Chapitre 16

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Mon coeur cognait de plus en plus fort dans ma poitrine, au fur et à mesure que nous retracions le sentier de gravier à la marche, pour retourner à la salle du trône. Le vent semblait battre plus fort, et je sentais la faune s'agiter tout autour de nous. Evan marchait rapidement, en faisant de gigantesque pas, et je tentai tant bien que mal de suivre la cadence. Je le sentais tout aussi fébrile que moi. Fébrile de voir de mes propres yeux ladite pierre des légendes. Mais j'anticipais également la vue de mon porte-bonheur détruit en deux. Me redonnerait-on le boitier? Ou garderaient-ils le tout? La simple pensée d'abandonner à tout jamais mon souvenir biologique me rendait nauséeuse. Je tâchais donc de me concentrer sur le chemin.

À peine 2 minutes passèrent que nous fûmes arrivés à la porte donnant à la salle du trône. Mon coeur était sur le point de jaillir de ma poitrine, tellement l'angoisse me l'enserrait.Dans un geste purement impulsif et sans même jeter un regard à peine Evan, je posai un pied devant la porte, pour pouvoir entrer. Après tout, les portes s'ouvraient d'elles-mêmes ici, non? Autant essayer.

Je ne pus réprimer un sourire satisfait quand l'énorme morceau de bois s'ouvrit d'un bruit lourd devant moi. Sans un regard vers l'arrière, je m'engouffrai à l'intérieur du bâtiment.

Pour être honnête, je m'attendais à voir toute une cavalerie de soldats, gardes, membres de la famille royale, ou même des personnes surnaturelles importantes dans la hiérarchie du royaume. Pourtant, devant moi, il n'y avait que le roi, calé dans sa chaise, fixant un point sur le sol, l'air profondément embêté. À ses côtés se tenait Amarine, semblant elle aussi perdue dans ses pensées. Je me tournais vers Evan, me demandant s'il y avait un souci. Celui-ci haussa les épaules, ne sachant lui non plus ce que cela pouvait bien dire. Nous nous approchâmes rapidement du trône, en silence, souhaitant nous faire discret, pour ne pas déranger les réflexions du souverain. J'avais un mauvais pressentiment.

Le roi releva la tête, puis nous rendis un sourire qui se voulait encourageant. Evan fit son salut, et je le suivis, évitant de me ridiculiser comme la première fois.

-Vous revoilà, débuta Cìryon.

-Oui, mon roi, dit Evan. Alors, qu'elles sont les nouvelles? Avez-vous la pierre?

Cìryon pinça les lèvres, et ma gorge se serra une fois de plus, sous l'appréhension. Il se tourna dans son siège pour ramasser un objet. Quand il revint vers nous, je vis le même coussin bordeaux sur lequel j'avais déposé mon collier une heure plus tôt.

Le roi baissa le coussin, et je vis mon pendentif sur le dessus. Je relâchai l'air dans mes poumons en constatant que mon porte-bonheur était tel que je l'avais laissé. Il n'était pas scié en deux, ou même réduit en miette. Il était là, entier et intacte. Toute la tension sur mes épaules tomba d'un coup, et je ne pus réprimer un petit sourire de soulagement.

Amarine vint me rejoindre, et mon sourire s'évanoui subitement à sa vue. Ses yeux reflétaient de la déception, et beaucoup de désarroi. Elle semblait sur les nerfs, et cela n'augurait rien de bon.

-Comme vous pouvez voir, nous n'avons pas réussi à extraire la pierre du boitier.

J'entendis Evan respirer lourdement, et je vis du coin de l'oeil ses épaules s'affaisser. Les nouvelles lui déplaisaient, et je devais avouer que, malgré ma joie coupable d'avoir retrouvé mon collier indemne, j'étais tout de même déçu, et un peu tendu que le danger que représentait Abrahël rôdait toujours. Il voulait la pierre, coûte que coûte, et il me voulait, moi, pour une raison qui nous était encore inconnue.

-Pourquoi? m'entendis-je demander. Qu'est-ce qui vous empêche de retirer la pierre?

-Comparé à ce que nous pourrions croire, ce n'est pas la pierre elle-même, le problème. Nous avons occulté ton pendentif par tous les moyens possibles, et nous avons trouver quel était le problème.

La dernière magicienne (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant