Josie
Ces derniers jours, avaient été passés entre mon ancienne chambre et la nouvelle. Les cours ne m'intéressaient plus vraiment, et à vrai dire personne ne me poussait à y assister. À quoi bon perdre son temps à apprendre des choses si je ne survis pas à cette année. J'avais regroupé une trentaine de livres, films, séries à voir depuis 1 ans, et à vrai dire, je passais une partie de ma journée dédié à cela, le reste se divisait en deux : les instants passés avec ma jumelle et les autres profitant de la fille aux cheveux de jais fraîchement débarqué. Avec Lizzie, tout semblait lisse, pourtant en sous-couche, je ressentais toujours cette aigreur envers elle, essayant d'en déceler inlassablement l'origine. J'enfermais ces pensées dans une cage dorée, croyant de temps à autre que je glissais doucement vers une mauvaise version de moi-même. Parfois, les mots traversèrent presque mes lèvres, mais par peur de les faire fuir, je me taisais. D'ailleurs, ces deux-là avaient réussi l'exploit de ne pas être rentré en contact. À chaque fois qu'elle pouvait entrevoir son ombre, Lizzie filait. J'avais fort à penser que cela arrangeait ma copine. Entre elle et mon père, je savais que c'était une histoire de temps, afin que les deux s'entendent. En revanche, entre elle et mon double, il faudrait qu'un miracle se produise. Enfin, les miracles étaient plutôt rares ces temps-ci. Cela faisait une semaine que nous avions changé de fuseau horaire. Et derrière ces approbations de soit disant bien-être, je pouvais sentir dans la résonance de sa voix une douce peine que je ne parvenais pas à combler. C'était dans une petite tourmente que j'avais trouvé une idée peu originale certes, mais que j'en étais sûre elle apprécierait.
"Et où vas t'on comme ça ?"
"Je ne te le dirais pas, c'est une surprise."
Enjouée, je saisis sa main pour sortir du manoir. Nous passions devant la fontaine, à côté, le fameux menhir qui nous rappelait les souvenirs de nos débuts. Il y a presque 10 ans. Caché derrière ce rocher, comment aurait pu t'on se douter des épreuves qui nous attendait ? Je pouvais faire la même remarque à cet instant, car dans les prochains mois, un avenir incertain se profilait. Nous empruntions ensuite un chemin qui s'enfonçait dans une forêt dense, entre conifères et chênes. Je marchais à grand pas, sentant la chlorophylle dans mes poumons. La fraîcheur des sous-bois venait me picoter la peau par grandes caresses. Cette ambiance bucolique berçait mon âme. Je fermais les yeux, profitant de l'instant. Sa main dans la mienne, me rappelait que je n'étais pas seule entre ces bois comme à mon habitude. Puis au bout de ce long chemin, une fine rivière venait l'encombrer gentillement, de quelques pierres et plusieurs branchages. Au-delà encore, les arbres se séparaient comme pour laisser passer une lumière plus claire. La même que nous avions un temps oublié, dans cette parenthèse tamisée que nous avait offert les feuillages abondants, malgré ce mois de Juin. Cette lumière si habituelle, présentée de cette façon, semblait plus belle. Je lâchais sa main et m'élançai. Sautant sans savoir vraiment si mes chaussures seraient salis ou non une deuxième fois. Ce ne fut pas le cas, je me tournais en sa direction victorieuse. Son regard m'aimait, même si je me doutais qu'au fond d'elle, elle puisse trouver ce comportement immature. Je me fous de l'immaturité ! Laissez moi être immature encore dix ans ! De temps à autre, je parlais à cette personne, que nous tous autour du globe, nous l'appelons d'un nom différent. En ce qui me concernait, je ne le nommais pas. Mais lâchement, plus le temps avançais et moins je doutais de son existence.
"À toi !"
"Facile à dire, tu as vu les deux immenses jambes sur lesquelles tu es perché !"
Je compris qu'elle allait réciter une formule latine, à la vue de la réflexion se dessinant sur son front.
"Non pas de magie ! Juste toi"
"Vraiment ? Quel est l'avantage d'être une sorcière alors !"
"Saute !"
Insistais-je affectueusement, voulant la faire sortir de son allure distinguée, que son école avait trop modelé à mon goût.
"Bien"
Concéda t'elle à mon intention. Elle chercha sur son corps quelque chose à retrousser, à rabibocher afin de souiller le moins possible de tissus. Mais avec un tee-shirt et un short en flanelle, c'était peine perdue. Elle considéra alors le cours d'eau, semblant calculer un angle d'attaque, la profondeur de celui-ci... Enfin elle s'élançait avec encore plus d'entrain que j'avais pu le faire, certainement motivé par un refus de tacher quoi que ce soit posé sur sa peau. Le départ semblait parfais, mais l'atterrissage fus fortement compromis. Son premier contact avec le sol se fit trop cours, elle glissa sur la surface boueuse. Je bondis pour la rattraper. Une main au niveau de son tatouage (sur l'avant-bras) et l'autre entraîné autour de sa taille jusqu'à l'épaule. Grâce à un équilibre approximatif, aucune de nous deux n'atteignit le sol. Son rictus de frayeur se mouva en un rire joyeux en un quart de seconde. Nos corps étaient si proches, qu'elle ne pus s'empêcher de m'embrasser, entre deux rires. Ces lèvres étaient pulpeuses et douces, et je dois dire qu'elle embrassait divinement, elle le faisait comme si chaque baiser était le dernier. La piste finissait sur un champ verdoyant sans culture. Il fallait avancer à l'ombre des arbres jusque quelques mètres pour apercevoir un drap rouge avec la grande enseigne de la Salvator School en jaune, et dessus quelques coussins et des boites ou notre repas de midi se trouvait. J'avais ensorcelé le tout pour que cela soit visible uniquement à travers nos yeux. Elle me regarda conquise.
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One year left
Fiksi PenggemarJosie vient d'avoir 21ans, et après des années d'hésitations elle décide d'aller rendre visite à son premier amour. Mais qu'elle est son étonnement lorsqu'elle se rend compte que Penelope, ne se souvient en rien d'avoir un jour croisé son chemin. Il...