il fait mauvais temps, je sens parfois qu'elle me lance, c'est un peu comme quand tu as un problème à une articulation et qu'elle te fait mal quand il ne fait pas beau. 

-Tu n'as jamais eu de problème avec ?

-Tu veux dire genre un syndrome du membre fantôme ou une dépression ?

-Oui.

-Non jamais. Peut-être parce que je sais qu'il y a pire que de perdre une jambe. 

-Tu parles de ton frère?

-Oui, je donnerais tout, même ma dernière jambe et mes bras pour qu'il soit en vie. 

-Je suppose que je donnerais tout moi aussi. Je pris déjà jour et nuit pour que mon frère revienne en vie. 

-On vit dans un monde ou le métier de militaire est le plus honorable de toutes les professions et je sais que mourir pour son pays c'est une chose bien mais c'est un truc qui reste au fond de nous. 

-J'imagine. Je pense que vivre dans un monde où mon frère ne vit plus ne me donnerait plus l'envie de vivre. 

-Mais si tu mourrais à ton tour c'est des parents qui auront envie de mourir. 

-C'est un cercle interminable. 

-S'il y avait la paix dans le monde tout irait pour le mieux. 

-Mais s'il y avait la paix dans le monde on s’ennuierait pas mal non ? dis-je en rigolant. 

 -Probablement, oui. répondit Aurore avec le sourire aux lèvres.

Je rigolais un peu de la mort et dû sors du monde de temps à autre. C'est vrai non? Quand on y regarde à deux fois, la première guerre mondiale à faire des victimes pour rien car cette guerre se servait à rien. Mais on ne peut pas en dire autant de la seconde. Elle, c'était une nécessitée, s'il n'y avait pas eu Hitler ce ne serait pas arrivé, mais où en serait les pays aujourd'hui ? C'est une bonne question non ? La colonisation, la libération, la Révolution française, l'industrialisation, la Première Guerre mondiale, la seconde, Pearl Harbor, les bombes atomiques, la guerre froide la guerre du Vietnam, l’Afghanistan... que serait devenu notre monde sans tout ça ? Vous avez une idée ?

« Je suis un soldat »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant