Livia, ma chérie, qu'est-ce que tu as fait ?
-Je vous ai rejoints.
- Non ma chérie, tu ne peux pas...
Une douleur lancinante la sort de son sommeil. Tout est blanc autour d'elle, du lit aux murs. Elle prend quelques minutes avant de se rendre compte qu'elle n'est pas dans sa chambre, mais bien à l'hôpital. De faibles Flash-back lui rappellent les raisons de sa présence.
A côté d'elle, de légers ronflements se font entendre, elle tourne la tête dans l'espoir d'y voir Kiss.
- Bonjour grand-mère, dit-elle en s'apercevant qu'il s'agit de Lou.
En sursaut, celle-ci se réveille, et se frotte le visage.
- Joyeux Noël mon cœur lui répond-elle en se jetant à son cou.
Lou ne peut plus retenir ses larmes, elle a failli perdre sa petite fille, et pour des raisons qu'elle ignore encore.
- Joyeux Noël Lou, t'as vu j'ai voulu faire dans l'insolite pour cette année, tente Livia.
- Tu ne me fais pas rire, crois- moi espèce d'imbécile. Non mais tu te rends compte de la connerie que tu as faite.
- J'voulais voir si les couteaux de John sont bien aiguisés.
Lou ne peut retenir un petit sourire, elle préfère l'entendre dire des choses si bêtes plutôt que de la perdre.
- Ils m'ont l'air parfait pour le salami, pas pour ton bras.
A ces mots, elle prend le membre entouré de bandage de sa petite fille et lui montre.
- Regarde...
- Non j'en ai pas envie.
- Je vais chercher une infirmière, je reviens.
Une fois seule, Livia commence à réfléchir. Pourquoi Kiss n'est pas là, après tout il l'a un peu sauvée.
Elle cherche en vain après son téléphone, mais pas la moindre trace de son sac.
La porte s'ouvre, et déjà Lou est de retour, suivie d'un médecin.
- Bonjour mademoiselle, comment allez-vous ?
Livia ne prend pas la peine de répondre, préférant le laisser à son monologue.
- Bien, nous vous avons recousu tout le bras gauche, la plaie était bien profonde et un nerf a été touché. Vous devrez certainement faire de la rééducation, en ce qui concerne le passage du psychiatre...
- Je ne verrais pas de psy, gardez cela pour vos fous, merci. Lui répond-elle avant même qu'il n'ait puis lui donner la moindre information.
- Il serait pourtant préférable que....
- Il ne serait préférable de rien du tout, je vais reprendre mes petites affaires, et rejoindre mon appartement.
- Vous avez besoin d'un suivi psychologique mademoiselle, on ne se taillade pas le bras sans raison.
- Je verrais un psy quand je le voudrais et si je le veux. Suis-je obligée de rester ici ?
- J'ai vu avec votre grand-mère et j'accepte votre sortie, mais vous devez rester quelques jours chez elle, histoire de ne pas être seule.
Elle hoche la tête et fait mine de vouloir sortir du lit.
- Attendez mademoiselle, deux jours sans se lever, on ne prend pas de risques. Je vais chercher une infirmière qui va prendre vos paramètres et vous aider pour la sortie.
Il sort de la chambre et appelle la première infirmière qu'il trouve dans le couloir. Celle-ci arrive dans la pièce, prend la tension, le pouls et la saturation qui sont corrects.
- Très bien, vous allez poser les deux pieds au sol et regarder droit devant vous.
Livia exécute les ordres et très vite se retrouve à la salle de bain où elle retrouve ses affaires.
- Livia, je te laisse, lui crie sa grand-mère de l'autre côté de la porte. Je vais avancer la voiture, on se rejoint en bas à l'accueil.
La porte claque pour la cinquième fois de la journée, laissant enfin la jeune femme seule.
Après avoir enfilé les vêtements que Lou était allée chercher dans son appartement, elle sort du fond du sac son téléphone.
23 messages, 12 appels en absence. Après avoir fait le tri des messages de la famille, elle recherche ceux de Kiss mais rien, pas un sms, pas un appel.
- Connard, dit-elle en claquant son GSM contre l'évier qui lui brise l'écran.
Manquait plus que cela peste-t-elle.
Elle se regarde au miroir qui se trouve face à elle et ne se reconnait pas. Plus blanche qu'à l'ordinaire, elle a des cernes sous les yeux qui ne peuvent cacher la vie qu'elle mène.
Une fois prête, elle sort de sa prison blanche et se dirige vers l'ascenseur avant d'être interpellée par le médecin qui la vue quelques minutes auparavant.
- Mademoiselle, je dois vous voir encore quelques minutes, venez dans mon bureau s'il vous plait.
Interloquée, elle le suit et se retrouve dans un petit bureau pas plus grand qu'un placard. Un bureau et une commode où sont classées plusieurs fardes et un cadre montrant son diplôme habillent la pièce.
- Il faut que je vous parle d'autre chose, nous avons fait une prise de sang, et nous avons découvert que vous étiez enceinte d'au moins 2 semaines au vue de la présence des hormones. Est-ce cela la cause de votre tentative, vous savez qu'il existe d'autres solutions que de mourir, vous pouvez le faire adopter, avorter...
Livia n'écoute plus, elle ne veut plus rien entendre.
Elle ne peut pas avoir d'enfant.
Comment pourrait-elle donner la vie quand sa seule envie est de l'ôter à d'autres personnes.
- Faisons le partir, là maintenant, tout de suite.
- Je ne peux pas le faire comme ça, il y a tout un suivi à respecter avant.
Prenons rendez-vous pour la semaine prochaine.
- Non mais attendez monsieur ce n'est pas possible... Je me suis protégée tout ce temps.
- Pourtant les hormones ne mentent pas...
Il lui tend la fiche, et très vite elle hurle de rire.
- Savez-vous lire ?
Le médecin la regarde surpris par cette réaction soudaine..
- A moins que je ne me nomme désormais Hélène, je ne suis pas enceinte.
Honteux, il l'observe, il vient de faire une gaffe et s'en rend compte.
- Nous avons eu une autre patiente qui est entrée pour la même pathologie que vous, j'ai confondu les dossiers, je viens d'arriver dans ce service de psychiatrie.
- Pas la peine de vous excuser, on va juste supprimer le rendez-vous, et s'oublier.
Le médecin obtempère et laisse la patiente sortir.
Jamais elle n'aura d'enfant, la peur qu'elle vient d'avoir le lui confirme, et encore moins avec un abruti comme Kiss qui ne semble pas vouloir prendre de ses nouvelles.
VOUS LISEZ
La vengeance pour oxygène (histoire terminée)
Gizem / Gerilimc'était il y a 16 ans. Livia se souvient de l'odeur du sang. Elle se souvient de sa voix, de son tatouage. Elle a l'image de ses parents, allongés sur le sol. Leurs bouches ouvertes, un filet de sang qui s'écoule. Elle le traquera. Elle aura sa...