19. Une nouvelle pièce du puzzle (corrigé)

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Il l'a entendue, elle en est certaine. Au moment où elle a hurlé, il s'est retourné et ce malgré le fait qu'il soit dans une autre pièce.

- C'est quoi ces murs en carton peste-t-elle.

Elle doit partir mais John va se poser des questions si elle ne revient pas. Et puis, il compte sur elle pour témoigner en faveur de Steeve.

Elle décide donc de faire comme si rien ne s'était passé et retourne dans la pièce où John est encore assis, les mains croisées sur ses jambes.

- Tu as été vite, dit-il taquin.

- Je les ai pas trouvés.

Son ton n'est pas le même, elle le sait, mais elle sent encore la rage en elle.

Un quart d'heure se passe, et toujours rien. Personne n'est venu leur dire qu'il fallait revenir le lendemain. Sur les nerfs, Livia décide de s'en aller.

- Je me barre, rouspète-t-elle.

- Non, ils vont pas tarder à revenir.

Mais il est trop tard, déjà Livia est debout et quitte la pièce. Tout en marmonnant, elle se heurte à un individu.

- Salut belle demoiselle, entend-elle.

Elle relève la tête, et son visage rougit. Elle lève la main qui atterrit aussi sec sur la joue de l'homme.

-Connard hurle-t-elle, avant de relever la main, prête à lui mettre une seconde gifle.

Par réflexe, il l'attrape sa main et lui serre le poignet.

- Tu t'expliques ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? T'es folle ou quoi ? La questionne-t-il. Deux fois connard en une demie - heure de temps, tu me sembles bien impolie, se moque-t-il.

- Joue pas au con Kiss, tu sais très bien ce que tu as fait. T'as été payé par qui ? Diego sans doute, continue-t-elle de crier.

- PAS ICI, et à son tour, il a hurlé.

Il l'entraîne par la main qu'il tient toujours et l'emmène dehors.

-Tu fais quoi là ? crie-t-elle, lâche-moi ou j'hurle encore plus fort.

- Ne sois pas bête, j'ai des choses à te dire et tu veux les entendre, alors soit tu fermes ta gueule et tu me suis, soit je te laisse là et advienne que pourra.

Elle est surprise par son franc parler et décide de lui laisser sa chance. Elle le suit avec tout de même une pointe de méfiance. Ils se dirigent tous les deux vers une ancienne Ford.

- T'as pas plus pourrie comme voiture.

Il sourit en lui ouvrant la portière avant de la rejoindre.

- C'est vrai qu'à coté de ta moto, je dois me taire.

- On parlera moto et bagnole plus tard, tu m'expliques, s'impatiente-t-elle.

- D'accord, mais promets-moi de te taire pendant que je t'expliquerai, et surtout garde tout pour toi.

Elle hoche la tête.

- Sache tout d'abord que je ne travaille pas pour Diego, il me dégoûte tout autant que toi. Oui, Eva, je sais que tu ne l'aimes pas, je l'ai remarqué directement.

- Livia...

- Quoi Livia, se demande-t-il.

- Mon vrai nom est Livia, je t'ai menti. Je ne voulais pas qu'on sache mon vrai prénom.

Il lui sourit, et elle le trouve encore plus beau qu'avant.

-Enfin soit, que tu sois Éva ou Livia, je m'en tape. Je te disais donc que je ne travaille pas pour lui, au contraire. Livia, je te le dis mais vraiment à mes risques et périls, je devrais me taire. Enfin voilà, il y a deux ans, j'ai intégré cette bande pour filer un trafic de drogue, sauf que je me suis rendu compte que l'histoire était bien plus grande que ça. Il n'y a pas que la drogue qui entre en jeu, il y a des femmes aussi. Diego n'est qu'un pion dans un système qui nous dépasse.

De nombreux policiers ont déjà essayé d'intégrer ce système, et ils se sont fait butter. Moi, c'est différent, je suis pas policier au contraire, je suis sorti de taule il y a 5 ans, sans avenir.

- De la prison, mais pourquoi ? Tu m'as l'air cool comme personne s'étonne-t-elle. Malgré le fait que tu aies buté mon ami.

-Je n'ai pas buté ton ami, vois-tu. Mais j'ai été obligé de sauver la peau d'Abbe qui sait beaucoup de choses, ton pote aurait pu le tuer et donc adieu les infos, mais tout ça tu comprendras plus tard. Ensuite pour répondre à ta question par rapport à la prison, Livia, as-tu déjà eu faim ?

Elle rougit de honte, et semble comprendre où il veut en venir.

- Et bien moi oui, j'ai pris un flingue et je suis entré dans une supérette. Prise d'otage sans victime, je devais faire 10 ans, mais on m'a confié une mission qui me permettrait de sortir plus tôt. Sauf que tous les jours je me rends compte que ma vie est encore plus entre parenthèses qu'avant. Chaque jour, je me dis : est-ce qu'on va capter que je suis là pour les mettre en taule ? Je risque ma peau tous les jours.

Pensive, Livia se demande le pourquoi de ces confidences.

- Pourquoi me dis-tu tout ça ?

- Parce que je sens que toi aussi tu as un secret.

En une seule phrase, Livia sent l'inquiétude la gagner. Il s'est confié, certes mais est-ce la vérité.

- Pourquoi te croirais-je ?

- Qu'aurais-je à gagner en te mentant ? lui répond-il du tac au tac.

Elle hausse les épaules, mais cela ne la convainc pas. Kiss comprend très vite qu'elle doute de lui.

- Je vais t'emmener dans un endroit où toute ma vie est racontée, ainsi tu me croiras. Me fais-tu confiance ?

Sa tête hurle que non, mais son cœur veut y croire.

- D'accord mais avant je dois faire quelque chose.

Elle sort un téléphone de sa poche, et cherche après le numéro de John.

'' Je te laisse tomber, excuse-moi, mais crois-moi je vais aussi aider Steeve à ma façon"

Elle range son téléphone et s'adresse à Kiss.

- Vas-y, mais écoute bien, un seul faux pas, et je n'hésiterai pas à te foutre autre chose dans la tronche qu'une simple gifle.

- Pas de problème mademoiselle.

Il se marre un peu d'elle, mais il saisit la menace et c'est dans cette ambiance tendue, que le jeune homme démarre la voiture.

Le trajet semble sans fin, dans l'habitacle le silence règne et ce jusqu'à l'arrivée. C'est dans une petite rue, à la sortie de la ville, que la voiture se stoppe. Kiss descend de la voiture et vient lui ouvrir la portière.

- Quel homme galant pour un ancien détenu ricane-t-elle.

- Touché-coulé lui répond-il le sourire aux lèvres.

Ils se dirigent vers une petite maison, un peu érodée par le temps. Kiss sort une clef de sa poche, et la tourne dans la serrure qui grince.

- Mets de l'huile mon vieux.

- Tais-toi un peu dit-il en la poussant vers l'intérieur.

Et quel intérieur, pas de meubles, aucune décoration, juste des plans, des journaux éparpillés ici et là. Seul un lit un peu miteux, un frigo et un chauffe-plat occupent le premier étage.

- Tu vis ici ?, s'inquiète-t-elle.

- Je vivais ici, avant de rentrer en taule, maintenant c'est ma planque.

- Ta planque ?

- Oui, parfois je viens ici, pour me rappeler d'où je viens. Viens, approche-toi.

Elle se rapproche de lui, et prend en main le journal qu'il lui tend. Ce journal relate une prise d'otage, la sienne. Une photo de Kiss plus jeune un peu cramoisie. Elle y voit un homme d'une vingtaine d'années, le visage vidé de toute lumière faisant face à l'appareil photo.

- Tu sais qui je suis, maintenant, c'est ton tour Livia, et crois-moi je ne lâcherai pas l'affaire.

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant