Les deux garçons marchaient côte à côte dans la rue, un espace raisonnable entre eux. Enfin, leurs mains se frôlaient de temps à autre, mais rien de plus. Ils se jettaient de furtif coup d'oeil, se demandant à quoi pouvait bien penser l'autre.
C'est Thomas qui rompit le silence en premier.- On fait comment une fois là bas ?
- On improvise.
- C'est à dire ?
- J'ai pas de dico sous la main, sinon je t'aurais lu la définition d'improviser.
Thomas soupire fortement, sans regarder le blond.
- Je sais ce que veut dire improviser crétin, je me demande juste si on devrait pas avoir un plan au cas où.
Newt lève les yeux au ciel.
- On ne sait même pas dans quel endroit on va tomber, contre qui on va devoir se battre pour récupérer Teresa, et dans quel état sera ta soeur, et tu voudrais qu'on prévoit un plan ? Et c'est moi le crétin ? Ça t'arrive de réfléchir sérieux ? T'es vraiment con quand tu t'y mets, je te jure.
- Ça va calme toi. Je disais ça comme ça, réplique Thomas, vexé.
Newt lui jette un bref coup d'oeil. Thomas a les sourcils froncés, les lèvres pincées et paraît complètement ailleurs. Le blond soupire un coup, attirant l'attention du brun.
- Excuse. Je suis en train de péter un câble. Trop de pression sur moi. Ma mère va me tuer en voyant qu'on est quand même partis, j'ai peur de ce qu'on va devoir affronter et puis je m'inquiète tellement pour Teresa. Je suis désolé si je te parle mal, c'est pas parce qu'on est censé se détester que je dois passer mes nerfs sur toi. Excuse-moi Thomas.
Thomas le regarde avec les yeux écarquillés. C'est la première fois que Newt s'excuse. Qu'il s'excuse devant quelqu'un du moins. Et c'est à lui qu'il dit pardon en plus.
Alors Thomas sourit.
Il sourit parce qu'il se sent privilégié. Et parce qu'il a vraiment l'impression qu'ils sont en train de faire la paix, et pour de bon cette fois.Sans un mot de plus, les deux garçons continuent d'avancer, les pensées plus légère néanmoins. Ce n'est qu'une longue heure de marche plus tard qu'ils arrivent à la lisière de la forêt Scortch. La pression qui s'était effacée pendant un instant revient encore plus forte.
- Et si elle était pas là, dit soudain Thomas en observant les arbres bouger au rythme d'une légère brise.
- Teresa ?
- Oui. Imagine qu'ils soient partis avec elle ou-
Newt le prend par les épaules et se place devant lui, son regard encré dans celui du brun.
- T'arrête tout de suite. T'arrête de paniquer. Ça sert à rien de commencer à s'inventer des histoires. On va trouver les connards qui l'ont capturé, on va les détruire un à un, et on va sa tailler de là avec Teresa ok ? On peut plus reculer Tommy, c'est trop tard pour faire marche arrière. On va la retrouver, je te le promets.
Thomas passe ses bras autour de la taille du blond et le sert contre lui. Surprit, Newt ne bouge pas d'un poil. Puis, sentant une douce chaleur passer dans son bas ventre, il se laisse aller à l'étreinte et passe ses propres bras autour du cou de Thomas.
- Merci Newt. Merci d'être là alors que tu pouvais pas me saquer. Merci de pas me lâcher alors que je dois t'emmerder 99% du temps. Merci de m'aider à retrouver ma soeur.
Newt sourit et se détache de Thomas.
- Fait gaffe tocard, t'as faillis me faire pleurer.
Thomas rigole et remet son sac à dos correctement sur ses épaules.
- Bon, finit les beaux discours. On y va ?
- Je crois que de toute manière on a plus que ça à faire.
Les deux garçons se lancèrent donc un dernier regard avant d'entrer dans la forêt.
Une odeur d'humidité et de sapin les frappa de plein fouet. La forêt était fraîche et des frissons parcouraient la peau de Thomas. Newt n'était pas mieux. Il serrait les poings tellement fort sur sa batte que ses jointures en devenaient blanche. De temps à autre, un craquement de branche les faisait sursauter et ils se mettaient sur le qui-vive une ou deux minutes, avant de se rendre compte que c'était tout simplement un oiseau. Les arbres s'agitaient au dessus d'eux, et plus ils suivaient le sentier, plus Newt avait l'impression que la forêt devenait sombre.
Ils marchaient, sans un mot. Ils ne faisaient aucun bruit. Même leurs respirations étaient silencieuses. Le bruissement des feuilles, le piaillement des oiseaux, leur chaussures crissant sur le sentier, tout paraissait de plus en plus glauque aux yeux de Newt. Olus ils avançaient, plus il se disait "Mais qu'est ce qu'on fait là, on aurait dû laisser la police s'en charger. Mais qu'est-ce qu'on fait là, mais qu'est ce qu'on fait là putain ?"
Il était tellement tendu qu'un rien lui faisait tourner la tête.
Et il faillit faire une crise cardiaque quand Thomas prit soudainement son bras pour l'arrêter.- Quoi, murmure Newt en regardant partout autour de lui.
- Le buisson, dit Thomas dans un souffle. Le buisson, il vient de bouger.
Il montre doucement du doigt un buisson sur le côté gauche du sentier. Très fournit, le buisson se met à remuer. Comme si une bête se cachait dedans. Une grosse bête.
Le coeur de Newt accélère d'un coup et sa respiration se fait irrégulière. Il sent Thomas trembler à ses côtés. Sa prise sur la batte se raffermit. Le buisson bouge de nouveau, plus fort cette fois. Instinctivement, leurs mains se retrouvent et leurs doigts s'entrelacent. Le buisson bouge encore une fois, remuant tellement fort que des feuilles en tombe.Quelque chose surgit alors du buisson. Newt brandit sa batte au dessus de lui en poussant un cri qui rejoint celui du brun. Sans pour autant lâcher leurs mains, Thomas se mit dans une pose de ninja complètement ridicule, le poing en avant.
Leurs cris s'atténuent peu à peu en se rendant que c'est un simple lapin. D'ailleurs, la bête a fuit aussi vite qu'elle est arrivée en entendant leurs hurlements. Newt reprend son souffle en fermant les yeux. Il sent Thomas se détendre à ses côtés et soupire de soulagement.- On a dû faire fuire toutes les bêtes à proximité, lâche Thomas en posant la main sur son coeur.
- Et attirer les mauvaises personnes je pense, continus Newt en rouvrant les yeux. Faut continuer.
- Tu sais, dit Thomas, je pense qu'une planque de dealeurs ne se trouve pas sur un chemin emprunté par des familles ou d'autres personnes.
- T'es en train de me dire qu'il faut qu'on aille dans cette forêt humide et moite, demande le blond avec une grimace. Et qu'on s'écarte d'un sentier quelque peu rassurant ?
- Tu veux retrouver Teresa oui ou non ?
Le blond soupire et fait oui de la tête avec conviction avant d'entraîner Thomas dans la forêt. C'est à cet instant qu'il se rend compte que leurs mains sont toujours liées.
Et bizarrement ça ne le dérange pas plus que ça.Bien au contraire.
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I Hate you, I love you
Fanfiction.Publiée le 13 novembre 2018 Le mot "opposé" semblait avoir été créé pour eux. Des caractères bien définis, des valeurs humaines et une morale leur étant propre. Mais surtout, tant de différences physiques les discernaient l'un de l'autre. Un blond...