Chapitre 3

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Penelope 

 Couché sur la largeur de mon lit, mes jambes dans le vide à partir de mes chevilles, et mon appétit assouvit d'un bon repas, je rêvassais. Ce qui ne m'arrivais que très rarement à vrai dire, tant que mon père passant dans le couloir, une corbeille de linge sale à la main, cru qu'un virus m'avait atteint. Mon visage se pencha dans sa direction sans qu'aucune autre des parcelles de mon corps se meuvent. 

 "Je vais bien. Papa poule improvisé" 

 "J'ai toujours su que le costume de père ne m'allait pas au teint"Me répondit t'il d'un ton railleur. 

 Je ris en le regardant affectueusement. Mon père était la seule personne encore vivante capable de me provoquer ces réactions. Son doux caractère, aimable était aisément perceptible à travers ces yeux bridés. Il n'était pas très grand, la peau brune, un physique athlétique pour son âge, et toujours vêtu d'un pull fin et d'un jean. Mais il avait avant tout un comportement de nounours, s'occupant de mes moindres besoins à la perfection. Je n'avais en aucun point son caractère. C'était ma mère qui avait pris soin de m'inculquer ses airs cyniques et son sens de la répartie intraitable. 

 Ma montre affichait 20 h. 

Pour être à l'heure au rendez-vous j'aurai dû partir dès à présent, je le savais. Mais seulement, mon esprit s'allouait depuis maintenant une heure dans une partie de ping-pong incessante, entre l'option : ne pas aller au rendez-vous et rester fidèle à ma personnalité insensible et égocentrique ; ou bien me laisser tenter par le joli minois de cette inconnue. Dans mon quotidien cette hésitation n'aurai pas eu lieu, en revanche dans mon quotidien habituel je n'aurai suivis personne et encore moins proposé un lieu de rencard. J'ai pensé rencard ? Sérieusement mais qu'est ce qui m'arrive. Je me levais soudainement et soupira. Poussé par l'envie de comprendre pourquoi elle me mettait dans cet état. 

 Qui disait début de printemps, disait soirée fraîche, j'enfilais donc un pull couleur chaire et un manteau m'arrivant en bas des cuisses. Puis descendis les escaliers de notre petite maison de ville, en bas de celui-ci la cuisine à gauche et en face le salon.

 "Je sors boire un verre Papa !" 

 "Attention ma fille l'alcool ça rend malade, la drogue c'est dangereux, mais les filles sa c'est fatale !"

 Il sortit de la cuisine, une serviette sur l'épaule tel un super quinquagénaire au foyer, et vint me câliner. 

 "Non ça te vas définitivement pas le rôle du patriarche sévère" Lui dis-je moqueuse.

  "Bon c'est vrai qu'une cuite de temps en temps" 

 Je lui tapais l'épaule plaisamment. 

 "Tu es irrattrapable. Et pour une fois prend exemple sur moi et sort de ta cuisine !" 

 Il sourit, mais je pouvais voir se dessiner sur son visage une grimace semblable à un bambin pris en flagrant délit de vol de bonbon à l'étalage. Puis il se dédommagea in extremis : 

 "Et comment ferai-je ma salade de choux japonaise, et mes makis à l'avocat, dont tu ne peux te passer ? Hein ?" 

 "C'est vrai que le repas de ce soir était tuerie, à croire que tu es un véritable Japonais" 

 Je lui fis un bisou sur la joue. 

 "Je ne rentrerais pas tard, promis" 

 "Tu rentres à l'heure qui te chante ma fille" 

 La relation avec mon père à toujours été évidente, il avait une confiance aveugle envers moi, comme j'avais envers lui. Je marchais jusqu'à l'arrêt de métro et compris que j'aurai un bon quart d'heure de dépassé sur l'horaire. Mais je ne m'inquiétais pas vraiment je savais que cette fille dont j'ignorais encore le prénom allait m'attendre et après tout me laisser désirer était l'une de mes spécialités.

One year leftOù les histoires vivent. Découvrez maintenant