JIA-LYHN :
Il veut savoir, c'est son droit. J'hésite à lui parler de ma nouvelle condition. Comment va-t-il me considérer après ? J'ai peur qu'il réagisse mal. J'ai peur qu'il finisse par me détester. Mes mains tremblent, il faut que je lui réponde quelque chose. Alors je me décide :
« - Quand je suis partie la dernière fois que nous nous sommes vus, je me rendais chez ma tante pour les vacances. Nous avons eu un accident de voiture grave. Il pleuvait, ce jour là, et il y avait du tonnerre et des éclairs dans le ciel. Je me souviens que c'était effrayant. Notre voiture a échoué sur un panneau de signalisation et la foudre est tombée dessus, en se répandant dans tout le véhicule où j'étais encore. J'ai reçu une énorme décharge électrique et mon corps s'est retrouvé entouré d'un champ puissant dont je pouvais entendre les crépitements sur ma peau. J'ai cru que j'étais morte. Mon père m'a expliqué que c'était le cas. Mon coeur s'est arrêté de battre quelques minutes, avant de repartir. Personne ne pouvait me toucher. J'ai perdu connaissance et j'ai été hospitalisée. Quand je me suis réveillée, j'ai compris que j'étais dans un hôpital spécialisé, je constatais que j'avais des pouvoirs. Entre autre, je manipule l'électricité. Je suis sortie de l'hôpital et certaines personnes ont essayé de m'attraper pour faire des expériences sur moi. Mon père m'a isolée dans un sanctuaire avec des moines bouddhistes. J'ai appris à contrôler mon pouvoir pour réussir à vivre une vie normale. Pour faire court, je suis revenue au bout de trois ans chez moi, pour découvrir que ma mère est morte de chagrin et que tu étais parti étudier à l'étranger. J'ai vécu quelques mois normalement, et mon pouvoir a été découvert. J'ai été prise en charge par le « hangar » l'endroit où je vis en ce moment en m'éduquant à devenir un agent de ce gouvernement parallèle. Voilà ce qui m'amène auprès de toi, aujourd'hui. » Je me tais.
J'ai préféré tout lui expliquer en une fois. Il ne réagit pas. Cela fait beaucoup d'informations à emmagasiner. Est-ce qu'il me croit ? Je réalise en expliquant la situation à haute voix que cette histoire reste incroyable. Je prends place en face de lui. Il est parti dans ses pensées. Je serais curieuse de savoir ce qui capture son esprit. Je baisse les yeux, maintenant il connaît mon histoire. J'attends encore quelques minutes, mais il ne réagit toujours pas. Alors, je décide de quitter la table. Il m'interrompt dans mon mouvement :
« - Attends ! »
Je stoppe net. Je me tourne vers lui.
« - Je n'aurais jamais imaginé ce que tu viens de me raconter. Il faut que je digère la nouvelle. Je t'en ai voulu de ton absence et d'aucune justification. Mais, ton explication éclaire mes questions. Je comprends ton absence désormais. Comme j'ai tellement souffert pour l'instant je ne suis pas prêt à te pardonner ! » Il m'achève.
Il se lève de table et regagne sa chambre. Je reste seule dans la salle. Je soupire. Je décide de me coucher également. Je suis désolée de la situation. Mais que pouvais- je faire ? Je n'ai pas choisi d'avoir cet accident, je n'ai pas choisi d'avoir ses pouvoirs ! Je subis, je suis une victime. Je serre les poings, je me révolte intérieurement.
Des larmes coulent sur mes joues. J'aimerais que Tao me pardonne. Je finis par m'endormir une fois mon chagrin apaisé. Il y a du bruit dans la cuisine. J'ouvre les yeux, m'étire. Puis, je me remets la situation, Tao est chez moi. Je me lève et me prépare pour petit-déjeuner. C'est mon père qui l'a préparé ce matin.
Je l'accompagne à manger. Tao n'est pas levé. Je m'enfonce dans mon désespoir. J'espérais qu'il tourne la page. Il est rancunier. Je souris nerveusement. Je sors, j'ai des cours à suivre. Mon collègue me tape l'épaule alors que mon esprit s'égare vers l'homme que j'aime. Le revoir a ravivé mes sentiments pour lui. Je pose ma main sur mon coeur. Les cours sont inintéressants aujourd'hui. Le temps semble stagner. Nous nous entraînons au combat. Je n'en peux plus de cette perte de temps. Je parle ainsi parce que j'aimerais être avec lui. Mon inattention me vaut de prendre un coup de coude dans les côtes. Je me tords de douleur. Je secoue la tête. Je prends enfin part au combat. Je me défends contre mon adversaire qui est fort.
J'esquive des coups, comme je l'ai toujours fait également dans ma vie privée. Shin Tae est un collègue et ami proche de moi. Il sait quand je vais mal. Il sait quand il doit me soutenir. Et ce matin il use de tous les stratèges pour me divertir de ma tristesse profonde. D'avoir revu Tao me fait encore plus souffrir qu'avant. Il semble un peu paumé dans sa vie, je veux dire, il se consacre à ses expériences, mettant de côté sa propre vie. Hier soir, j'ai constaté qu'il n'était vraiment pas bien quand il est allé se coucher. Est-il malade ? Je l'aime, mais je ne connais rien de lui. Je ferme les yeux, je ne veux plus voir mon désespoir en face. L'image que le miroir de ma vie reflète n'est que détresse, tristesse, rancune, remords, oui surtout remords que ma mère soit morte par ma faute. Je baisse les bras, en fait. J'en suis consciente, la seule personne qui pourrait me remotiver, c'est lui. Mais, il a dit qu'il n'était pas disposé à me pardonner.
Je m'accroupis ma douleur est très pesante tout à coup, je ne la supporte plus. Je me mets à genoux devant mon destin, je prie pour qu'il soit meilleur. Mais avec ma différence, il ne peut pas en être autrement que la déception. Tao ne m'acceptera pas comme je suis, je prends la mesure de la perte que je vais devoir subir. Il ne pourra plus jamais aimé "un monstre" comme moi. J'ai changé, j'ai mûrie et j'ai souffert. Mon insouciance, mon audace, mes caprices n'existent plus que dans le plus profond de ma mémoire, à la bonne époque où j'étais trop égoïste pour me rendre compte à quel point j'étais heureuse. L'amour que j'éprouve pour lui est resté intacte au fil des années et demeure le trésor le plus précieux que je possède désormais. Même un amour à sens unique, je m'en contente.
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Aimez vous ce chapitre que je trouve émouvant ?
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Un destin hors du commun / Zitao
FanfictionJ'ai vingt quatre ans. Je vis à New York depuis plusieurs années. Mon père et moi-même avons emménagés ici, suite à l'accident de voiture que nous avons eu. Depuis, cet accident, ma vie a complètement changé. Mon coeur s'est arrêté de battre quelque...