Protocole Delta

Nouvelle loi

Dimanche 26 Juin

22h52

Bureau du Gouverneur Holden

St. Louis, Missouri

Le Gouverneur Holden semblait avoir encore pris dix années supplémentaires dans chacun de ses gestes quand Terrence Valley le rejoignit dans son bureau, sitôt revenu de la N.H.S..

Il se leva péniblement de son siège pour regarder par la grande fenêtre, les bras croisés dans le dos.

- Deux attentats, Terrence. Deux attentats dans la même journée.

Terrence Valley ne répondit rien. Il savait quand il devait se taire.

- Et par un ennemi de l'intérieur en plus. Des Américains tuant d'autres Américains. Comme si nous n'avions pas déjà fort à faire avec Al-Qaeda et les trois milliards d'autres personnes qui veulent nous décimer, annihiler notre façon de vivre. Deux cents personnes sont mortes aujourd'hui parce que nous représentons l'Etat fédéral. Un Etat qui devrait les protéger et qui pourtant n'y arrive pas. Nous, les membres de cet Etat fédéral, sommes devenus trop faibles, nous ne sommes plus capables de nous défendre et de répliquer à ces attaques. Tout passe désormais par les organismes d'Etat, le FBI, la NSA, la CIA. Mais où étaient-elles aujourd'hui ? Nous ont-elles prévenues à temps, nous ont-elles protégées comme c'était pourtant leur devoir ?

- Non, monsieur le Gouverneur, répondit Terrence qui savait pourtant qu'Holden ne se préoccupait pas de ce qu'il pensait pour l'instant.

- Exactement. C'est pourquoi il faut que cela change. Nous devrions être en charge de notre propre défense, de notre propre attaque contre les menaces intérieures.

- Que comptez-vous faire ?

- Il faut que cela change. Je compte déposer un projet de loi allant dans ce sens et j'entends bien qu'à la lumière des événements d'aujourd'hui, le Congrès et le Sénat soient attentifs à mes demandes.

- Vous comptez accroître les pouvoirs des Etats en matière de sécurité intérieure ?

Holden hocha la tête, toujours posté devant la fenêtre.

- Il y aura des réticences du côté de la Maison Blanche, nota Terrence Valley. La dévolution n'a jamais été l'une des composantes de sa politique.

- Mais le Président est comme tout dirigeant élu démocratiquement. Surtout à l'approche des élections. Un soutien populaire à notre projet de loi le fera reculer.

- Vous semblez avoir déjà réfléchi à la question, Gouverneur.

- C'est exact. Depuis ce midi, je ne pense qu'à ça. On m'a élu pour protéger mes concitoyens et c'est bien ce que je compte faire, Terrence. Même si le Président et la Maison Blanche ne sont pas d'accord. Même si cela doit être mon baroud d'honneur politique. Parce que ce ne sont pas eux qui devront présenter leurs condoléances aux familles des victimes en leur expliquant que les instigateurs des attentats sont des Américains comme vous et moi, des personnes que nous n'avons pas la capacité technique et juridique de surveiller, tout préoccupés que nous sommes par le Moyen-Orient. Je me rends bien compte que ce projet de loi sera sûrement la dernière chose que je ferai de mon mandat, mais si cela nous permet à l'avenir d'éviter ce genre d'atrocités, je le ferai sans regrets.

- Bien, Gouverneur. Je retourne à la N.H.S. maintenant pour interroger Lucy Shane dès qu'elle en sera capable. Nous devons être certains que ces deux attentats étaient les seuls prévus par le Sang des Patriotes et où se trouve son ex-mari.

- Bonne idée. Travaillez avec John Zahn sur ce coup-là. Je ne veux pas d'embrouilles inter agences cette fois-ci, vous m'avez bien compris ?

- D'accord, répondit Terrence Valley avec un poids dans l'estomac.

Ce ne serait pas une chose aisée maintenant que Zahn savait pour le Protocole Delta de Lucy Shane. Il ferait tout pour l'empêcher de travailler sur l'interrogatoire et Valley ne pouvait se plaindre à personne, et surtout pas au Gouverneur Holden, sans révéler son rôle, bien qu'indirect, dans les évènements de la journée. Il ne se sentait pas responsable des attentats à proprement parler, mais le fait d'avoir perdu le contact avec Lucy Shane il y a six mois en faisait un responsable indirect, au moins pour le Gouverneur Holden qui haïssait l'incompétence.

Au fur et à mesure que le temps passait, il sentait que ce passé qu'il tentait de rectifier le rattraperait bientôt.