La vengeance pour oxygène (histoire terminée)

12. Toucher le fond (corrigé)

La nuit a été courte pour la jeune femme. Trop courte. Heureusement, c'est samedi et elle a congé. Depuis son réveil, Livia cherche sur internet un salon de coiffure. Son ami lui a bien précisé qu'elle devait changer de couleur.

- Trouvé lance-t-elle. Un salon ouvert dès huit heures du matin et sans rendez-vous.

Elle a réfléchi toute la nuit. Elle pourrait se contenter de ne faire qu'une coloration et ne rien changer dans la longueur, mais elle veut être quelqu'un d'autre.

Après une douche rapide, un petit déjeuner vitesse éclaire, elle grimpe sur sa moto.

Le salon de coiffure est à une demie - heure de chez elle. Elle passe à coté de son boulot et ne peut s'empêcher de se sentir coupable. Elle sait qu'elle va faire souffrir son patron, lui briser le cœur et la confiance, mais elle n'a pas le choix. Son envie de vengeance prend le dessus sur tous les sentiments qu'elle peut avoir.

- Je serai prête à donner ma vie, pense-t-elle.

Elle arrive à destination. L'institut est très flashy, la façade rose et un Hair-Style écrit en immense sur la devanture. Livia entre dans l'établissement et est aussitôt accueillie par la coiffeuse.

- Bonjour, dit-elle sur un ton très mielleux, que puis-je faire pour vous ?

- Je viens pour une couleur et une coupe, répond la jeune femme.

- Très bien, suivez- moi.

Elles se dirigent alors vers le bac à Shampoing.

- Qu'est-ce qu'on fait comme couleur ?

- Je ne veux plus du clair, foncez- moi tout ça... Il faut que ça change.

La coiffeuse rigole, et lance d'un ton humoristique :

- Un peu comme dans les films où les dames veulent changer de vie, et donc de coupe de cheveux. Mais vous savez ce qu'on dit : Une femme qui change de tête est une femme qui change de vie.

- Parait ouais, répond-elle d'un ton exaspéré.

Le shampoing commence, et très vite l'odeur très spéciale de la coloration se fait sentir. Livia se gratte le nez, histoire d'avoir un filtre l'empêchant de sentir le parfum qui la dégoûte.

- Ça ne sent pas bon, j'en conviens, s'exclame alors la professionnelle qui a remarqué l'écœurement de sa cliente.

Une heure passe, et c'est au tour du rinçage, puis de la coupe. Livia ne veut pas se regarder dans le miroir et a donc demandé à la gérante de le cacher et d'avoir la surprise quand tout serait fini.

- Très bien mademoiselle, répond-elle, on dirait une émission télé, j'aime bien. Mais qu'est-ce qu'on fait ?

- On coupe court dit Livia. Sur ces mots, elle lui tend son Iphone en lui montrant une coupe de cheveux un peu garçonne.

La coiffeuse la regarde, presque déçue de devoir couper une si belle chevelure. Puis d'un coup, elle attrape ses ciseaux et laisse tomber un énorme tas de cheveux au sol.

- C'est parti.

Les minutes semblent longues pour la jeune femme. Elle commence donc à réfléchir et à se demander si elle ne va pas trop loin. Et si son esprit de vengeance était tout simplement occupé de la rendre cruelle ? Elle se ravise. Plus de retour en arrière possible. Aujourd'hui elle rencontrera Diego, que cela lui fasse du mal ou non. Il faut qu'elle envoie un sms à Steeve.

Salut mec, tu vas bien ? Dis tu m'as pas dit quand, ni où on se voit pour ce soir.

La réponse est rapide.

Meuf, il est neuf heures, tu viens de me réveiller tôt pour un jour de congé. A l'heure actuelle, j'ai la tête dans le cul, donc je pense que vers midi trente ce sera ok.

Sa réponse la fait sourire.

Elle continue d'envoyer des sms avec son ami quand soudain une voix derrière s'élève :

- J'ai fini ! Vous êtes prête à voir le résultat ? demande alors la coiffeuse.

- Allons-y, répond Livia d'une voix ne pouvant cacher son inquiétude.

Le rideau tombe et Livia ne reconnait pas le reflet que dégage le miroir. Devant elle, une femme aux yeux bleus perçants, le visage découvert par une coupe garçonne n'ayant qu'une frange recouvrant son front. Mais ce qui la choque le plus c'est la couleur. D'un noir jais, ils ont la couleur des corbeaux qui tournent au-dessus de leur proie avant de foncer, comme elle.

- C'est parfait, termine alors Livia.

Elle passe au comptoir pour payer et regarde l'heure. Onze heures trente, il ne lui reste qu'une petite heure pour retrouver son ami. Elle a le temps de faire la route retour, de se changer chez elle et de le rejoindre.

- Il va être surpris pense-t-elle, un petit sourire aux lèvres.

Une fois chez elle, elle fonce dans sa chambre à la recherche d'une tenue excentrique. Elle trouve alors une petite combinaison très féminine, limite sexy mais d'une couleur noire. Elle lance sa play-list et se déshabille. Rolling in the deep résonne dans la chambre. Toucher le fond, c'est tout à fait ce qu'elle est en train de faire. Elle hausse les épaules à cette idée.

Sa moto, le moteur encore chaud de sa petite vadrouille, vrombit à nouveau dans la ville. Elle rejoint son ami, mais veut le prendre par surprise. Il connait sa moto, l'effet ne risque pas d'être le même s'il la découvre dessus. Elle se gare donc un peu plus loin du café, et entre dans le bistrot. Elle le voit, assis à coté de la fenêtre, regardant la vie dehors. Il a l'air anxieux.

- Salut beau gosse, murmure-t-elle en arrivant près de sa table.

Étonné, il se retourne vers la jeune femme et a un mouvement de recul.

- Livia, putain mais qu'est-ce que tu as fait ? crie Steeve.

Quelques clients se retournent en leur direction, pour regarder d'où vient ce hurlement.

- Ben tu le vois, j'ai changé de look répond-elle.

- T'as changé de tête tu veux dire, t'es comme un Playmobile ou quoi ? T'as une réserve de visage chez toi ? Non je sais, encore mieux, tu es une sans-visage comme Aria Stark, ricane-t-il.

- Qu'est-ce qui t'as permis de me reconnaître? questionne alors Livia.

Il la regarde, analyse d'un œil expert son amie.

- Tes yeux Livia, ils sont magnifiques et en même temps envoûtants. Livia, tu as beau être mystérieuse, ton regard dévoile beaucoup de choses répond-il.

Elle le fixe, étonnée de voir de plus en plus de maturité chez l'ado, qui depuis quelques jours se révèle. Il a raison, elle le sait, ses yeux vont être son arme de séduction. Ils ont vu la mort de ses parents, ils verront la fin de l'ordure qui a mis un terme à leurs vies.