23. Tant de secrets non révélés (corrigé)

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La journée se poursuit, et plus de trace de l'espion. Livia commence à se dire qu'elle a vu trop de films et que tout cela a dû lui monter au cerveau. Cependant, en rangeant son matériel à l'arrière des frigos de présentation de la boucherie, elle trouve un petit couteau qu'elle range discrètement dans sa poche de tablier. Cela peut toujours être utile ce soir. Après avoir rapidement passé un coup de tête à son patron pour lui dire au revoir et qu'il se soit assuré qu'elle serait là le lendemain pour faire son boulot, elle se dirige vers sa moto. Une seule voiture est encore stationnée à côté de l'épicerie. Elle sort son téléphone de son petit sac et d'un geste utilise l'appareil photo, tout en étant sure d'être discrète pour capturer la plaque d'immatriculation.

Elle monte sur sa moto, réfléchit à une destination assez éloignée de chez elle et qui lui permettrait de repérer quiconque essayant de la suivre.

Un endroit lui semble assez stratégique : au coin de la 16ème avenue, elle a vu un tas de maison abandonnées, sûrement par des propriétaires qui, étant donné le coût de la vie actuelle, ont dû se séparer de leurs biens. Elle s'y rend, tout en guettant à chaque moment dans son rétroviseur, à la recherche de la voiture.

Il ne reste plus qu'un kilomètre entre les maisons et elle, et toujours pas la moindre trace de l'automobiliste.

- Tu as trop d'imagination peste -t- elle contre elle-même, songeant à l'essence qu'elle vient de gâcher suite à ce détour monstre.

Elle s'arrête cependant au lieu-dit et commence à analyser le coin. Tout serait parfait pour un meurtre.

Au même moment, déboule à toute vitesse une voiture blanche dont l'immatriculation qui ne lui est pas inconnue. Et pour cause : il s'agit de celle du parking !

- Je le savais, espèce d'enculé ! murmure-t-elle.

Elle fait comme si elle n'avait rien vu, et continue de tapoter sur son téléphone, comme si elle était à la recherche d'une adresse où d'un contact. La voiture s'arrête un peu plus loin et se met en warning.

Il faut qu'elle le piège, pense-t-elle. Mais comment ? Une idée lui vient : entrer dans une maison et laisser la porte ouverte. Elle en choisit une maison au hasard et s'y aventure.

La demeure est vide de meuble, quelques graffitis ici et là prouvant

qu'il s'agit là sûrement d'un squatte. Des morceaux de joints presque finis, des seringues jonchant le sol. Un vrai coin de toxicomanes et de dealers sourit-elle tout effrayée cependant à la seule pensée qu'une seule personne pourrait encore s'y trouver...

Elle décide de visiter un peu plus et se rend à l'étage. Elle y découvre une pièce d'eau se fait découvrir, avec des dés robinetteries à moitié détruites et des préservatifs traînant sur le sol.

- Charmant, ricane-t-elle.

Soudain, un bruit se fait entendre, une porte qui claque, un verrou qui se ferme. Quelqu'un est entré dans la pièce.

Elle se fait discrète et décide de savoir qui est là. Il fait très clair dans la maison qui est baignée par les quelques rayons de soleil encore présents bien qu'on soit déjà fin décembre.

Une odeur de cigare lui parvient aux narines, ainsi que celle d un après- rasage de basse qualité, tels ceux qui sentent à 1000 km et qui sont repérables par tous. Elle arrive aux escaliers et tente de repérer l'homme. Rien, absolument rien...

Elle descend marche par marche, arrivant déjà sur le palier du bas, et essaie de le retrouver par l'odeur.

- Pire qu'un chien, songe-t-elle.

Elle s'avance dans ce qui semble être le salon, et s'arrête net. Il se trouve de dos, droit devant elle. A pas de biche, elle continue d'avancer, et comme prise de pulsion, elle l'attrape par le cou.

Surpris l'homme ne réagit pas de suite, et ne tente pas de se défendre.

- Qu'est-ce que tu me veux, crie-t-elle.

- Quoi ? De quoi tu parles vieille folle, hurle-t-il.

- Tu oses faire semblant de rien, avoue que tu me suis.

- oui, c'est vrai, c'est vrai, mais laisse-moi t'expliquer.

- Tu vas rien m'expliquer, tu vas t'accroupir ou je sers encore plus, à te tuer, j'en suis capable.

Il s'exécute et s'accroupit. Les mains de l'espion tremblent mais Livia est sous l'emprise de la haine.

Tout en sortant le couteau qu'elle avait caché dans sa poche, elle déchire un morceau de rideaux encore présent sur le carreau à côté d'elle et lui ligote les mains.

-Maintenant, on va parler dit-elle comme apaisée d'être celle qui domine la situation.

-D'accord, d'accord mais pose ton couteau. Je ne te veux aucun mal.

- Aucun mal, tu as conduit le taxi d'hier, tu étais au magasin aujourd'hui, tu me suis.

- En effet, et j'ai déjà eu deux possibilités de te tuer. L'ai-je fait ?

Elle recule, pensant à ce qu'il vient de dire.

- Une chance et si elle ne me convainc pas, je te la plante droit dans la jugulaire.

Il acquiesce, et semble reprendre des couleurs.

- Je te connais Livia, bien plus que tu ne crois. Et tu m'as connu aussi, il y a longtemps, tu es trop petite pour t'en rappeler.

- Mon prénom, comment le connais-tu, rage-t-elle. Et pour qui travailles-tu ,ajoute-t-elle.

- Je ne travaille plus pour personne mais il fut un temps où je bossais avec quelqu'un que tu connais bien. Très bien même.

- Kiss ?

C'est le premier nom qui lui vient en tête.

- Qui ? C'est ton copain ? Non je ne le connais pas. Je bossais pour John.

- Pour John?

- Oui, Oui pour ton patron. Il n'est pas aussi innocent que tu ne le crois, ou du moins il l'est devenu, mais crois-moi, quand je t'aurai raconté ce que j'ai à te dire, il n'aura plus autant de place dans ton cœur pour toi.

-Pourquoi me dire ça, pourquoi vous croirai-Je ?

- Parce que je connaissais aussi quelqu'un d'autre, quelqu'un qui te manque. Ton père.

C'est impossible, Mike et John se connaissaient donc avant ?! Mais pourquoi ne lui a-t-il rien dit ?

Soudain, elle se met à penser à la façon dont elle avait été engagée.

Rapidement, trop rapidement.

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant