VIII- Songe d'une nuit de printemps

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L'enfer est pavé de bonnes intentions. Qui a inventé cette expression déjà ? Diana n'y a jamais cru en tout cas. Elle a vu et vécu des choses qui lui prouvent bien que l'enfer ne fait pas de cadeaux. Il va même parfois jusqu'à construire des enfers personnels, spécialement créés pour certaines personnes. Même si à première vue leur vie semble parfaitement rose, ils ne peuvent pas y échapper. Personne ne peut.

*

Les répercussions de la soirée organisée à la galerie ont été plus que bonnes. Le lendemain, tout New-York ne parlait que de ça et les affaires continuent d'être florissantes. Avril pointe enfin le bout de son nez et le froid laisse petit à petit place à des températures plus douces et agréables. Central Park reprend des couleurs alors que le printemps emplit l'air de la ville et ramène le sourire de ses habitants. Diana est sans cesse plongée dans le travail, oubliant parfois qu'il y a quelques semaines, sa vie a presque failli basculer.

Un soir, alors qu'elle s'apprête à quitter la galerie, elle s'aperçoit qu'elle n'est pas la dernière à être restée tard. Elle rejoint le bureau d'Alan situé juste à côté du sien où la lumière illumine encore la pièce. Elle frappe deux coups rapides à la porte avant d'entrer.

- Alan, que faites-vous encore ici ?

Celui-ci penaud, lui lance un sourire timide avant de se frotter les yeux derrière ses lunettes.

- J'ai encore quelques contrats à finir, Mademoiselle Greyson. Je ne voudrais pas qu'on prenne du retard.

Diana hoche la tête et jette un œil à la pièce. Lui qui est d'habitude plutôt organisé, a sa table de bureau encombrée de centaines de feuilles empilées comportant des étiquettes jaunes ou roses où des noms sont notés d'une écriture fine et soignée.

- Bon très bien mais ne restez pas tard. Vous avez la journée de demain pour vous remettre au travail et si vous continuez à suivre mon exemple, vous n'aurez bientôt plus de vie du tout.

Même si Diana a dit cela sur le ton de la plaisanterie, cela n'en est pas moins vrai. Mais dans son cas c'est différent. Sa vie de peut ressembler à autre chose qu'à celle-ci si elle veut conserver un minimum de sécurité.

- Comptez sur moi Mademoiselle Greyson. À demain.

Le laissant seul, la jeune femme sort du bâtiment et décide de marcher jusqu'à son appartement. Prendre l'air fait vraiment du bien, surtout quand on reste enfermé plusieurs heures par jour. Sur son chemin, Diana a la chance d'avoir un magnifique couché de soleil pour l'accompagner. Elle passe devant un marchand de hot-dog et s'arrête pour lui acheter un. Elle meurt de faim et n'a pas envie d'attendre d'être rentrée.

Lorsque le marchand lui tend le hot-dog, elle voit une infime lueur passer dans son regard caché derrière sa casquette rouge mais n'y fait pas vraiment attention sur le moment. Elle met ça sur le compte de la fatigue lorsqu'il lui sourit gentiment en lui souhaitant bonsoir. Elle continue son chemin tout en mangeant et en songeant à ce qu'elle a réussi à accomplir jusqu'ici. C'est l'aboutissement d'une longue vie de labeur, remplie d'embûches et d'obscurité. Oui, sa vie est une route sombre, où sont cachés des monstres prêts à tout pour la détruire. Cependant, elle se rappelle d'un temps où elle n'était pas si différente d'eux...

Ce chapitre de son existence est celui dont elle a le plus honte. Rien que d'y repenser, son estomac se bloque et elle n'a déjà plus faim. Elle rentre chez elle, l'appartement toujours aussi vide et triste qu'à son habitude. Lorsqu'elle est dans cet état là, Diana a dû mal à en sortir. Tous les mauvais démons et les noirs sentiments qui nourrissent son âme mutilée refont surface, telle une vague venant tout ravager sans prévenir.

Diana - La traque a commencéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant