Chapitre 23

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Les escaliers en pierre les menèrent jusqu'aux longs couloirs de l'étage. Leur coeur tapait vivement dans leur poitrine, encore sous l'adrénaline de leur fuite. Au loin, ils entendaient un faible écho. Des bruits et des voix qu'ils n'arrivaient pas distinctement à entendre. Tout était bien plus sombre que tout à l'heure.

- Ils ont couvert toutes les fenêtres, est-ce que c'est pour nous ?

- Non... Il y a quelque chose qui cloche. Les pièces sont retournées, c'est pas normal.

Grey observait les horizons avec attention alors qu'ils avançaient avec minutie entre les murs tapissés.

- Faut qu'on trouve un endroit où se planquer. Déclara t'il.

Devant eux, une grande pièce semblait desservir le long couloir. Mais Grey continua, entamant la seconde allée décorée de tableaux. Il y avait une pièce bien plus grande au fond, qui les rapprochait de la sortie et qui pouvait leur offrir un passage vers l'extérieur. Mais avant d'avoir pu l'atteindre, le cliquetis d'une arme se fit entendre derrière leur dos.

- Léon, arrête ça ! Cria Juvia.

En quelques secondes, il était apparu derrière eux, dans la pièce qu'ils venaient de traverser. L'homme aux cheveux d'argent était hors de lui, le visage rouge de colère. Une veine pulsait sur son front, sa mâchoire se serra. Son arme était pointé devant lui, prêt à tirer. Juvia leva doucement ses mains, comme pour l'assurer qu'il n'avait rien à craindre. Doucement, elle fit quelques pas en avant, le suppliant du regard.

- Léon, s'il te plaît...

- Toi... Si tu crois que je vais hésiter à tirer après ce que tu m'as fait !

Grey sortit son arme à son tour, mais avec la bleue devant lui, il lui était impossible de viser son frère.

- Juvia, écarte-toi !

Mais la jeune femme ne bougea pas, interdisant Grey de se poser devant elle. Bon sang... Comment pouvait-il faire ? Son autre main tâtonna sa veste et ses poches. Il avait une bombe fumigène qu'il avait volé à un des hommes armés, et heureusement, elle était toujours là. Il pouvait s'en servir, mais avec Juvia devant lui et Léon prêt à tirer à tout moment, il risquait d'empirer la situation.

- Pourquoi te mettre contre nous ?! Grey est ton frère ! S'exclama la bleutée.

- Il nous a laissé ! Il s'est enfui avec tout ce qu'on avait, on doit une rançon qu'on ne peut plus rendre, tout ça par sa faute !

Le brun serra le fumigène dans sa main. Il ne supportait plus ces accusations et ces reproches que son frère dénonçait.

- Cet argent n'était pas à vous, et je n'appelle pas ça une famille ! Répliqua t-il. Voler et tuer, c'était pas la vie que je voulais !

Un sourire méprisable apparu sur les lèvres de Léon.

- C'est sûr que traîner comme un misérable dans les rues te ressemble mieux !

- Si vous m'auriez laisser quitter cet endroit je me serais barré sans ennuis. J'avais la haine ! Je voulais me venger de tout ce que vous m'avez fait, mais je pensais pas qu'on en arriverait là !

- Arrêtez !

D'un mouvement de bras, Juvia calma les deux hommes qui bouillonnaient de colère. Après quelques secondes, elle prit à nouveau la parole d'une voix très douce, comme si elle parlait à un enfant qu'elle ne voulait pas brusquer.

- Léon... L'argent a été utilisé, on ne l'a plus. On veut juste sortir d'ici, et si ces gens en ont après toi, tu peux t'enfuir aussi ! Repartir à zéro, oublier cette vie...

Il secoua la tête furtivement, comme pour se persuader du contraire. Sa mâchoire était serrée, ses yeux brûlaient de fureur. Il ne voulait rien entendre, baricadé dans sa colère.

- Non... Ce que je veux oublier, c'est vous !

Un coup de feu les fit sursauter. Non, Léon n'avait pas tirer, cela venait du hall, juste derrière les deux fugitifs. Ils détournèrent leur attention, ce fut le bon moment. Sous l'effet de surprise, Grey lança la bombe fumigène, et un épiais brouillard les entourèrent. Ils entendaient au loin des hommes rentrer dans la pièce voisine, là où le coup de feu avait été tiré. Il fallait partir. Le brun attrapa Juvia par le poignet, qui étouffait sa toux dans le creux de son bras. Ils traversèrent l'épaisse fumée pour retourner sur leurs pas. Il y avait une porte cachée dans cette pièce, Grey l'avait vu quand il était entré. Ils passèrent devant Léon qui poussait des jurons et toussait à cause de la fumée.

Grey tâta le mur hâtivement en se repérant avec les grands meubles en bois. La porte devait être tout près, juste à côté de la commode. Ses doigts passèrent sur la tapisserie jusqu'à toucher une fine ligne creuse. Le passage s'ouvrit sans bruit, alors que la fumée commençait à se dissiper. Juvia rentra la première et Grey ferma la porte derrière lui, alors que des bruits se faisaient plus fort de l'autre côté.

Ce passage qu'il empruntait souvent quand il était petit menait directement à la grande pièce d'en face. Le brun avait l'habitude de s'y cacher pour échapper à son père quand il le cherchait étant enfant. C'était un endroit très étroit, qui ne laissait passer aucune lumière. On pouvait y entrer seulement en baissant bien la tête, et la porte était complètement camouflée dans la tapisserie. Ici, personne n'allait les trouver, il en était certain.

- Grey qu'est-ce qu-

Il posa sa main sur la bouche de la jeune femme, arrêtant ses mots. Il fallait rester le plus discret possible et attendre que la pièce d'en face soit libre pour pouvoir y pénétrer. Mais pour le moment, une voix grave y tonnait. Grey s'assit en face de l'autre accès, son regard collé dans la fente de la porte. Un homme, suivi par plusieurs autres armés, réclamait son dû. A voir l'impact de la balle sur le plafond, il n'avait pas trouvé d'accord avec le père des Fullbuster, qui se tenait face à lui.

- Où est cet argent?! Où est l'homme qui l'a volé?! Cria t'il de nouveau.

Léon entra à son tour dans la pièce, les poings serrés et le visage rouge de fureur.

- Ils étaient là, sous mes yeux! Ils sont là, pas loin ! Il faut refouiller toutes les pièces, les chambres, chaque endroit. Je viens de les perdre de vue mais on les aura retrouvés en un rien de temps.

Le visage de l'homme s'assombrit sous les paroles du jeune Fullbuster.

- Léon... Si ils étaient sous vos yeux comme vous dites, pourquoi ne sont-ils pas avec vous?!

Sa voix avait raisonnée entre les murs, comme un coup de tonnerre. Cet homme les faisait presque trembler de sa présence. Un lourd silence répondit alors qu'il rechargea son arme, comme pour s'occuper les mains.

- Vous aviez jusqu'à aujourd'hui, je veux mon argent maintenant.

Sylver avança d'un pas. Lui qui était d'habitude sûr de lui, impassible, avait le visage pâle, les mains tremblantes. Il avait perdu le contrôle de ses affaires, et sa puissance s'écroulait à présent face à lui.

- Attendez. Laissez nous une semaine.

- Je vous en ai déjà laisser deux. Et malheureusement, le résultat et le même.

Il commença a marcher dans la pièce, son arme toujours à la main.

- Voyez-vous... Je suis quelqu'un de très généreux. Je vous aide, je vous fais confiance, et vous trahissez ma confiance. Vous m'avez fait perdre non seulement mon temps, mais aussi mon argent, Fullbuster. Vos vies sont minérales, je ne vois donc plus en quoi vous m'êtes utiles. En clair, je n'ai plus besoin de vous. Vous ne m'avez pas donné ce que je desirais, alors je désire à présent vous voir disparaître.

- Att- !

On entendit deux coups de feus. Deux bruit secs, assourdissants. Les détonations résonnèrent dans toute la demeure. Le sol semblait s'effondrer sous leurs pieds alors qu'ils retenaient leur respiration. Le pire, qu'ils pensaient pourtant avoir évité, s'abattait tout près d'eux.

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Le Fil RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant