Fidèle à mon rituel, je me dirigeai vers le lieu de rencontre habituel près de la cantine, évitant soigneusement le chemin de son compagnon, dont la seule présence m'insupportait.
"Mais où étais-tu passée ? Je craignais que tu m'aies posé un lapin," lançai-je dès que Monica apparut.
"Je m'excuse, j'étais retenue par une affaire urgente," répondit-elle avec un souffle de contrition.
"Qu'à cela ne tienne, allons-nous restaurer, ma faim est insatiable," pressai-je, l'estomac criant famine.
Nous pénétrâmes dans la cantine où je m'emparai d'un plateau, y déposant un bol de frites dorées et une boisson fruitée pour apaiser mon appétit vorace.
"Procédons-nous comme à l'accoutumée, ou préfères-tu que nous nous retrouvions chez moi ?" demandai-je, anticipant notre routine.
Monica, perdue dans ses pensées, marmonna une réponse indistincte.
"Monica, je m'adresse à toi," insistai-je, cherchant à capter son attention.
"Oh, toutes mes excuses, je me perdais dans mes réflexions. Que disais-tu ?" s'enquit-elle, revenant à la réalité.
"Chez moi pour confectionner des pizzas, ou préfères-tu que nous allions chez toi ?" réitérai-je la question.
"Chez toi, ma demeure est actuellement envahie par ma sœur et ses amis," trancha-t-elle.
"Ne souhaites-tu pas te sustenter ?" m'enquis-je, remarquant son manque d'appétit.
"Je n'en ai guère envie, mais..." commença-t-elle, avant d'être interrompue par mon geste impulsif.
Je lui dérobai son bol de frites, les engloutissant sous son regard ébahi. Son rire cristallin face à ma gourmandise fut interrompu par ma langue taquine.
"Es-tu certaine que tout va bien ? Tu sembles préoccupée," lui demandai-je, inquiet.
"Ne t'en fais pas pour moi, c'est juste le stress de mon oral qui m'accable," confia-t-elle, tentant de dissiper mes craintes.
"Tu vas exceller, j'en suis convaincu," la rassurai-je avec confiance.
Elle espérait ne pas trébucher sur ses arguments, une inquiétude légitime avant une telle épreuve.
Une fois mon repas terminé, je me levai, suivant de près Monica que j'accompagnai avec soin jusqu'à la salle de son examen.
"Tu vas réussir, je n'ai aucun doute sur ta capacité à triompher, vieille branche !" l'encourageai-je avec un sourire complice.
"Merci, mais quoi ?" s'interrogea-t-elle, surprise par mon expression familière.
"Adieu !" m'écriai-je en prenant la fuite, sachant pertinemment qu'elle serait tentée de me poursuivre, mais j'étais déjà hors de portée.
Je quittai les lieux avec un sourire malicieux, prêt à commander avant de rentrer chez moi.
"Sayam !" l'appelai-je dès mon arrivée.
"Mon Dieu, es-tu indemne ?" s'inquiéta-t-il, le visage empreint de souci.
"Oui, mais pourquoi cette mine déconfite ?" le questionnai-je, surpris par son expression.
Il s'interrogea sur mon absence de réponse à ses appels, à quoi je répondis par une excuse banale : mon téléphone était déchargé.
Après un bref échange sur le déroulement de ma journée, Sayam exprima son désir de recevoir des nouvelles régulières de ma part pendant mes heures d'école.
"Pourquoi une telle requête ?" m'étonnai-je, intrigué par sa demande.
"Ne pose pas de questions et fais ce que je te demande," ordonna-t-il, énigmatique.
Je me retirai dans ma chambre pour me consacrer à mes exercices et savourer un hamburger succulent avant de contacter Monica.
La conversation qui s'ensuivit fut légère et ponctuée de taquineries, jusqu'à ce que nous abordions les préparatifs pour notre prochaine rencontre.
Après avoir raccroché, je me mis à l'œuvre en cuisine, préparant une omelette géante, un mets connu des fins gourmets.
"Sayam !" l'interpellai-je de nouveau.
Il se joignit à moi, et ensemble, nous évoquâmes la possibilité d'un voyage, une idée rapidement écartée en raison de ses obligations professionnelles.
Malgré son regret, Sayam promit de planifier des vacances dès que possible.
Je l'invitai à se joindre à moi pour le repas, mais avant cela, je mentionnai la nécessité de faire des courses le lendemain, une tâche que je prévoyais d'accomplir en compagnie de Monica.
Sayam, légèrement contrarié par cette perspective, accepta finalement ma décision.
Cependant, son inquiétude pour ma sécurité était palpable. Il me fit promettre de rester vigilante et de le tenir informé de tout événement suspect.
"Quand auras-tu confiance en moi, Sayou ?" le questionnai-je, cherchant à apaiser ses craintes.
"J'ai confiance en toi, mais pas en ceux qui t'entourent," avoua-t-il, protecteur.
Je lui assurai que je savais me défendre et que je ne fréquentais personne d'autre que Monica.
Sayam exprima son désir de ne pas être séparé de moi, une déclaration qui renforça notre lien.
Alors que nous nous enlacions, Sayam laissa échapper un aveu troublant : il avait contracté une dette auprès d'un individu peu recommandable, et le temps lui était compté pour rembourser la somme due.
La révélation de Sayam me glaça le sang : il avait mis en jeu ma liberté pour régler ses dettes.
"Quoi ? Tu vas le laisser me prendre ?" m'exclamai-je, horrifiée par l'impensable marché qu'il avait conclu.