Ça y est, le jour J. J'étais assise sur le siège passager de la Ford à Gwenaëlle. Il était 19 heures et nous étions en chemin vers la villa de Pauline. La nuit n'allait pas tarder à tomber. Nous étions « ravissantes », selon les termes de ma meilleure amie, et la mère de Gwen avait même rajouté « sublime ».
Mais tout ce succès n'était attribué qu'à Gwen, évidemment. Elle avait choisi nos vêtements de A à Z et m'avait revêtu de la tête aux pieds. Chaque détails, minime soit-il, avait été choisi avec soin. N'importe quoi! Il n'y avait bien que Gwenaëlle pour en faire tout un plat!
En effet, à peine une heure plus tôt, j'étais vêtue de jeans, avec un T-shirt vert lime et des baskets. Je venais de quitter la maison pour me rendre chez ma meilleure amie à pieds. Je n'ai pas eu le temps de sonner qu'elle m'a ouvert la porte à toute vitesse. Et vous auriez dû voir son visage quand elle m'a vu! Je serais prête à parier qu'elle a frôlé la crise cardiaque.
-C'est quoi, ses fringues? avait-elle dit, après avoir retrouvé l'usage de la parole, les bras croisés sur sa poitrine, en me dévisageant.
-Ben quoi? ai-je rétorqué innocemment.
-Qu'est-ce qui cloche, chez toi? Regarde un peu ce que tu as mis! a-t-elle dit, les yeux ronds.
J'ai penché la tête pour voir ma tenue. Comme je ne trouvais rien d'anormal, j'ai simplement haussé les épaules. Elle s'est alors approchée de moi en m'examinant fiévreusement, comme si elle tentait de déterminer si je ne m'étais pas assommé la veille.
-Ton chandail est taché, on dirait du.. jus de raisin? Et regarde-moi ses souliers tout troués!
J'ai haussé les épaules en détaillant mes habits.
-Le confort avant tout, ma chère! ai-je rétorqué en relevant la tête , le sourire aux lèvres.
Gwenaëlle a secoué la tête, visiblement découragée.
-Crois-tu vraiment que je vais te laisser déambuler chez Pauline avec ces atrocités sur le dos?
Sans me laisser le temps de riposter, elle m'a prise pas le bras et m'a emmené dans sa chambre. Elle a rapidement verrouillé la porte à double tour, comme si elle craignait que je me sauve en courant. Elle m'a ensuite obligé à m'asseoir sur le pied de son lit. En soupirant, j'ai obéi, sachant que je n'avais aucune chance d'échapper à mon sort. Gwen a ouvert la porte de son immense penderie parfaitement organisée. Découragée, je l'ai suivi des yeux pendant qu'elle farfouillait dans sa jungle à vêtements, comme si la fin du monde était proche.
À peine deux minutes plus tard, ma meilleure amie est revenue de son périple, des tas d'accessoires dans les bras. Elle m'avait déniché une super robe – un peu trop courte à mon goût – ainsi que des tas de bijoux et accessoires et, quel cauchemar, une paire de souliers à talons-aiguilles. J'ai dû apprendre à marcher avec ces trucs dans les pieds en dix minutes! Et cela n'avait vraiment pas été de tout repos. Mais après quelques chutes et bien du dur labeur, j'étais arrivé à un résultat plus ou moins présentable. Ma démarche n'était pas top, mais elle en restait néanmoins potable. Il ne restait plus qu'à espérer ne pas m'écrouler sur le tapis de danse.
Mais, je devais bien l'avouer, Gwen avait l'oeil pour ce genre de truc. La robe que j'arborait était magnifique. Elle était bleu turquoise et légèrement moulante. Les bretelles sur mes épaules descendaient jusqu'au bas de mon dos, ce qui laissait entrevoir ma musculature. Les paillettes argentées sur mes paupières faisaient ressortir mes yeux vert émeraude et mes cils assez épais. Mes mains étaient ornées de bracelets et de bagues, et les talons-aiguilles argent s'agençaient parfaitement avec mon ombre à paupières. Mes cheveux bruns étaient relevés en un chignon raffiné, ce qui dégageait ma nuque. Finalement, mon collier porte-bonheur était suspendu à mon cou, et ses diamants brillaient de mille feux.
Mais comparé à moi, Gwen était absolument superbe! Elle portait une longue robe blanche fendu sur un côté, d'où on pouvait apercevoir sa jambe. La robe n'avait pas de manches ni bretelles, mais recouvrait sa poitrine. Elle portait elle aussi des souliers à talons-hauts, mais contrairement à moi, elle savait comment s'en servir. À son cou était suspendue une petite chaine dorée qui s'agençait parfaitement avec ses boucles d'oreilles créole de la même couleur. Question maquillage, elle avait opté pour un simple trait d'highliner, ce qui soulignait ses yeux bleus. Finalement, ses cheveux châtains et légèrement vagués étaient détachés et tombaient élégamment sur ses épaules dénudées.
Et il n'y avait pas que moi qui avait eu le souffle coupé devant nos looks. Sheila, qui était venu nous rejoindre chez mon amie, avait même eu la larme à l'oeil (ou presque)! Après avoir repris ses esprits, elle nous a passé tout un sermon sur les règles de sécurité, les limites, et j'en passe. Avant de nous laisser partir, elle nous a refilé tout une liste de numéros à appeler en cas d'urgence. Et celle-ci était interminable!
Enfin, moi et Gwen avions pu prendre la route. J'étais dans mes pensées quand des bribes de phrases me sortirent de ma torpeur. Nous étions arrivés sur place, et la rue était bondée de voiture. Gwenaëlle se gara à quelques pâtés de maison de la villa de Pauline.
Elle arrêta le moteur et s'extirpa de la Ford. J'en fis de même.
-On va devoir marcher, Cél, clama-t-elle en regardant au loin, un sourire en coin.
Je poussai un soupir de désespoir.
-Argh, je n'avais vraiment pas besoin de ça! répondis-je en pointant mes talons-aiguille pour me justifier. Je vais avoir tout un tas d'ampoules.
Ma meilleure amie ricana et commença à marcher. Je lui emboitai le pas tout en essayant de garder mon équilibre.
*
Nous arrivâmes enfin chez Pauline. Pour ne pas mentir, il semblait y avoir une tonne de monde à l'intérieur de la villa. Des lumières multicolores se succédèrent à un rythme frénétique et fusaient de partout dans la maison. De la rue, on pouvait déjà entendre les basses de la musique. Un peu plus et le sol aurait commencé à trembler, j'en étais sûre. Il semblait y avoir de l'action. Beaucoup d'action. Gwen me pris la main.
-Tu parles d'une fête, ça à l'air incroyable! On va s'amuser comme des folles, ce soir.
En regardant la bâtisse, je n'en étais plus aussi sûr. L'intérieur me semblait saturé de population, de musique et de bruit. Il n'y avait pas de doute que l'atmosphère serait étouffante. J'étais loin d'être dans mon élément.
-Mouais, je ne suis plus aussi sûr que je l'étais, dis-je, sûre à présent que je ne sortirais pas de là sans migraine. T'es sûr que c'est une bonne idée? Peut-être que Sheila..
Gwenaëlle m'interrompit et posa un doigt sur mes lèvres, me jaugeant d'un air sévère.
-Tuh tuh tuh, je ne veux pas entendre tes excuses. Tu as peut-être la frousse, mais croit moi, on va s'éclater. Aujourd'hui, c'est notre soirée. Et puis, on restera ensemble toute la veillée! Alors mets tes inquiétudes de côté et fais-moi confiance, tu veux bien? Et surtout, je ne veux plus t'entendre dire le nom de ta mère ce soir, compris?
Bon, elle n'avait peut-être pas tort. Ce n'était peut-être pas une mauvaise chose. Après tout, c'était une première pour moi. Je n'avais jamais expérimenté ce genre d'activité. Je me laissais influencer par ce que je pensais. Et ma meilleure amie avait raison : nous allions rester ensemble durant la soirée. Je lui faisais confiance. Alors, à quoi bon s'en faire?
Et puis, je n'avais pas appris à marcher avec ces talons d'un mètre de haut pour rien.
-D'accord, cédai-je finalement en souriant à mon amie.
Nous nous avançâmes vers l'entrée de la maison et avant même d'avoir pu faire quoi que ce soit, la porte s'ouvrit et Pauline apparut, le sourire aux lèvres et les bras tendus vers nous.
-Vous voilà! s'exclama-t-elle, les bras ouverts. Que la fête commence!
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La dernière magicienne (En pause)
FantasyCélena, une jeune fille de 17 ans, mord dans la vie à pleines dents. Adoptée dès son plus jeune âge, l'adolescente mène une vie ordinaire jusqu'au jour où elle le rencontre. -Qui es-tu?, lui demande-t-il brusquement. -Je suis... Célena? renchérit-el...