Chapitre 12

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J'étais dans le noir. Dans le noir le plus total, et je ne savais pas depuis combien de temps. Étrange. Je ne ressentais rien de spécial, je n'avais même pas l'impression d'être réellement là. C'était un peu comme dans un rêve, qui me semblait durer depuis l'éternité. Je me rappelais de tout ce qui m'était arrivé, mais pas de quand c'était. Je marchais derrière Evan, une terrible douleur ma prise de court, et je me suis effondré après quelques minutes d'agonie. Et puis, plus rien. J'avais atterri ici, dans cet endroit indéfini. Je ne savais même pas comment je me sentais actuellement. J'avais l'impression d'être vide, avec seulement la conscience d'être là, vivante ou non.

Soudain, alors que j'étais plongé dans mes réflexions, il me semblait recouvrer peu à peu mes sensations. Je pouvais désormais toucher mes bras, sentir mes jambes lourdes, et même mes paupières. Je les gardai fermer, appréciant, malgré mes émotions toujours inexistantes, ces retrouvailles avec mon enveloppe charnelle.

Je me roulai sur le côté. Je lâchai un soupir de soulagement. Je n'étais plus dans ce cauchemar réel, où se mélangeait horreur et agonie.

J'ouvris, puis clignai des yeux. Je ne voyais qu'une lumière presque aveuglante à l'horizon, mais elle était supportable. Je fus déstabilisé. Je me frottai les yeux, pour m'assurer que ma vision voyait juste. Je me redressai.

Tout était blanc. Il n'y avait que du blanc. Pas d'arbres, pas de végétation, pas de signe d'une quelconque civilisation. Juste, blanc.

Je tournai la tête, mais le décor était le même. Seule ma robe verte brillait dans ce paysage laiteux.

-Bon sang, où suis-je?

Je me levai précipitamment, sous l'emprise d'un léger sentiment d'angoisse. Je ne savais pas où j'avais atterri, mais cet endroit était carrément perturbant.

-Ohé! Il y a quelqu'un? criai-je.

J'entendis seulement l'écho de ma voix, s'éloigner jusqu'à disparaitre complètement, dans cette mer de couleur crème. Super.

Tout à coup, je me mis à penser. Suis-je morte? Non, un néant tel ne peut-être la mort. Mais peut-être que oui? Après tout, que connaissais-je de la mort?

Il fallait que je trouve quelqu'un. Peu importe où je me trouvais, il devait certainement y avoir une personne, ou même quelque chose, qui pourrait m'aider à y voir plus clair. Je me mis à marcher.

Mes pas ne firent aucun bruit, comme si je marchais dans quelque chose d'immatériel. Même que je n'avais pas vraiment l'impression de marcher, comme si mes jambes ne faisaient que gigoter sous mon corps. L'esprit plein de questions, je m'arrêtai, et me penchai pour toucher le sol. Je poussai un cri de surprise quand je me rendis compte qu'il n'y avait pas de sol. Je flottais.

Je couvris ma bouche avec ma main, sous l'effet de la stupéfaction. Je restai droite comme un piquet, de peur de tomber dans une chute interminable.

J'étais vraiment dans de beaux draps. Coincé ici, seule, sans aucune notion du temps. Personne ne pourrait venir me chercher, ça, c'était sûr.

Alors, voilà à quoi allait s'apparenter ma nouvelle vie? À errer ici, dans ce monde irréel et immatériel, où le temps n'est qu'un lointain souvenir?

Alors que je maudissais intérieurement mon sort, j'entendis résonner au loin l'éclat d'une voix, qui m'était familière, prononçant mon nom. Un élan d'espoir m'envahi. Je n'étais pas seule.

-Il y a quelqu'un? lançai-je.

Je tournai la tête dans tous les sens, scrutant les alentour. Soudain je vis une silhouette. Il y avait une personne qui se tenait à quelques dizaines de mètres plus loin. Un tremblement d'ahurissement me bouscula quand je reconnu la dame-fantôme, qui était venu me voir dans ma chambre, quelques jours plus tôt.

La dernière magicienne (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant