2. Dans le ciel, des milliers d'étoiles ( corrigé)

577 66 201
                                    


Les années se sont écoulées et Livia vit désormais seule dans un appartement. Ses parents lui ont laissé un petit héritage que ses grands-parents ont conservé jusqu'à sa majorité.

Elle n'a pas réussi dans la vie comme ses proches l'auraient sûrement souhaité. Oh, elle ne manque de rien, elle a de l'argent, peut-être même plus que certains jeunes qui ont terminé leurs études et elle le sait. Mais, à l'école, tous les jeunes la regardaient comme la petite victime, ce qui a eu le don de l'énerver et de lui faire quitter  l'enseignement.

Aujourd'hui, c'est dans le rayon boucherie qu'elle passe ses journées, tentant de faire quelque chose de sa vie. Elle ne se plaint pas, son patron est sympa et elle est plutôt bien payée. Si bien qu'elle a pour idée qu'il rajoute un peu sur son salaire chaque mois.

- Livia, tu peux y aller, ta journée est finie. On se revoit demain à neuf heures, l'informe son patron.

- Bien chef.

John sourit. Sa Livia, il la connait depuis maintenant huit ans. Jeune et perdue, il l'avait embauchée pour éviter qu'elle ne tombe dans les travers de la délinquance. Elle était arrivée en plein mois de septembre, proposant son aide pour la mise en rayon. Il avait tout de suite décelé une certaine souffrance chez cette jeune femme et il n'avait pas hésité à lui donner sa chance. Elle lui avait prouvé par la force de son travail, sa ponctualité et sa franchise que c'était le bon choix. Jamais il n'a regretté de l'avoir engagée.

Il la regarde. C'est une belle femme. Elle l'ignore, mais c'est vrai, elle est jolie. Blonde aux yeux bleus, elle a dans son regard une tristesse permanente, les ombres du passé semblent flotter le long de ses pupilles. Elle dégage cependant quelque chose de puissant, comme une aura.  Oh, ce n'est pas qu'il faisait d'elle une déesse ou un être dans ce genre, non, mais elle inspirait la confiance à qui voulait apprendre à la connaitre mais également de la méfiance à qui tenterait de s'en prendre à elle. Elle ne lui avait pas caché son passé, il savait tout. Du meurtre de ses parents à son côté turbulent pendant l'adolescence.

Elle enfile son casque et grimpe sur sa moto. Cadeau qu'elle s'est offert pour ses dix-huit ans, seul caprice qu'elle s'est autorisé depuis des années, comme si elle n'avait pas le droit de s'amuser, de vivre sa vie pleinement.

La vitesse, elle aime ça. Le vent qui fouette son visage et l'adrénaline provoquent en elle un sentiment de satisfaction, pourtant jamais elle n'a enfreint le code de la route ni mis sa vie en danger, et ce, pour une seule raison : si elle meurt, elle ne pourra jamais se venger. C'est la seule chose qui la nourrit.

Il est vingt heures quand elle arrive chez elle. Il fait sombre dans la rue, les réverbères ayant été pour la plupart détruits par les jeunes du quartier.

Elle n'a plus peur du noir. Elle n'a d'ailleurs plus peur de rien.

L'ascenseur ne fonctionne plus , en fait, elle doute même qu'un jour il ait fonctionné. Les escaliers sentent l'urine, et les marches craquent à chaque pas. Comme chaque jour, elle se dit qu'elle devrait en dire un mot au proprio puis lâche l'affaire. J'ai autre chose à foutre dans ma vie que de courir après un vieux riche qui loue ses trois immeubles, pense-t-elle.

Elle entre sa clef dans la serrure, mais elle tourne dans le vide. C'est déjà ouvert.

Quelqu'un est chez elle, il y a du bruit à l'intérieur. Un voleur ou un squatteur ou pire le tueur de ses parents, elle ne sait pas mais l'inquiétude la gagne car elle n'a rien sur elle pour se défendre. Elle peste contre elle-même d'avoir oublié son canif au boulot. Il pourrait lui être utile pour une fois.

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant