Julie-Victoire Daubié
Connaissez vous cette héroïne du passé? Française qui plus est (et même Lorraine!) Juju-Vivi que je vous demande d'applaudir bien fort est la première femme à avoir passé et obtenu avec succès son bac, même si elle a du attendre longtemps que son succès soit reconnu. Il faut dire que les p'tits gars du gouvernement ont pas compris qu'on pouvait à avoir à la fois un cerveau et un utérus! Ça fait beaucoup dites donc!
Notre héroïne du jour est née le 26 mars 1824, dernière d'une famille de 8 enfants ( aïe aïe aïe la pauvre mère) dans le petit village rigolo de Bains les Bains, dans les Vosges. Son père est caissier à la manufacture royale de la ville et sa proximité avec les ouvriers fait réaliser à Julie V que l'instruction des plus modestes est une nécessité. Vous avez remarqué, dès son enfance on voit que ça va être une tueuse (tueuse de règles machistes, vous aviez compris bien sûr:)
Elle perd son père à un peu plus d'un an et sa mère part chez son père avec les enfants. A l'école, Julie Victoire est décrite comme têtue, studieuse et volontaire qui dit très sérieusement vouloir être savante... bien entendu, aucun de ses frères et sœurs la prennent au sérieux: « mais attends JujuVivi, tu peux pas! Une femme ça sert à faire des gosses, pas à lire des livres... ça se saurait si vous étiez intelligentes! » eh bien non, on ne le sait pas encore puisque personne n'a envisagé de laisser les filles essayer!! Heureusement son super grand frère croit en elle et lui enseigne le grec et le latin.
C'est comme ça qu'en 1844, elle obtient son Brevet de Capacités pour l'instruction publique supérieure et un certificat d'aptitude, jusque là le seul diplôme qu'une fille puisse avoir! (« Ça y est, elle est savante... maintenant personne voudra l'épouser ») et bien non, vous ne croyez pas que tout se fait en claquant des doigts!
Après avoir eu son diplôme pas terrible mais mieux que rien, elle enseigne comme préceptrice dans les Vosges et en Allemagne, et est remarquée partout grâce à son intelligence, sa soif d'apprendre et son envie d'enseigner. Déjà la, ils auraient dû se dire que c'était une super badass. Mais à l'époque, ils devaient avoir le cerveau lent (hahahahaha cerf-volant, excellent) pardon.
Elle écrit aussi sur la pauvreté des femmes tout en suivant des cours de zoologie à Paris. Grâce à son amie Marie d'Agoult plus connue comme Daniel Stern car elle était femme de lettre, elle fait de nombreuses rencontres dans le journalisme.
Et puis en 1859, alors que Julie Victoire semble enfin être satisfaite de ses connaissances, elle participe au concours des sciences et belles lettre de l'université de Lyon. Le sujet est assez vaste mais elle décide de traiter le thème de « la femme pauvre par une femme pauvre ». Sur les 23 candidats, des gens bien réputés, elle est la seule femme. C'est rigolo, son thème de mémoire est toujours d'actualité.... enfin c'est plutôt triste. Son audace dénonçant l'infériorité ambiante des femmes est saluée par le premier prix, une médaille de 800 francs. Elle proposait des solutions pour améliorer leur condition et a bluffé le jury grâce à ça!
Elle était alors institutrice mais son objectif était d'être professeure mais pour cela... ben faut avoir son bac! Elle devait donc s'attaquer à la montagne du bac, pas interdit aux femmes par la loi mais étant donné qu'avec 15 gamins t'as pas le temps de travailler... ben c'est la première à le faire. Elle a donc décidé de briser les codes et étant toujours dans la légalité, elle s'est présentée au bac à l'âge de 37 ans. Ça n'a pas été simple! Les universités de Paris et d'Aix en Provence la refusent parce qu'elle est une femme et c'est finalement le 8 juillet 1861 que l'université de Lyon l'accepte. Elle passe parmi les premiers candidats afin que de nombreux curieux ne viennent pas la regarder et est la seule femme. C'est une grande première! Les différentes épreuves consistent en version latine, composition latine ou française et des oraux sur sur toutes les matières. Dans l'ensemble elle s'en sort plutôt bien: elle a un total de six boules rouges (avis favorable), trois boules blanches (abstention) et une noire (avis négatif). Le système n'est pas sur 20 mais note par boules colorées. Elle décroche la mention passable et est la première BACHELIÈRE FRANÇAISE !!! Wohoooou champagne!
Enfin bon. Ne sautez pas tout de suite. Il lui faudra attendre le 17 mais 1862 pour obtenir son diplôme que le ministre, ce vieil abruti de Gustave Coulmont avait refusé de lui rendre. Oui, parce qu'il disait que sinon ça « ridiculisait le ministère de l'instruction publique ». Merci, Gustave, vas crever, bonsoir.
Victoire, son deuxième prénom elle peut le crier haut et fort! Grâce à elle le mot baccalauréat entre dans le dictionnaire et... en 1882, il y a 10 filles bachelières! C'est très peu mais déjà un superbe progrès pour l'époque. Cette super féministe ne s'arrête pas là! Elle devient une célébrité et c'est aujourd'hui grâce à elle que les filles sont les plus nombreuses à passer le bac. On parle d'elle dans des journaux, on la réclame en temps que journaliste sur des articles féministes... en 1866, son mémoire « la femme pauvre par la femme pauvre » est réédité en 3 volumes. En 1867, elle adresse même aux députés et sénateurs des requêtes de l'égalité salariale (on attend encore qu'ils ouvrent l'enveloppe hein) et demande le droit de vote des femmes, qu'il a fallu attendre encore pendant presque un siècle...
En 1869, elle revient sur le devant de la scène avec un nouvel objectif: passer une licence de lettre! Toujours refusée à l'université (on peut pas tout avoir mais on se demande ce qu'ils attendent... qu'elle leur décroche la lune?) Enfin licenciée à 47 ans et après avoir été acceptée à l'université de Paris. Elle songe après ça a préparer une thèse pour un doctorat sur la femme dans la société romaine. Malheureusement, la tuberculose la rattrape et elle meurt le 26 août 1874 alors qu'elle rédige son testament, sans avoir fini sa thèse. Elle est enterrée au cimetière de Fontenay le Château.
De nombreux auteurs lui ont rendu hommage: Jean Louis Debré la classe comme « ces femmes qui ont réveillé la France » ou « les oubliés de la république ». Un autre, Gilles Laporte, lui dédie son livre « le roman de Julie Victoire » et la décrit comme « longtemps oubliée, poussée hors des chemins de l'histoire par des hommes qui ne souffraient pas de voir une femme pénétrer dans l'univers qu'ils s'étaient appropriés ». Son nom a été aussi donné à de nombreuses écoles et places publiques.Pour celles qui comme moi vont passer leur bac, (aaaaah) rassurez vous en vous disant que c'est un honneur qu'on rend à notre super héroïne Julie Victoire Daubié qui nous a tracé la voie avec brio.
Merci d'avoir existé!
Je m'excuse, ces derniers temps si je ne publie pas, mais à l'image de notre super Julie Victoire, je passe mon bac! Donc pas trop le temps d'écrire un article.... désolée et à très vite!Et merci d'avoir lu aussi!😘

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Articles d'une féministe en colère
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