Chapitre 4

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Le restaurant était l'un des plus cotés du pays. En entrée j'avais pris ce que j'aimais manger particulièrement quand je sortais de chez. Du coeur de laitue de gésier, avec des morceaux de magret de canard, des petites tomates avec un filet d'huile d'olive. Je me régalais à chaque fois que je mangeais un morceau de ce plat. J'aimais surtout manger les gésiers bien chauds avec la salade qui était très froide. En plat chaud j'avais commandé une énorme tranche de bifteck avec une sauce tartare avec une montagne de frites et de salade. Des frites bien dorées, bien chaudes, bien croquantes. Un bifteck grillé avec cette sauce qui était parfaitement associée à la viande. Une explosion de savoir chaude et salée dans ma bouche qui déclenchait un énorme feu d’artifice.Le dessert était tout aussi bon, tout aussi généreux, tout aussi magique. Il n'y avait rien de mieux qu'une assiette de vingt profiteroles au chocolat avec un coulis de chocolat bien chaud et une tonne de crème fouetté. Cette glace vanille fondait parfaitement dans la bouche avec ce coulis de chocolat et cette crème. Honnêtement je ne savais où toute cette nourriture allait dans mon corps, et je savais très bien que j'allais probablement regretter ce merveilleux et parfait repas dans quelques jours quand j'allais reprendre mon jogging.  

-Ma chérie, tu ne parles pas ? demanda mon père.

-Je mange, ça change du pudding. 

Ma mère me regarda avec un air assez bizarre, assez vexé. 

-Ce n'était pas pour t'attrister maman. dis-je. 

-Oui, je sais. Répondit-elle. 

-Et si on parlait de ton avenir ? demanda mon père. 

Je me demandais parfois s'il ne me poussait pas à révéler ce que je voulais faire. Mais j'évitais tout le temps le sujet pour éviter que ma mère se mette à pleurer ou je ne sais quoi d'autre. Elle pourrait bien crier en plein dans le restaurant ou balancer son assiette sur mon père ou sur moi. Elle en aurait été capable. Mais je répondis avec un sourire nié : 

-je n'ai pas encore décidé.

Mon père retourna manger à pleine cuillère sa crème au chocolat et ma mère prit sa fourchette pour prendre des fraises dans son bol. Je les regardais tous les deux, ils avaient l'air un peu triste comme si j'avais dit quelque chose que je n'aurais jamais dû dire.


-En fait...commençais-je. 


Mes parents levaient leurs yeux vers moi. 


-En fait, je veux changer d'école. Je ne veux plus aller à l'école publique je veux aller à l'École militaire, je veux aller au lycée avec Aurore et les autres. 
-Non! dit ma mère. 
-Pourquoi pas ? lui demanda mon père. C'est vrai, de toute façon son frère y est allé, pourquoi elle n'irait pas ?
-Parce que. 
-Ce n'est pas une réponse. 
-On ne va pas s'engueuler ni parler de ça maintenant.
-Si maman, c'est le moment de parler de ça. 
-Alors, c'est non. 
-Je veux l'y envoyer. rajouta mon père. Ça pourrait lui faire du bien de voir d'autres personnes qui peuvent comprendre les souffrances d'une vie militaire. 
-Oui, mais...
-Tu penses à toi encore une fois. J'inscrirais notre fille là-bas.
-Apparemment je n'ai pas d'autres choix, je dois accepter, je suis encore seule face à vous.

Un silence glacial s'installa à table. C'était comme si j'avais lancé une bombe atomique en plein dîné et qu'elle avait tout détruite sur son passage. J'étais assez désolée de tout, je pense que j'aurais causé exactement les mêmes dégâts en annonçant mon choix de carrière. Ma mère avait juste peur que je devienne comme eux, militaire, prête à vouloir tuer des gens et à me faire tuer. Elle ne voulait pas que sa fille devienne comme son fils ni son mari.

Mon père se leva et partit de la table pour aller aux toilettes. Il me laissa à table avec ma mère qui était pratiquement en train de me fusiller du regard car j'étais consciente que mon père ne pouvait rien me refuser. 

-Il y a une phrase qui dit "J'ai vu cettetempête d'étoiles dans tes yeux, comme si on avait appuyé sur l'interrupteur pour remettre tes sens en éveil." et quand tu as parlé d'entrer dans cette école j'ai vu cet émerveillement dans tes yeux. Je suis déçue, déçue que tu veuilles aller dans cette direction-là, je pensais que tu voulais aller dans une école publique et faire des études publiques. 

-je n'ai jamais voulu ça, c'est toi qui l'as voulu pour moi, pas moi !

-Ne crie pas. 

-Pourquoi ? Parce que tu décides tout moi et que je n'ai pas un mot à dire . 

-Je ne choisis pas ta vie.

-À peine tu fais que ça à longueur de journée ! Tu choisis mes fringues, mon école, mes études, ma coiffure jusqu'à la déco de ma chambre. Tu t'en rends pas compte ! Tu veux juste pas que tout le monde crève autour de toi c'est pour ça que tu choisis tout pour tout le monde. Ça a changé quelque chose pour mon frère . Non ! Et pour papa ? Non plus! Alors arrête et mêles-toi de tes affaires, tu s, tu es juste ma mère! 

-Juste ta mère ? 

-Tu'as tout choisi de ma vie. Comment tu veux que je te considère comme tu as tout choisi ?

Elle ne dit plus un mot. Elle attendait que mon père revienne et sortait son chéquier. Il revint quelques minutes après s'être absenté avec un énorme sourire. 

-Chéri, je vais dans la voiture tu peux payer . 

-Oui bien sûr mais...

Ma mère se leva et prit son sac. Elle se dirigea vers la sortie du restaurant alors que mon père demanda l'addition. Il ne chercha pas à comprendre car il devait se douter le pourquoi elle était partie comme une furie du magasin. 

-Je suis désolée papa. 

-tu n'as pas à être désolé, jamais. Tu dois garder la tête haute, tu ne dois jamais être désolé à part quand tu tus quelqu'un que tu chérissais, à part quand tu s un aumônier qui vient annoncer une mauvaise nouvelle. Tu ne dois pas dire que tu es désolé, tu ne dois pas. C'est comme ça qu'on vit, c'est comme ça qu'on grandit, en apprenant de nos erreurs, pas en étant désolé parce que les excuses ne doivent pas être dites si elles ne sont pas pensées et tu ne les penses pas je le sais. Un soldat n'est jamais désolé tu comprends ?

« Je suis un soldat »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant