Chapitre 14 : Grand Départ (3/3)

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Tournant sur lui-même à la recherche d'une issue, il aperçut alors l'objet de son salut. Acculé au bout du mât de beaupré, Oscar se débattait vaillamment contre l'un des Longs-Couteau, parant ses attaques de justesse, s'équilibrant en prenant appui sur l'étai du petit foc.

 Bien décidé à s'amuser avec le jeune garçon avant de l'achever, le pirate trancha d'un coup de sabre le cordage d'étai, déséquilibrant par la même occasion Oscar qui battit l'air de ses bras pour se rééquilibrer. Dents-Longues se rua sur le mât de beaupré et embrocha par derrière son ancien compagnon qui s'apprêtait à achever le jeune blondinet, puis rattrapa l'enfant de justesse, laissant le corps sans vie du pirate s'abîmer dans les eaux claires des Caraïbes.

— Merci, souffla Oscar.

— Il n'y a pas de quoi, petit, lui répondit le pirate, en ébouriffant affectueusement la chevelure du garçon.

Sur le pont, Singh achevait justement le dernier de leurs assaillants séparant sa tête du reste de son corps d'un mouvement circulaire de son katana. Surcouf passa en revue son équipage, s'assurant que personne n'avait été tué ou blessé. Fort heureusement, en dehors de quelques égratignures, ils étaient tous indemnes.

— Qui étaient-ils ? demanda-il. Pirates, assurément.

— Longs-Couteaux, précisa Zélia. J'en ai reconnu deux, qui parlaient au bar de La Veuve Éplorée, l'autre jour. Si je me souviens bien, ils avaient quitté leur confrérie à la suite de la rébellion de Jack O'Byrne, car ils refusaient d'être commandés par une femme.

Instinctivement, tous les regards des pirates se tournèrent vers Dents-Longues, qui les regardait, impuissant, les bras ballants, ne résistant qu'à peine lorsque les jumeaux, Alizée, Mériadec et Phaïstos se jetèrent sur lui.

— Qu'on le pende !

— Qu'on le noie !

— Qu'on l'abandonne ! hurlèrent des voix indiscernables dans l'assemblée.

Porté par les pirates en furie, le Long-Couteau fut conduit au bout du mât de beaupré, lesté aux chevilles de deux boulets, et prêt à être jeté par-dessus bord.

— Attendez, stop, arrêtez, hurla Oscar. Laissez-le, ce n'est pas lui !

— Comment ? demanda Mériadec.

— Comment peux-tu en être sûr, le questionna Hyppolyte.

— Il va falloir t'expliquer, jeune homme, conclut Zélia.

— Ça ne peut pas être lui, il n'est pas avec eux, enfin, il m'a sauvé la vie.

Les pirates se turent instantanément, surpris.

— J'étais acculé, j'allais me faire tuer, et Dents-Longues est venu et a transpercé mon adversaire d'un coup d'épée en plein cœur. Je lui dois la vie.

— C'est vrai ? demanda Zélia en se retournant vers le pirate.

Pour toute réponse, ce dernier haussa les épaules en signe d'évidence.

— Bon, dans ce cas, libérez-le, ordonna-elle aux gabiers français.

Ils débarquèrent les corps des pirates sur le Sloop, auquel ils mirent feu avant de reprendre la mer. Surcouf, après avoir pris soin de vérifier que tous les blessés légers aient été vus par le médecin de bord, remonta sur le pont, et trouva Mircea, assis, recroquevillé sur lui-même, adossé à un canon de quatre livres.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda le corsaire, s'agenouillant auprès de l'enfant qu'il avait juré de protéger.

Pour toute réponse, Mircea lui tendit sa rapière, dont la pointe était rougie de sang.

Un été en mer de Jade, Partie 1: Mission RoyaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant