Chapitre 6

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J'ai, à plusieurs reprises, rêvé que mon père ne reviendrait jamais. Ni mon frère. Je me sentais comme abandonnée dans une réalité qui m'étouffait. Je n'avais pas le droit de pleurer, je devais tout garder pour moi car si je venais à me montrer faible, ma mère s'en voudrait aussitôt de me faire vivre dans un monde où le malheur est permanent.

La vie des soldats se résumait à être élevé et envoyé correctement pour être envoyé à la mort. Les plus chanceux reviennent, mais changé à tout jamais. Mon grand-père n'est pas revenu, ce qui a changé mon père à tout jamais. Et je sais bien que s'il n'avait pas de famille la mort ne l’effraierait pas. La vie ne signifie pas grand-chose quand on sait qu'on peut mourir à chaque instant. 

Je me souviens très bien du jour où mon frère, Tom devait partir à sa base. Je lui avais dit que c'était impossible qu'il revienne en vie et qu'en partant il me laissait à tout jamais. Il m'avait répondu que rien n'était impossible à part si tu penses que ça l'est. Cette phrase m'a toujours hanté, et je n'ai plus eu de nouvelle de lui.

Les guerres ont toujours plus ou mois existé. Des guerres pour des terres, des guerres de religion, des guerres civiles. Des milliards de vies perdus pour de la bêtise humaine. Et même si certaines ont été utiles, d'autres ont seulement permis de faire diminuer les races humaines. Du moins, c'est comme ça que je vois ce qui s'est passé dans le monde. Ma mère pense que c'est un mal pour un bien, et même si je suis d'accord avec elle je pense que trop de vie ont été gâchée. Sauver son pays était un devoir, mais le sauver à cause de bêtise...il n'y a pas de mot pour décrire ça. J'ai souvent peur que mon père soit envoyé au front dans un mauvais pays lors d'un mauvais jour. Car parfois un mauvais jour peut tuer des millions de gens. 

Aujourd'hui était un jour particulier, un jour pas comme les autres. C'était l'anniversaire de Tom. Comme chaque année où il n'était pas là on allumait un cierge, je sais que généralement c'est ce qu'on faisait pour la mort de quelqu'un mais fêter l'anniversaire d'un soldat c'est comme fêter sa mort tous les jours, ou du moins la mort d'une sagesse suprême.

-Étant donné que tu n'as pas cours aujourd'hui, ça te dirait d'aller au parc pour faire un pique-nique ? demanda ma mère. 

-Au parc ? Un pique-nique ? Maman j'ai plu six ans. 

-C'est ce que ton frère aimait le plus faire le jour de son anniversaire. 

-Mon frère n'a plus n'ont plus six ans. 

-Arizona fait un effort. 

-J'en fais suffisamment en restant dans cette maison. 

-Je vais faire ce pique-nique seul alors, tu n'as qu'à te faire réchauffer le pudding. 

-Non merci, je commanderai à emporter. 

-Comme tu le sens. 

-Eh bien, je le sens comme ça. 

-Tu deviens comme ton père et comme ton frère. 

-Peut-être parce que'u fond je suis comme eux! 

-Non, tu n'es pas comme eux. Tu es une fille, pas un homme, tu n'as pas à être comme ça. 

-Je le suis apparemment. 

Je repartis dans ma chambre en prenant, au passage, la carte des menus à emporter chez le Chinois et mon portable. En remontant j'envoyais un message à Aurore pour savoir si elle voulait bien déjeuner avec moi ce midi, elle accepta.

Ma mère partit sur les coups de onze heures trente, Aurore arriva dix minutes après. On avait commandé des nems, des roulés de printemps ainsi que du riz cantonais. On s'était installé dans le salon devant la télévision. On regardait une série télévisée qu'on aimait bien toutes les deux. 


-Je n'ai jamais compris pourquoi tu ne t'entendais pas avec ta mère. dit-elle. 
-A vrai dire, je ne sais pas non plus. C'est comme si elle m'en voulait d'être ce que je suis. 
-Parce que tu es sa file. Tu n'es pas un homme, tu es une femme et pour elle tu dois pas te comporter comme ça. Tu sais j'agis comme ça avec mes parents et quand je leur ai dit que je voulais être militaire et qu'ils ont accepté ça a tout changé, je me suis sentie moins agressé et oppressé.
-Donc, tu penses que je devrais leurs dires . Ma mère me tuera avant même que je m'engage. Mais mon père je ne sais même pas comment il pourrait réagir...
-Après, tu fais ce que tu veux tu sais, mais je pense que tu devraisleurs dires, ça te soulagerait d'un poids énorme. 
-Je dois y réfléchir je pense. 


Aurore avait peut-être raison finalement. Je ne suis pas comme ça parce que j'essaie d'être une dure à cuire mais plutôt parce que j'ai peur de la réaction que pourraient avoir mes parents vis-à-vis de ce que je souhaite faire de ma vie. J'ai peur que ma mère se sente blesser du fait que je ne finisse pas ma vie comme elle le veut. Si elle voulait contrôler ma vie c'était peut-être parce qu'elle sentait que j'étais à la dérive. Elle voulait sans doute m'aider d'une certaine manière.

« Je suis un soldat »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant