Protocole Delta

Tom Raver

Dimanche 26 Juin

22h54

3256, Sherman Pound Street

St. Louis, Missouri

Will Shane avait garé sa voiture à quelques centaines de mètres du domicile de Tom Raver, dans une ruelle sombre et continué la route à pied. La police, aidée par la N.H.S., devait être au courant du vol et faire tout ce qu'ils pouvaient pour retrouver la trace du véhicule. Il ignorait de combien de temps il aurait besoin pour faire parler le marchand d'armes, si tant est qu'il parvienne à le trouver.

Le fond de l'air devenait de plus en plus frais au fur et à mesure que la chaleur de cette journée s'évanouissait dans la nuit. Le quartier était composé de petites maisons individuelles bien proprettes, avec un garage et une barrière qui devait donner accès à un jardin à l'arrière. Toutes étaient bien alignées, bien soignées avec la bannière étoilée flottant à l'entrée, l'archétype d'un lotissement américain aisé.

C'est ce cliché qui intrigua Will. Ce n'était pas l'endroit habituel pour trouver un trafiquant d'armes, mais il savait par expérience que de biens vilaines choses se cachaient parfois derrière les façades lustrées de cette classe américaine aisée. Il vérifia une nouvelle fois que l'arme qu'il portait était bien chargée et s'avança à découvert, comme un citoyen ordinaire, amateur de balades nocturnes. La maison de Tom Raver n'était plus très loin et il continua de marcher, l'air de rien, le long du trottoir.

Une seule pièce était éclairée, au rez-de-chaussée, et à travers la fenêtre, Will distinguait l'éclat bleuté d'une télévision allumée. Il hésita sur la façon de procéder pour entrer dans la maison. S'il allait sonner à la porte d'entrée, surtout à cette heure tardive, il éveillerait les soupçons de Raver, en particulier s'il avait quelque chose à se reprocher. Il devait donc trouver une autre façon de pénétrer dans la maison, de préférence par l'arrière pour éviter d'attirer l'attention des voisins.

Sur la gauche de l'habitation, une petite barrière peinte en blanc délimitait l'entrée d'un jardin que l'on imaginait s'étendre à l'arrière de la maison. Will s'approcha doucement, les sens en éveil, et, sans un bruit, tira le loquet pour disparaître dans l'allée. A l'ombre du mur, il faisait sombre, le reste des ténèbres étant illuminée par la lueur argentée de la pleine lune. Il avançait à pas mesurés, ne connaissant pas les éventuels systèmes de sécurité utilisés par Raver. Peut-être que le simple fait d'avoir ouvert la barrière avait déclenché une alarme silencieuse mais tout semblait calme à l'intérieur.

Dans le jardin, des jeux d'enfants étaient éparpillés un peu partout, ainsi qu'une balançoire flambant neuve et une piscine en plastique gonflable. Si Tom Raver avait une famille, cela lui rendrait la tâche difficile. Pas impossible, mais difficile. Il ne s'était fixé aucune limite pour obtenir les informations dont il avait besoin, mais interroger un homme devant les yeux de sa famille n'avait jamais fait partie du plan. Cela faisait deux ans qu'il n'était plus agent de terrain pour la N.H.S., et même si ses réflexes revenaient petit à petit, ils étaient encore engourdis par les mois d'alcoolisme qui avaient suivi la mort - la fausse mort, pardon - de Lucy.

Un coup d'œil dans l'angle lui apprit l'existence d'une porte qui donnait sur le jardin et Will décida qu'il entrerait par là. Il n'avait pas fait un pas dans le jardin qu'un aboiement puissant et sauvage le fit stopper. Dans un enclos grillagé au fond du jardin placé sous un arbre, il distingua avec difficulté un chien qui l'avait repéré et ne semblait pas vouloir se taire. La lumière s'alluma dans la maison et Will se colla contre le mur quand la porte de derrière s'ouvrit.