17. Il y a différentes façons de blesser un homme (corrigé)

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Il va le tuer, elle en est certaine. La rage doit avoir gagné son ami, et pour lui le seul responsable de la mort de sa mère ne peut être qu'Abbe. John la regarde, incrédule, il est vrai que ses deux employés ne lui ont rien dit, et c'est mieux ainsi.

- Steeve va surement vouloir tuer son beau-père, pour lui c'est à cause de ce type qu'elle a sombré dans l'alcool. Crois-moi Boss, si on ne va pas le chercher maintenant, il va faire une belle connerie.

Les explications semblent avoir suffi à John, qui hoche la tête.

- On y va avec ma caisse dit-il, tandis qu'elle se dirigeait vers la table où se trouvaient ses clefs.

- PUTAIN, LE CON hurle-t-elle. Il a volé les clefs de ma moto, ah l'enculé !!

- Livia, modère tes mots, on va aller le chercher, ne sois pas bête au point de lui en vouloir pour une bécane alors que ton ami vient de perdre sa mère, bordel !

Elle ressent une honte de s'être emportée et s'empresse de suivre son employeur qui déjà se dirige vers la porte. Tous deux courent dans les escaliers et arrivent devant la voiture de John.

***

Il fait sombre et l'odeur du sang imprègne encore la maison. Rien n'a été lavé, tout montre encore la mort de sa mère. Pourtant la porte est ouverte et les scellés ont été brisés, Steeve sent le parfum de son beau-père.

- ABBE hurle-t-il en entrant dans le salon. Tu es là ?

- Dans la cuisine, mon gars.

Cacher ses émotions, voilà ce qu'il doit faire, ne rien laisser paraître, prendre un couteau dans la cuisine et le saigner comme un porc. Son idée le fait sourire, il ne s'était pas imaginé si machiavélique. Ces années à traîner avec Diego vont surement lui servir aujourd'hui.

En entrant dans la pièce, il ne peut que se rendre compte de l'évidence : ABBE est encore ivre, ce qui lui facilitera la tâche.

- T'as vu ça gamin, y a un mec qui est mort ou quoi, rigole-t-il en pointant du doigt les traces de sang encore présentes.

- CONNARD rage STeeve. C'est plus fort que lui, il ne peut s'empêcher de l'insulter.

- Répète un peu ça petit con... s'emporte son beau-père, tu joues à quoi mon gars, tu veux que je te rappelle la dernière fois que tu as osé hausser le ton sur moi ?!

D'un mouvement sec, Steeve empoigne un couteau qu'il trouve sur le plan de travail, et s'approche, les yeux noirs, vers cet homme qui le dégoûte .

- Oh non Abbe, cette fois-ci, c'est toi qui vas découvrir qui je suis, tu vas voir ce que ça fait de tuer ma mère. Un meurtre, il y a plus de 16 ans ne t'a pas suffit, t'as pris du goût à tuer des gens, avoue...

Abbe recule, il ne reconnait pas le jeune homme qui se trouve en face de lui. Steeve n'a jamais été un tendre, c'est vrai, mais jamais il n'avait vu une telle hargne dans les yeux de cet ado.

- Quoi morte, qu'est-ce que tu me racontes?

- Oui, maman est décédée, ivre morte au sol et devine qui n'a pas été joignable ? Toi.

- Enfin fiston, je n'ai rien à voir avec ça, je ne suis quand même pas responsable de l'ivresse de ta mère ou du sol qui glisse. Panique-t-il. Et puis, de quoi tu me parles, je n'ai jamais tué personne. Pose ce couteau et on discute, comme des hommes.

- Non c'est vrai, tu n'es responsable que d'une chose : d'avoir fait de ma mère une prisonnière de l'alcool. C'est de ta faute et uniquement de ta faute et maintenant tu vas payer espèce d'enflure. Autre chose, ne m'appelle plus fiston, tu n'es pas mon père. Et bientôt, tu ne seras le père de personne d'autre.

***

La voiture file à toute vitesse, la nuit commence à laisser place au jour, emportant avec elle les marques de la tragédie qui s'est produite.

Les yeux rivés sur le paysage qui défile, Livia ne peut s'empêcher de penser à son ami mais aussi à son patron. Tous deux viennent de le fourrer dans une histoire bien trop lourde pour lui. Elle aimerait tout lui dire mais, cela l'empêcherait d'accomplir la vengeance qu'elle construit depuis des années. Il est trop tard pour reculer et bien trop tôt pour lui en parler.

- Livia, je veux que tu m'expliques. Comment sais-tu qu'il tient son beau-père pour responsable, la questionne-t-il.

- On en a parlé un jour, et il me l'a dit. Crois-moi John, je te dis ce que je sais.

Il hoche la tête mais ses expressions démontrent qu'il ne la croit pas. Tant pis pense-t-elle, au moins tu en sais, au mieux tu te portes.

Le silence demeure jusqu'à l'arrivée au domicile de Steeve. Tous deux entrent dans la maison, discrètement. Le soleil qui commence à montrer sa présence pointer, éclaire de ses faibles rayons la maison. Ils continuent leur exploration puis s'arrêtent net. Devant eux, à l'embrasure de la porte, une personne est allongée. Livia, ne voulant pas croire que son ami puisse aller jusqu'à l'assassinat continue son avancée.

- NON ! hurle-t-elle.

Elle se jette sur le corps immobile au sol...

- Ne sois pas mort, s'il te plait, ne sois pas mort.

John qui comprend la scène accourt.

- Livia laisse- moi voir s'il te plait.

Steeve est là, le sang dégoulinant de ses oreilles. John le palpe et essaie de le réveiller. Livia ne peut s'empêcher de pleurer. Son ami est là, devant elle, et elle ne peut rien faire.

- Il respire ma belle, il respire...

Il se retourne pour lui demander d'appeler les urgences mais il est trop tard, elle est déjà au pas de la porte, prête à enfourcher sa moto.

- A nous deux...

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant