Chapitre 1.1

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{Got it in you-Banners}

Avoir dix-huit ans c'est...étrange. Dans un sens on se sent nouveau, changé et grand mais dans mon cas, celui de June Reed, stupide et incontrôlable aux yeux de ses parents, j'ai juste l'impression de n'avoir rien vécu qui en valait la peine.

Après ma mort, rien ne persistera et ce n'est peut-être pas plus mal. C'est officiel, mes parents pensent que je suis folle. Depuis ce jour-là, ma mère ne m'a plus jamais regardée en face.

Mon père hoche parfois la tête lorsque je m'adresse à lui mais il a maintenant honte de parler à sa propre fille. C'est facile pour eux, ils ont une fille de rechange, ma soeur, April Reed : elle a deux ans de plus que mois et récolte plus d'estime auprès de mes parents que je ne pourrai jamais espérer en recevoir. Elle est fiancée à un riche comptable, poursuit ses études en droit et n'est pas folle comme moi.

-June?... June tu es prête, si tu veux que je t'emmène ma chérie alors on doit partir maintenant, j'ai mis ta valise dans la voiture.

-J'arrive dans une minute!

Ma tante Suzie : une des dernières personnes au courant de mon histoire, et qui ne me méprise pas ou ne s'apitoie pas sur mon sort dès qu'elle me voit. Ce jour-là, quand c'est arrivé ou plutôt quand je m'en suis vraiment rendu compte, quelques jours plus tard, j'ai tout de suite décidé de quitter Cleveland pour m'installer à Olympia.

Mon père était très haut placé, il ne pouvait donc plus supporter d'avoir une ordure, ou un boulet, j'aime bien aussi "boulet", accroché à sa chaussure (sa fille pour ceux qui n'auraient pas compris). Il fallait que je le sauve et moi aussi par la même occasion.

Je pense que ce déménagement arrangeait tout le monde. Changer d'état veut dire beaucoup pour moi : je veux recommencer, je repars à zéro, c'est une nouvelle naissance. Oui, AUJOURD'HUI NAÎT UNE NOUVELLE JUNE.

-June je t'en prie on doit y aller, qu'est ce que tu fais...?

Je ferme mon dernier sac, je n'oublie surtout pas mon carnet et ma musique, jamais nulle part sans elle, ça pourrait toujours être utile. Je m'installe aujourd'hui dans les résidences de l'université d'Olympia, ce qui veut dire de nouveaux amis, une coloc', pas de petit ami ça c'est sûr, je trouve ça tellement inutile et prétentieux et nul et merde... pas pour moi simplement.

Je regarde une dernière fois ma chambre, celle que j'ai empruntée à ma tante pendant deux semaines pour pleurer, regarder des films et manger, ce genre d'activités typiques d'une ado de dix-huit ans dans mon état. Je ferme la porte, me retourne, soupire un bon coup pour laisser échapper mes nombreux doutes et me lance vers les escaliers le coeur lourd.

J'ai peur, je suis terrifiée. Je descends une à une les marches, observe encore ces murs crèmes assortis aux coussins du canapé qui me rappellent que ma tante a vraiment bon goût. Je l'aperçois par la fenêtre, elle m'attend depuis longtemps déjà, mais elle sourit, elle sourit tous les jours.

Enfin je finis par m'élancer dehors, je tourne la clé dans la serrure et m'éloigne à grands pas de la maison. Je balance mon sac sur la banquette arrière en entrant dans l'Audi A5 de ma tante. Je déteste cette odeur de citronnelle qui m'a toujours rendue malade en voiture petite, mais je ne lui dis pas, elle a déjà fait beaucoup pour moi.

-Alors, prête pour l'université ma chérie?

-Je crois oui (je sais que non), on peut y aller maintenant.

Elle passe le reste du trajet qui dure une vingtaine de minutes à me raconter ses années d'universités. Ses nombreuses histoires assez hilarantes parfois, je ne parlerai pas de celle avec la piscine, le sandwich et le chien qui me fait mourir de rire à chaque fois que je l'entends.

Enfin on arrive devant l'entrée, la grande porte qui marque le début et la fin de beaucoup d'éléments et de parties de ma vie. Je descends de la voiture, les yeux de ma tante deviennent vitreux. Il n'y a que trente minutes de trajet entre sa maison et ici donc je rentrerai certains week-ends.

-Bon, je vais y aller (elle me serre dans ses bras après avoir refermé la porte de sa voiture) tu me fous la honte là Suzie, j'ai dix-huit ans et je rentre juste à l'université.

Elle me tend mon sac puis sort ma valise du coffre. Je vérifie encore une dernière que j'ai bien tout pris. Une grande aventure démarre aujourd'hui pour moi et j'espère sincèrement être prête. Mais qui pourrait vraiment l'être?

-Je sais que tu es grande mais je t'ai connue tellement petite et te voir quitter la maison comme ça pour partir à l'université me fait un choc et me donne un certain coup de vieux...

-C'est donc ça!Je vais vraiment y aller cette fois-ci, je rentrerai dans quelques semaines pour le week-end.

Nous rigolons toutes les deux, je l'aime tellement et je me demande si parfois elle ne serait pas vraiment ma mère au vue de son comportement avec moi.

-Je t'aime June.

-Je t'aime aussi Suzie.

Enfin je m'éloigne, un pincement au coeur, j'étais tellement apaisée avec elle mais je dois me reconcentrer et montrer à mes parents que je peux réussir ma vie bien mieux quand ils ne la contrôlent pas.

Les bâtiments se ressemblent tous, on m'a donné un plan pour me repérer mais je tourne en rond depuis dix minutes pour trouver celui des chambres. Je bifurque dans plusieurs allées, tout le monde est surexcité, moi je suis plutôt perdue.

Soudain je rentre dans un mur qui me fait reculer de quelques pas, mais ce mur est chaud, il me regarde avec ses puissants yeux verts en tentant de me rattraper.

Rien à faire, je finis par terre et le rouge me monte aux joues, un mélange de honte et de colère qui grandit. De là où je suis, j'ai une vue assez élargie sur sa tenue plutôt simple, un haut noir, un jean délavé et un sourire mesquin.

-Est-ce que ca va?

J'entends à peine sa voix grave, il me tend une main pour m'aider à me relever.

-Oui merci, enfin...je suis désolée je t'avais pas vu, je cherche depuis des heures en tournant en rond la résidence numéro six, et je n'ai pas fait attention.

Il me relève, son sourire hautain se redessine sur le coin de sa lèvre que, sans le vouloir, je fixe avec attention maintenant, ce qu'il remarque. Super, il se moque de moi.

Comment se faire des amis en quelques minutes à peine avec June Reed. Tout le monde devrait suivre mes conseils. En lâchant sa main je récupère mon sac par terre, reprends ma valise à la main et le contourne sans lui adresser un regard.

Ce genre de personne me dégoûte, mais j'ai appris à les éviter et à me moquer de leur bêtise intérieurement, ce qui tend à me réconforter. Je m'éloigne de plus en plus quand une voix inattendue m'atteint.

Don't look at my past [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant