Chapitre 18

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Hunter

« Moi qui condamne, mal insensé,
Allié et ennemi de mon coeur meurtri,

Culpabilité tu es là,
Tour à tour tu deviens,
Refuge ou souffrance,
Tu es refuge parfois oui,
Et un enfant se cache derrière toi,
Pour ne pas voir qu'il a tué,
Un enfant se blottit dans tes bras,
Sans percevoir ta cruauté,
Tu es souffrance aussi,
Doucement, lentement,
Tu t'insinues dans le coeur, dans la tête,
Lentement, perfidement
Tu m'enserres dans tes anneaux de malheur,

Culpabilité tu es là,
Sûre de toi tu me cries dessus, tu hurles,
Tu n'as qu'un mot à dire,
Pour m'anéantir,
Tu le chuchotes, tu le susurres,
Tu l'enfonce dans mes blessures,
Jusqu'à temps que je crois en toi,
Et que vienne le dégoût de moi,

Culpabilité tu es là,
Allié, ennemi, il va falloir se battre,
Tu es fière de toi, tu nies toute mes batailles,
Tu balayes mes peines en me disant coupable,
Ennemie, ennemie,
Je gagnerai sur toi,
Contre ton regard accusateur,
Je lancerai mes pleurs d'enfant,
Tu as entendu, pleurs d'enfants innocent,
Tu es mon ennemi,
Celui qui me hante jour après nuit,
Mais alors je me le répète,
Je n'étais qu'un pauvre enfant »

*

Droite, direct, crochet. Coup de pieds de côté, double saut avant gauche. Uppercut, direct et coup de coude sur la tempe. Feinte sur le côté, puis droite. Et le meilleur pour la fin. Élan, saut en 360 degrés, puis coup de poing fatal sur le sternum.

J'envoyai valser d'un coup le sac de frappe noir. Fier de mon coup, je m'écrasai contre le sol froid en dalle de pierre de la salle d'entrainement. Haletant, je passai une main sur mon front trempé. Je fixai le plafond en souriant. Je m'étais amélioré. Plus je m'entrainais, plus j'étais maitre de mes mouvements. Et plus j'avais de moins en moins besoin de ma magie. Certes, je n'étais pas un guerrier. Je n'avais pas le gène dans le sang que certain avait. Mais je progressais rapidement. Et c'était tout ce qui comptait.

Je fermai les yeux, me concentrant sur ma respiration pour en calmer le pouls. Après quelques secondes de détente, mon coeur avait repris un rythme un peu plus normal. Je me levai rapidement, puis me dirigeait vers un petit comptoir dans le fond de la pièce.

Je défie les bandes de tissus qui recouvraient mes paumes et mes poignets. Je tournai la paume de ma main gauche vers le ciel, et mon regard tomba sur ma marque. Ma mâchoire se serra violement. Je fermai les yeux et secouai la tête. Bon sang. Reviens-en, mec. Ça fait 15 ans.

Je pris une grande inspiration, puis rouvris les yeux, tout en retournant ma main. J'enfilai rapidement mes nouvelles bandes, voulant à tout prix retourner me défouler sur le sac de frappe.

Je me retournai d'un coup, mais m'arrêtai sur place, mon regard fixé sur le miroir. La glace projetait un reflet que j'avais encore de la difficulté à croire mien. Mon corps commençait à se sculpter. Ma peau très pâle semblait briller dans ce décor si sombre, comme la lune elle-même. Mes cheveux blonds, tirant vers le platine, habillait mon visage de leur halo doré. J'avais les joues rosies, et mes yeux sombres contrastait avec la pâleur de mon être entier. Mon torse dénudé se soulevait tranquillement au rythme de ma respiration.

J'observai mon reflet, celui d'un homme, sans aucun doute. Mais, au fond, j'avais toujours l'impression d'être un gamin, le petit garçon que j'étais jadis, comme un mirage, au plus profond de ma conscience. Une image qui ne voulait céder sa place, qui persistait, comme pour me rappeler ce que j'avais fait. Pour me rappeler quel genre de monstre j'étais réellement.

La dernière magicienne (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant