Je me réveille lentement. J'ouvre doucement les yeux. Ma tête vacille légèrement, et mon corps semble lourd et engourdi. Il fait toujours aussi sombre, aussi froid, aussi ténébreux. Et j'ai toujours aussi peur. Chaque cellule de mon corps me supplie de quitter cet endroit.
Je tente de bouger mes mains et mes jambes, mais je me rends compte rapidement que je suis toujours attaché. Suspendue par les bras, mes menottes semblent trancher la peau de mes poignets. Elles sont lourdes et massives; elles sont faites d'un matériau qui sape mon énergie vitale, et m'empêche ainsi d'utiliser ma magie.
Je baisse ma lourde tête vers le bas et baisse mes yeux, qui me semblent être aussi lourds que des boules de billard. Je suis nue, couverte de boue et de sang. Mes pieds sont attachés et immobiles. Je ne me reconnais plus. Ma peau me tombe sur les os, et mon teint, jadis lumineux et clair, est maintenant blafard et terreux. Je suis recouverte d'ecchymoses, d'entailles et de griffures, et plusieurs de mes plaies sont infectées.
Je tente une nouvelle fois de bouger, mais une douleur fulgurante se propage dans tout mon corps. Je ravale un gémissement en fermant les yeux.
Une odeur suffocante et agressive de moisi m'irrite les sinus. Un violent éternuement me secoue, auquel succède un nouveau vertige. Les dents serrées, je résiste à une autre vague de nausée.
La terreur me frappe soudainement avec la violence d'une lame de fond.
Prise de désespoir, je pousse une plainte déchirante, mais je ne parviens à émettre qu'un croassement éraillé. Ma gorge est sèche comme de l'amadou, mes lèvres fendillées.
Je tends l'oreille. En vain. Aucun bruit ne me parvient. Pas de vent, pas de musique, pas de voix. Seulement le son de ma respiration faible et hachée m'entoure.
Je me force à décontracter les muscles de mes bras. Puis, je remue les doigts, les orteils et les pieds, contente que le sang irrigue toujours mes membres.
Je pousse un soupir et baisse la tête. Je me sens fatiguée, éteinte, comme une coquille vide. Plus aucune chaleur n'habite mon corps, et même mon âme. Je suis si faible que je me demande comment mon coeur trouve encore la force de battre. Je n'ai plus rien de la femme pleine de joie et de vie que j'étais avant. Je ne suis aujourd'hui qu'une masse infirme et frêle.
Soudain, je me fige, alertée par un craquement brusque. J'entends quelque chose. Une porte en fer s'ouvre lentement dans un bruit sec devant moi. Un mince rayon de lumière ainsi qu'un courant d'air froid chargé d'effluves de citron et de muguet pénètrent dans la pièce. Je perçois aussi l'amorce d'un hurlement, vite amorti lorsque la personne repousse prestement le battant, nous plongeant ainsi dans une noirceur sinistre.
D'où sort ce cri? Une nouvelle vague d'effroi me tord le ventre. Mon ancien compagnon de cellule.
En réprimant une grimace de douleur, je tourne précipitamment la tête sur les côtés, cherchant mon ami des yeux, sans le trouver. Ma gorge se sert. Il était là, à mes côtés, à peine quelques heures plutôt. À l'instant même, ces monstres sont probablement en train de le torturer. Je donne un coup sec dans mes bras, mais regrette hâtivement ce geste en sentant une douleur sourde parcourir mon corps. Je souffle un peu, puis lève la tête vers l'avant.
-Vous êtes réveillée.
Je me fige, sentant mon sang se glacer dans mes veines. Une colère foudroyante gronde en moi.
-Vous avez eu de la fièvre. Mais je vois que vous allez mieux maintenant.
Je ravale la boule qui se forme dans ma gorge.
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La dernière magicienne (En pause)
FantasyCélena, une jeune fille de 17 ans, mord dans la vie à pleines dents. Adoptée dès son plus jeune âge, l'adolescente mène une vie ordinaire jusqu'au jour où elle le rencontre. -Qui es-tu?, lui demande-t-il brusquement. -Je suis... Célena? renchérit-el...