Chapitre 26 : journée difficile

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Lundi 21 Juillet, 17h00.
Tim est en train de fermer la grande porte du cinéma. Habituellement, il ne les fermes qu'à partir de 23h00, Rebecca et moi sommes vraiment étonnés de ce changement d'habitude.

Il n'y a pas eu beaucoup de monde aujourd'hui au cinéma, il faut dire que cela devient une habitude. Chaque jour, nous perdons de plus en plus de clients et cela en devient frustrant. Tim semble continuellement stressé et il passe la majeur partie de son temps enfermé dans son bureau, ce qui ne lui ressemble pas.

Il s'approche de nous, d'un pas lent et non-assuré. Ses mains viennent se déposer sur le comptoir derrière lequel nous nous tenons debout Rebecca et moi. La tête baissée vers le sol, Tim prend une grande inspiration.
— Il faut que l'on discute les filles. Rebecca et moi nous échangeons un regard inquiet et nous contentons de hocher la tête.

— Nous t'écoutons Tim. Rebecca prend la parole après un long moment de silence malgré notre acquiescement.

— Avant tout de chose, je tenais à vous remercier pour l'incroyable travail que vous avez fait jusqu'à présent au cinéma, vraiment. Sans votre aide cet endroit n'aurait jamais pu continuer un temps soit peu de fonctionner. Il marque une pause dans sa phrase. Je sens que Rebecca est crispé et aussi stressé que je le suis. Nous savons toutes les deux de quoi Tim va nous parler. C'est une décision que je n'ai pas prise à la légère, j'y ai longuement réfléchi et malheureusement je ne vois pas d'autres solutions : Il faut que je ferme le cinéma. Nous le savions. Rebecca et moi savions que le cinéma ne tournait pas assez et qu'il risquerait de fermer d'après l'attitude de Tim ces derniers jours, mais nous n'osions pas y croire.

— Tim, il n'y a vraiment aucune autre solution ? Fini par dire Rebecca, visiblement émue.

— Comme je vous l'ai dit, malheureusement non les filles. Il n'y a rien que nous puissions faire, les caisses sont vides, les clients fuient de jour en jour et je ne peux plus assurer le financement du cinéma, cela me revient trop cher. Ses yeux sont humides et nous pouvons clairement distinguer des larmes dans le coin de ses yeux gris.

— Tim, on doit bien pouvoir faire quelque chose tout de même ? J'essaie de faire revenir en lui une once de motivation et de détermination, mais visiblement rien ne pourra changer les choses. Il sert fortement ses mains sur le rebord du comptoir et souffle un long moment.

— De nos jours, les jeunes ne veulent plus visionner leurs films dans des petits cinémas comme le nôtre qui ne possèdent aucune des nouvelles technologies proposées par les grands cinémas. Ils préfèrent faire plusieurs dizaines de kilomètres plutôt que de privilégier les commerces et les loisirs locaux. Malheureusement, je ne peux rien faire pour ça. Il marque un temps d'arrêt pour nous regarder dans les yeux. Ils sont profondément encrés de tristesse et de désespoir, mon cœur se serre instantanément. Vous savez, ce cinéma appartenait à mon père qui le tenait de son père. J'aurais aimé pouvoir l'offrir à mon tour à mes enfants, mais je n'y arrive plus ... C'est trop dur de voir le cinéma se détériorer au fil des années et ne rien pouvoir y faire étant donné que l'argent manque terriblement. Je n'ai plus de quoi faire vivre ma famille et je me sens comme un incapable. Cette fois-ci, les larmes de Tim quittent ses yeux pour venir rouler sur ses joues. Il est à bout, nous le voyons bien.

— Tim nous sommes sincèrement désolées ... Si jamais nous pouvons t'aider pour quoi que ce soit, n'hésite pas, vraiment. Rebecca pose sa main sur l'épaule de Tim. Ce monsieur au grand cœur ne mérite tellement pas cet échec. Je sens les larmes me monter aux yeux.

— Comme je vous l'ai dit, les filles, ce n'est pas de votre faute. Il essuie ses larmes et nous fait un grand sourire, qui bien évidemment, ne nous convainc absolument pas. Je vous paierai bien évidemment pour le mois que vous venez de faire en ma compagnie.

Bitter LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant