Chapitre 21

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Juvia longeait les murs, à l'affut de chaque bruit, de chaque mouvement. Des pas se faisaient entendre à l'étage, des discussions résonnaient à travers certaines portes. Le temps pressait. Elle devait faire vite, sans faire de bruit. Léon pouvait se réveiller à tout moment, alerter les autres d'un claquement de doigts. Mais la peur la faisait trembler, et le fil qui serrait son coeur la destabilisait.

Les murs étaient couverts de vieux papiers peints, ornés de tableaux aux cadres dorés. Le plafond était haut, parfois décoré de moulures. Tout était très luxueux, accueillant, tout le contraire d'une prison. Et pourtant, Juvia croyait être en enfer.
Elle descendit les étages, suivant le fil rouge toujours tendu. Les occupants de ce château étaient désertiques, ou sûrement peux nombreux, et la jeune femme réussit à les éviter. Dès qu'elle entendait quelqu'un arriver, elle se cachait dans une des diverses pièces qui restaient ouvertes. Puis, quand elle n'entendait plus aucun bruit, elle continuait d'avancer dans ce labyrinthe.

Un escalier derrière une porte en bois la mena dans un sous-sol, beaucoup moins luxueux que le reste de la maison. Les murs étaient gris, la température plus froide, mais elle se rapprochait de Grey, elle le sentait. Cependant, cette fois-ci, les accès étaient limités. Il n'y avait qu'un chemin à suivre, sans intersection qui l'a menait vers d'autres longs couloirs. Cependant, toutes les portes étaient en métal et risquaient donc de la faire repérer dès leur ouverture. Ses pas résonnaient, et elle marcha plus doucement lorsqu'elle entendit quelqu'un dans sa direction.
Instinctivement, elle recula. Son dos se plaqua contre le mur, sa respiration se coupa. Les pas se rapprochèrent, il n'y avait qu'une personne. Elle serra l'arme entre ses mains, ferma les yeux un instant pour se concentrer. Il arrivait, il était bientôt à sa hauteur, encore quelques pas...

- Hé!

Une voix grave résonna avant que l'arme heurt sa tête. Juvia l'avait frapper à la tempe aussi fort qu'elle le pouvait, mais pas assez rapidement pour garder le silence. Son corps tomba lourdement sur le sol dans un bruit assourdissant. Il était trop tard, elle allait être découverte, il fallait faire vite. Ses jambes se mirent à courir dans les longs couloirs, s'arrêtant seulement aux tournants pour vérifier qu'elle était seule. Son coeur se fit plus léger au fur et à mesure qu'elle avançait, qu'elle se rapprochait du ténébreux. Et enfin, le fil s'engoufrait dans une porte.

Son pas ralentit, sa respiration se calma alors qu'elle s'avança plus près. Grey était derrière, elle le sentait. L'oreille contre le métal froid, aucun bruit ne se faisait entendre, semblable au calme qui était revenue dans les grands couloirs. Sa main frôla la poignée, appuya doucement. La porte s'entre-ouvrit dans un grincement qui résonna dans tout le sous-sol. Elle continua dans sa lancée, parcourant du regard la pièce qui s'ouvrait à elle. Puis elle l'apperçu, assis sur une chaise, à peine reconnaissable. Grey. Des cordes reliaient ses poignets et ses jambes, sa voix était étouffée par un bandeau sur sa bouche. Mais la bleutée se sentait revivre, la douleur du fil avait disparue brutalement. La peau du jeune homme était couverte d'hématomes, des plaies ouvertes saignaient encore, mais il avait eu encore la force de se tourner vers elle, de se débattre en la voyant.

- Grey!

Mais un cliquetis métallique sur sa droite la fit sursauter. Et Juvia compris pourquoi Grey s'agitait autant. Une arme était pointée devant elle, tenue par une femme à la peau mate, aux cheveux clairs.

- Braiya...

Elle n'en croyait pas ses yeux. Braiya. Sa camarade de classe qui l'a rejoignait à la bibliothèque au moins une fois par semaine, la menaçait. Celle qui voulait sans cesse être collé à Grey, toujours très curieuse, était son ennemie.
Dans un instinct de défense, Juvia pointa à son tour son arme face à la jeune femme, sous les cris étouffés de Grey qui essayait de se libérer.
La tension dans leur regard augmentait alors qu'elles restèrent figée l'une en face de l'autre, en silence. Les mains de la bleutée devinrent moites, et son coeur s'accélèra alors que Braiya posa une main sur le talkie-walkie accroché à sa veste.

Le Fil RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant