L'avortement en Amérique du Sud

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Après avoir passé un long moment sur l'Argentine, je vais essayer de faire un article plus global sur toute l'Amérique du Sud (et du coup plus court j'espère!) Bonne lecture!

«Actuellement, celles qui se trouvent dans cette situation de détresse [grossesse non désirée], qui s'en préoccupe ? La loi les rejette non seulement dans l'opprobre, la honte et la solitude, mais aussi dans l'anonymat et l'angoisse des poursuites. Contraintes de cacher leur état, trop souvent elles ne trouvent personne pour les écouter, les éclairer et leur apporter un appui et une protection.»
(Simone Veil)
L'Uruguay, Cuba et la Guyana (la Guyane française aussi mais elle suit les mêmes lois que la France) sont les trois seuls pays d'Amérique du Sud à autoriser l'avortement en toute circonstances. Trois. Sur quatorze. Comment faire quand on se retrouve avec un gamin dans le ventre à l'âge de quinze ans ou même en ayant pas de sous, pas de famille, pas de travail, des prédispositions à grossesse à risque? Comment faire si on ne veut pas de cette enfant sans se heurter à un mur législatif? Si seulement les politiques comprenaient... Sont-ils vraiment sur qu'il vaut mieux avoir un enfant en étant forcée et l'abandonner sur les marches d'une église, en accouchant seule et dangereusement plutôt que de ne pas en avoir du tout? Vraiment? Il vaut mieux gâcher la vie de l'enfant et la sienne plutôt que de le faire passer et ainsi se donner l'opportunité d'en avoir plus tard? Je me répète mais l'avortement n'est pas une partie de plaisir pour la mère. C'est pour elle que c'est le plus dur, et si elle en est menées à le faire, c'est parce qu'elle n'a pas le choix. C'est pas le truc qu'on fait en se disant: "oh ben tiens j'ai 5 minutes entre ma manucure et on rendez-vous chez l'esthéticienne, si j'allais me faire avorter?". C'est avant tout un geste altruiste puisqu'elles pensent à la vie de l'enfant et un grand courage puisqu'elles défient les regard de la société. Dans un témoignage d'une chilienne, j'ai pu lire les extraits suivants: « Tu te souviens d'elle ? Elle a acheté du misoprostrol sur internet pour avorter. Apparemment l'embryon est mort mais elle ne l'a pas expulsé. Elle a passé deux mois avec un embryon mort dans son utérus car aucun médecin n'a voulu l'aider par peur d'être accusé d'avortement. »
Elle a survécu, au moins physiquement. Elle n'avait pas les moyens de se payer un voyage médical. Elle n'avait ni les contacts ni les moyens de payer une faiseuse d'anges. Aucune solution. Elle aurait dû l'expulser d'elle même, mais comme beaucoup d'avortements clandestins, il y a eu des complications et elle n'a pas pu.
Selon l'OMS, entre 2010 et 2014 entre 4,7 et 13,2% des décès maternels au niveau mondial pouvaient être attribués à un avortement non sécurisé. Sérieusement, vous trouvez ça normal, vous?
Chaque jour des femmes meurent parce que l'Etat et/ou la religion imposent leurs règles sur leurs utérus.
Chaque jour des associations féministes viennent en aide aux femmes en situation de grossesse non désirée et ce malgré les risques encourus.
Chaque jour des députés, sénateurs ou simples politiques essaient de faire marche arrière sur le droit à l'IVG.
Que l'on soit pour ou contre l'avortement, cela ne changera rien à la situation : les femmes avortent et continueront d'avorter !
Ce n'est pas un devoir mais un droit humain. Dire qu'on est un pays libre mais refuser le droit à l'avortement, je ne considère pas que ce soit la liberté. La liberté, c'est une situation d'une personne qui n'est pas sous la dépendance de quelqu'un (opposé à esclavage, servitude), ou qui n'est pas enfermée (opposé à captivité).
Quelqu'un à le numéro des politiques? je les appelle immédiatement pour leur rappeler la définition. Ah non, j'oubliais! Une femme qui est enceinte, que ce soit par viol ou par erreur de préservatif est toujours fautive. Fallait pas écarter les jambes ni mettre de jupe, écoute!
Voici donc la liste des pays d'Amérique Latine autorisant le droit à l'avortement. Ne vous inquiétez pas, il y en a peu!
On y retrouve:

La Guyana: la législation quant à l'IVG est assez particulière:
Une femme peut avorter: jusqu'à la 8ème semaine de grossesse sans problème, de la 8ème à la 12ème semaine, seulement s'il existe un risque pour la santé de la femme ou du fœtus, ou si la grossesse a eu lieu malgré l'utilisation d'une méthode de contraception, de la 12ème à la 16ème semaine, seulement en cas de danger pour la santé de la femme ou du fœtus et après la 16ème semaine, seulement s'il a des risques très graves pour la santé de la femme ou de fœtus.
→ International Planned Parenthood Federation (en anglais)

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