7. La vie est un jeu pour tout le monde (corrigé)

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Il n'y a qu'une semaine qu'elle a décidé d'infiltrer ce gang, mais c'est devenu une obsession. Comme un drogué a besoin de sa dose chaque jour, elle veut sa dope à elle. La vengeance. Tout est planifié dans sa tête, comment elle entrera en contact avec ce groupe, comment elle enfoncera sa lame tranchante achetée il y a deux jours dans le cœur de celui qui a brisé sa vie... Elle veut ressentir chaque moment, chaque souffrance qu'elle infligera. La seule crainte qu'elle ressent, ce n'est pas la mort, mais que le tueur ait déjà péri sous la balle de quelqu'un d'autre. C'est sa cible à elle. Durant des années, elle avait imaginé la scène, lui ayant son couteau sous la gorge, la suppliant de lui laisser la vie, elle, de son coté, avec un rictus, lui ôtant.

- Livia, tu pourrais bosser au lieu de rêvasser, ce serait sympa, t'es pas payée à ne rien faire.

John la regarde d'un air mécontent tout en s'approchant d'elle. Il a l'impression de retrouver celle qu'il avait engagée quelques années auparavant. Depuis quelques jours, elle semble ailleurs ne prenant pas son boulot au sérieux.

- Sorry chef, j'étais dans mon monde là.

Elle avait failli dire dans son monde de meurtre et de sang. Heureusement, sa bouche avait filtré l'info, car avec ces mots-là, son patron aurait cherché le pourquoi de ses dires. Il est vrai qu'elle lui avait dit il y a des années son espoir de vengeance et que très vite, il aurait fait le lien.

- Ouai ma belle, mais t'es un peu trop dans ton monde depuis quelques jours, alors soit tu te bouges le cul, soit c'est mon pied qui va te le bouger !!

Il l'observe et il sourit. Il sait qu'avec elle, il peut parler franchement et cela se confirme par le sourire qu'elle lui renvoie.

La journée se passe, la jeune femme reste concentrée sur son boulot. Steeve de son coté est perdu au milieu de cartons que son boss lui a demandé de ranger dans la réserve. Il faut dire que John n'est pas le dieu du rangement et avoir un petit jeune à ses cotés est un bon moyen pour lui d'y remédier. Et puis il l'aime bien son petit protégé. Lui qui n'a pas d'enfants, c'est sa façon de refermer la cicatrice d'un homme qui aurait aimé léguer son petit magasin à sa progéniture et ajouter à coté de son nom sur l'enseigne "et fils" mais la vie avait fait que jamais il ne vive ce bonheur. Depuis, c'est dans l'aide vers les jeunes délaissés qu'il retrouve le goût de la vie. C'est ce qu'il avait expliqué à Livia quand elle lui avait demandé le pourquoi de sa gentillesse.

Vingt heures trente, le magasin ferme ses portes, mettant les employés à la rue. Chacun retournant à sa propre vie. Soudain, Lisa, l'une des caissières, propose une sortie :

- Les gars, ça vous dit une petite soirée ? Il y a un bar de style anglais qui vient d'ouvrir au bout de la rue, il a l'air super bien.

Livia hausse les sourcils, suivie de Steeve. La dernière phrase prononcée par leur collègue avait laissé supposer qu'elle connaissait déjà super bien l'endroit. D'ailleurs, elle connaissait tous les lieux où elle pouvait se faire remarquer. Grande, rousse aux yeux verts, elle attire l'œil des hommes et le sait. Par plusieurs reprises, elle s'était vantée de ses exploits sentimentaux, tenant une liste du meilleur coup au moins bon. Il lui arrivait même de dire que sa prochaine cible n'est autre que son patron avant de s'esclaffer.
- Pas pour moi, lança Livia.
Elle n'a absolument pas envie de sortir, de s'amuser, de voir du monde. Seul son appartement l'intéresse, et par dessus tout, elle n'a aucunement le souhait de partager un moment avec Lisa qui l'insupporte.

- Moi non plus, répliqua son jeune protégé.

- Allez les gars, ça va être super F.U.N, lâche-t-elle d'une voix mielleuse.

- Lisa, j't'ai dis non je crois. Va faire ton fun toute seule, je sais de toute façon que tu trouveras rapidement quelqu'un pour te consoler de la non venue de tes collègues.

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant