Chapitre 3 (3/3): Mission Royale

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Surcouf héla Oscar, lui enjoignant de le suivre, et l'enfant interrompit sa partition, salua, et se dirigea vers le corsaire. La femme qui avait intrigué Surcouf en premier lieu se leva et se dirigea vers eux.

— Messire, s'inclina-t-elle très respectueusement devant le capitaine, surpris par la considération. Veuillez m'excuser du dérangement, mais c'est votre fils ? demanda-t-elle en désignant Oscar.

— Non, euh oui pardon, mon fils, oui, répondit le corsaire en se rappelant de l'avertissement du roi. Il voulait voir la cour alors, je l'ai emmené. Pardonnez-moi, mais je dois y aller. Oscar, tu viens ?

La femme parut marquer un temps d'arrêt à la mention du nom de l'enfant, elle s'apprêta à interpeller Surcouf, puis se ravisa en souriant.

— A bientôt, capitaine, dit-elle en lui adressant un clin d'œil.

Ils quittèrent le palais, et se dirigèrent vers les jardins du château où nobles de toutes sortes arpentaient les allées, profitant du chaud soleil de juillet, au bras d'une demoiselle de compagnie, souvent illégitime, sous le regard accusateur des jardiniers du Roi. Ils contournèrent la fontaine et descendirent la pente qui conduisait au bassin inférieur. Finalement, Oscar demanda à Surcouf ce qu'il portait sous le bras.

— C'est une carte du monde, répondit le corsaire. Le roi m'a confié une mission de la plus haute importance, mais trêve de bavardages, il m'a demandé d'être discret. A ce propos, si on te demande, tu es mon fils, ici, compris ?

Le garçon acquiesça, non mécontent de trouver en Surcouf une figure paternelle, du moins en façade. Ce dernier s'accroupit devant le blondinet, ébouriffa ses cheveux en signe d'affection, et l'attrapa par les épaules, adoptant un ton plus solennel.

— Bien. Maintenant, dit moi ce que t'a dit ton précepteur à propos de ta famille à Versailles. T'a t'il donné plus de précisions ? J'ai besoin de savoir.

— Il m'a dit de me rendre à la cour, et de demander à parler au garde-chasse de l'entrée Ouest. Là, il m'a dit de m'annoncer à lui et de lui raconter mon histoire.

— Bien, allons rendre visite à ce fameux garde-chasse. Je pense que nous sommes tous les deux impatients de découvrir l'histoire qu'il aura à nous raconter.

Ils arrivèrent devant une maison de pierre mal entretenue, dont le toit de chaume était percé en plusieurs endroits. Le lierre grimpait à sa guise sur les murs de la façade et s'infiltrait même dans les carreaux brisés du premier étage. Une chose était sure, la maison n'était plus habitée depuis un certain temps. Cependant, ils entendirent des bruits étouffés provenant du premier étage. Surcouf commanda à Oscar de rester en arrière et entra dans la demeure. Une épaisse couche de poussière recouvrait le sol du rez-de-chaussée, qui semblait vide, mais les bruits qui filtraient à l'extérieur s'intensifiaient à mesure que Surcouf s'avançait dans la pièce. Aux murmures étouffés qu'il entendait s'ajoutait le martèlement régulier du bois contre le mur. A pas de loup, Surcouf grimpa les marches de l'escalier qui menait à l'étage. Il poussa la porte de la chambre à coucher d'où provenaient les bruits et se retrouva confronté à une scène d'horreur.

Sur le lit, une paysanne en guenilles se débattait dans les bras d'un homme, Elle était à quatre pattes sur le lit, sa robe remontée au-dessus des fesses et ses bas déchirés pendant à ses pieds. Elle tentait de se débattre, mais l'homme la tenait fermement, bloquant ses bras d'une main et enfonçant sa tête dans les oreillers de plume de l'autre pendant qu'il la violait. L'homme, lui, portait de riches vêtements, et un pourpoint doré. Son visage crispé en un sourire sadique trahissait le plaisir qu'il ressentait à dominer ainsi la femme.

Un été en mer de Jade, Partie 1: Mission RoyaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant